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Épître aux Romains
Sondez les Écritures - 1re année

Romains 14. 1-9

La liberté chrétienne

1. La liberté individuelle du croyant

L’apôtre présente maintenant l’esprit qui doit animer les croyants dans leur vie personnelle et dans leurs rapports mutuels. Le sujet de la liberté chrétienne, traité jusqu’au début du chapitre 15 (14. 1 à 15. 7), met en lumière trois vérités importantes :

  • la liberté individuelle du chrétien,
  • la responsabilité de chaque croyant envers Dieu,
  • la communion fraternelle des uns avec les autres.

La vie pratique dans l’assemblée à Rome : versets 1-4

L’assemblée locale à Rome rencontrait des problèmes particuliers, à cause des origines diverses des croyants qui la composaient. Pour la plupart, issus des nations idolâtres, le changement de position introduit par le christianisme était complet ; abandonnant leur ancienne manière de vivre, ils connaissaient sans réserve la liberté chrétienne. Les autres étaient sortis du judaïsme ; comme Paul, ils avaient autrefois observé les ordonnances de la loi de Moïse : ainsi plusieurs d’entre eux mettaient-ils à part certains joursGalates 4. 10 et s’abstenaient de certains aliments, ne mangeant par exemple que des légumes (verset 2). Malgré leur origine privilégiée – le peuple de Dieu sur la terre – l’apôtre les appelle “les faibles”, c’est-à-dire faibles en foi1. Racheté par le sang de Christ, chacun d’eux était “celui pour lequel Christ est mort” (verset 15) 1 Corinthiens 8. 11. Ils aimaient leur Sauveur, mort pour eux, mais ne réalisaient pas encore moralement leur position en Christ ; celle d’être morts avec Christ aux éléments du mondeColossiens 2. 20.

Fallait-il rejeter ou repousser de tels croyants ? Au contraire, il convenait de les recevoir (verset 1 ; 15. 7), dans toute la simplicité de la grâce, sans les mépriser, mais en évitant d’entrer en discussion avec eux sur des points difficiles. Faibles en foi, ils n’avaient pas une marche répréhensible ; au contraire, ils manifestaient une délicatesse de conscience exagérée. Il leur était difficile d’abandonner des règles anciennes qui, autrefois ordonnées de Dieu, n’avaient plus maintenant leur place dans la vie de liberté du chrétien. Réciproquement, ces croyants trop scrupuleux devaient s’abstenir de jugements hâtifs à l’égard de leurs frères, comme aussi de donner leur avis sur des questions difficiles où l’intelligence spirituelle était nécessaire.

En définitive, le faible ne devait pas juger le fort, ni se glorifier de ses actes légaux. À l’inverse, le fort ne devait pas mépriser le faible en oubliant qu’ils étaient ensemble objets de la grâce de Dieu. Il ne s’agit pas ici de tolérer le péché dans son frère, conduite que la Parole condamneLévitique 19. 17. Mais l’amour produit le support mutuel qui respecte la conscience de ses frères.

Chacun est responsable pour soi-même devant le Seigneur (verset 4). Nous sommes tous individuellement esclaves de Christ, et comme tels, avons à lui rendre compte personnellement de notre conduite. D’autres enseignements de l’apôtre présentent le côté collectif de la vie des croyants, comme membres du corps de Christ. Sous ce point de vue, la conduite de chaque membre influe sur la vie du corps.

L’exemple des jours et de la nourriture : versets 5, 6

L’apôtre reprend ensuite les deux exemples déjà évoqués (versets 5, 6) : les jours et la nourriture. L’un peut estimer un jour plus qu’un autre, tandis que son frère les estime tous d’égale valeur. Il est vrai que Dieu avait mis à part le sabbat dès la création et qu’il avait donné à Israël le commandement de le garder comme signe de son alliance perpétuelle avec luiExode 31. 17. Pour les chrétiens, ce commandement n’a plus sa place. Mais ils sont instruits à s’assembler le premier jour de la semaine, le dimanche, pour rompre le pain, en souvenir de Christ et de son œuvreActes 20. 7.

Certains croyants mangeaient sans restriction de toute nourriture, sans s’enquérir de son origine à cause de la conscience1 Corinthiens 10. 27. Ils ne se posaient pas de questions morales à ce sujet. D’autres, au contraire, ne mangeaient pas de certains aliments (et notamment de la viande), justement par scrupule de conscience. Les uns et les autres le faisaient pour le Seigneur, en rendant grâce à Dieu.

