Après avoir montré, dans les versets qui précèdent, que le péché, contracté par le premier homme, touche toute l’humanité sans exception, l’apôtre va en développer les conséquences. Mais il ne le fait pas sans introduire d’abord ce qui est bien meilleur.
On peut être surpris qu’après avoir mentionné la transgression d’Adam, Paul ajoute aussitôt : “qui est la figure de celui qui devait venir”. Ce n’est pas dans sa conduite qu’Adam préfigure Christ, bien au contraire : il est celui par qui le péché est entré dans le monde, alors que Christ “ôte le péché du monde” Jean 1. 29. Mais en tant que chef de l’espèce humaine dans la première création, Adam préfigure Christ qui est venu dans le monde, “le second homme” 1 Corinthiens 15. 47, pour être le chef de la nouvelle création.
L’analogie s’arrête là pour faire place au contraste. Adam engendra des fils après sa chute et leur a transmis le péché. Après sa parfaite victoire, Christ ressuscité a communiqué sa vie à ceux qui sont devenus “une nouvelle création” 2 Corinthiens 5. 17.
L’apôtre ne parle pas ici de la conduite de tout homme individuellement, mais de la condition qui découle pour un ensemble de personnes de l’action du chef de file à qui ils sont liés. Chacune des phrases des versets 15 à 19 établit un parallèle entre ces liens et fait ressortir le contraste entre les conséquences néfastes du péché et les bénédictions de la grâce :
Après avoir développé, dans la parenthèse des versets 13 à 17, les conséquences qui découlent d’Adam et de Christ pour leurs familles respectives, l’apôtre va maintenant montrer toute la supériorité de la grâce de Dieu en Christ.
Si la faute d’un seul homme a eu de si terribles conséquences sur toute l’humanité – et sur la création tout entière (8. 21, 22) – il convenait pour Dieu de faire triompher sa grâce. Par la seule désobéissance d’Adam au jardin d’Éden, tous les hommes sont sous la menace de la condamnation éternelle. Mais Dieu ne veut pas la mort du pécheur, car c’est un Dieu sauveur. Par un seul acte de justice accompli (l’œuvre de Christ à la croix), la possibilité d’être justifiés est offerte à tous les hommes.
Les conséquences de l’acte d’un seul sont “envers tous”. Pour le péché d’Adam, elles s’étendent effectivement à tous les hommes, car ils sont liés à lui par la naissance naturelle. La justice de Christ est offerte à tous, mais tous les hommes accepteront-ils cette offre ? Pour y avoir part, il faut être lié à Christ1 : “Car, comme par la désobéissance d’un seul homme, plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes”. Le terme “plusieurs” désigne ici l’ensemble de ceux qui sont en relation avec Adam ou Christ. Ceux qui croient le message de la grâce reçoivent la “justification de vie”. Notons ici cette expression remarquable qui réunit ces deux côtés de l’œuvre de Christ pour nous : la justification et la communication de la vie2. Non seulement nos péchés sont ôtés, mais nous avons reçu une vie nouvelle, divine et juste dans sa nature.
L’humanité, comme l’apôtre vient de le montrer, est divisée en deux familles dont le sort dépend de leurs chefs : Adam, pour la mort et Christ, pour la vie. À quoi servait-il donc de donner la loi au peuple juif ? L’homme religieux pourrait peut-être penser qu’en respectant cette loi, il peut échapper au sort de la famille d’Adam en devenant juste devant Dieu. Il en est tout autrement. Le péché, qui est entré dans le monde avant la loi, a montré son véritable caractère d’opposition et d’offense à Dieu par des “fautes” nombreuses, en désobéissance aux divins commandements, dès qu’ils ont été donnésGalates 3. 19. Mais “là où le péché abondait, la grâce a surabondé” ; Dieu a répondu d’une façon admirable au défi du péché. Le triomphe de la grâce surpasse en bénédictions toutes les terribles conséquences du péché :
Alors que le péché domine toute la création et marque son pouvoir par la mort, la grâce règne par le moyen de la justice. Ce n’est pas la justice qui règne aujourd’hui. Elle le fera au jour du jugement. Malheur alors à tous ceux qui auront négligé ou méprisé la grâce de Dieu. Le temps de la grâce aura alors pris fin et Dieu maintiendra sa justice en jugeant les pécheurs.
Le règne souverain de la grâce en Christ a commencé à la croix, où il a donné sa mesure, en triomphant de tout ce qui s’opposait : le mondeJean 16. 33, le péchéHébreux 9. 26, la mort2 Timothée 1. 10, SatanHébreux 2. 14, les autoritésColossiens 2. 15. Il se poursuit maintenant :
Quel triomphe que celui de la grâce de Dieu en Christ qui s’est élevée au-dessus de l’abondance du péché, non seulement pour arracher des hommes à sa puissance, mais pour les associer à Celui qui vit éternellement !