Sous la loi, certains animaux étaient impurs (le porc, en particulier) et certains aliments étaient interdits (la graisse et le sang notamment). La portée morale de ces ordonnances subsiste, mais les restrictions légales sont levées pour nous. Toutefois, encore aujourd’hui, les chrétiens ne sont pas autorisés à manger des viandes sacrifiées aux idoles ou du sangActes 15. 20. Par contre, défendre de manger de la viande par principe est un enseignement de démons1 Timothée 4. 3, destructeur de la vraie liberté chrétienne. Nous sommes invités à prendre notre nourriture avec simplicité de cœur et actions de grâces. La prière, au début de chaque repas, n’est pas une ordonnance légale, mais exprime notre reconnaissance envers Dieu et “sanctifie” notre nourriture.

Vivre et mourir avec le Seigneur : versets 7-9

Tous les hommes sont des créatures de Dieu, qui tient le souffle de leur vie dans sa main. À combien plus forte raison les chrétiens, qui sont du Christ et vivent de sa vie, ne s’appartiennent plus à eux-mêmes2 Corinthiens 5. 15. Aucun croyant ne vit ou ne meurt de façon indépendante du Seigneur ; il est lié à lui pour le temps et la vie présente, comme pour la mort et l’éternité : “Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur” (verset 8). L’apôtre rattache cette vérité au fait que, par sa mort et sa résurrection, Jésus Christ possède en tant qu’homme l’autorité de dominer sur les morts et sur les vivants (verset 9) 2. Celui qui est mort et a repris vie (comme vainqueur de la mort) possède tous les droits sur nos vies.

Tous les croyants sont donc invités à être “justement soumis à Christ” 1 Corinthiens 9. 21. Nous serons ainsi gardés du légalisme, qui nous rend intolérants à l’égard des autres, comme du laxisme, qui use de la liberté chrétienne “comme d’une occasion pour la chair” Galates 5. 13.

Notes

1

Le mot “foi”, dans le N.T., est employé dans trois sens différents :

  • La foi, moyen de salut, la foi qui sauve (Galates 2. 20 ; Éphésiens 2. 8),
  • La foi, confiance en Dieu, par laquelle nous pouvons lui plaire (Hébreux 11. 6). Depuis Abel, le juste, la remarquable lignée des hommes de foi en fournit de multiples exemples. Nous sommes invités à vivre par la foi, marcher par la foi, en accomplissant des œuvres de foi.
  • La foi, ensemble des vérités chrétiennes (Éphésiens 4. 5). “Combats le bon combat de la foi” (1 Timothée 6. 12). “Combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints” (Jude 3).

Il faut prendre ici le mot foi dans son deuxième sens.

2Cette autorité est conférée par Dieu à Christ, en tant que Fils de l’homme (Jean 5. 27 ; Actes 17. 31). Mais Christ demeure éternellement le Fils de Dieu, comme aussi le Dieu créateur.

Romains 14

1Or quant à celui qui est faible en foia, recevez-le ; non pas pour la décision de questions [douteuses] b. 2L’un croit pouvoir manger de toutes choses ; l’autre qui est faible, mange des herbes : 3que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas ; et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange, car Dieu l’a reçu. 4Qui es-tu, toi qui juges le domestique d’autrui ? Il se tient debout ou il tombe pour son propre maître ; et il sera tenu debout, car le Seigneur est puissant pour le tenir debout. 5L’un estime un jour plus qu’un autre jour, et l’autre estime tous les jours [égaux] : que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit. 6Celui qui a égard au jour, y a égard à cause du Seigneur ; et celui qui mange, mange à cause du Seigneur, car il rend grâces à Dieu ; et celui qui ne mange pas, ne mange pas à cause du Seigneur, et il rend grâces à Dieu. 7Car nul de nous ne vit ayant égard à lui-même, et nul ne meurt ayant égard à lui-même : 8mais soit que nous vivions, nous vivons ayant égard au Seigneur, soit que nous mourions, nous mourons ayant égard au Seigneur ; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur. 9Car c’est pour cela que Christ est mort et qu’il a revécu, afin qu’il domine et sur les morts et sur les vivants.

Notes

aou : dans la foi.
bou : [en raisonnant] .

(La Bible - Traduction J.N. Darby)