La fin du service public de l’apôtre est saisissante, et rappelle à bien des égards la fin de la vie de son Seigneur et maître. Livré par la méchanceté des Juifs au pouvoir des nations, Paul a été abandonné de tous2 Timothée 1. 15 ; 4. 16. Il avait porté le nom du Seigneur devant les nations, les rois et les fils d’Israël, au prix de beaucoup de souffrancesActes 9. 16. Son service public dans le monde grec (Asie mineure, Macédoine et Achaïe) était achevé pour lui et serait poursuivi par d’autres. Le monde occidental latin s’ouvrait bien à l’évangile, mais l’apôtre ne devait y séjourner que comme un prisonnier des nations.
Que lui restait-il donc, alors que l’ennemi triomphait en apparence et que le déclin de l’œuvre apparaissait déjà ? Christ, comme objet de son cœur et de ses affections ; et en conséquence l’amour pour tous les élus de Dieu, pour lequel il endurait tout2 Timothée 2. 10.
Cet amour pour les saints s’exprime ici d’une manière d’autant plus touchante que les nombreuses salutations qui en portaient le message demeuraient le seul lien entre l’apôtre et l’assemblée à Rome1. Le grand apôtre des nations, choisi par Dieu pour révéler ses desseins éternels (verset 25), ravi en extase au troisième ciel pour y entendre des paroles ineffables2 Corinthiens 12. 2-4, manifeste en termes simples toute la profondeur et la sincérité de ses affections pour ses frères et sœurs dans la foi.
La première personne nommée ici est une sœur de l’assemblée de Cenchrée, l’un des trois ports de Corinthe, où Paul s’était déjà arrêtéActes 18. 18. La recommandation de l’apôtre rappelle l’humble travail de cette servante du Seigneur (diaconesse) :
La salutation suivante présente deux noms déjà connus : Aquilas et Priscilla (ou Prisca), sa femme. Paul les avait rencontrés à Corinthe (leur métier était de faire des tentes comme l’apôtre), et était demeuré avec eux. Plus tard, ils avaient accueilli Apollos pour l’enseigner dans la foi chrétienne. Enfin, on les trouve à Éphèse. Ils ont été de fidèles compagnons d’œuvre de l’apôtre, dévoués par amour au service des saints et des assemblées des nations : “Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui (Christ) a laissé sa vie pour nous ; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères” 1 Jean 3. 16. Déjà au temps du roi David, des traits d’un pareil dévouement apparaissent parmi ses hommes forts2 Samuel 23. 13-17. Que le Seigneur réchauffe nos affections pour lui, en sorte que nous manifestions l’amour pour les frères !
Aquilas et Priscilla sont nommés ensemble six fois dans la Parole. Trois fois, Aquilas est mentionné le premier lorsqu’il s’agit d’un témoignage ou d’un service publics2. Pour les salutations, les convenances de l’amour placent Priscilla, son épouse, avant lui.
L’expression “l’assemblée qui se réunit dans leur maison” est utilisée deux fois pour Aquilas et Priscilla (verset 5) 1 Corinthiens 16. 19. Les épîtres l’emploient aussi pour Nymphas à LaodicéeColossiens 4. 15 et pour PhilémonPhilémon 1, 2. Dans les premiers jours du christianisme, et particulièrement pendant les persécutions romaines, les croyants se réunissaient en assemblée dans la maison de l’un d’eux. Il ne s’agit pas ici d’une assemblée formée des membres d’une même famille. Dans ce chapitre, il est remarquable que l’apôtre fasse allusion cinq fois à l’assemblée3, bien que ce ne soit pas le sujet essentiel de l’épître. N’oublions pas que la vie personnelle des croyants est inséparable de la vie du rassemblement local et des assemblées.
Épaïnète (verset 5) était le bien-aimé de l’apôtre, titre d’affection qu’il partage avec deux autres frères (Amplias et Stachys). Il était aussi le premier fruit du travail de l’apôtre en Asie (“les prémices de l’Asie pour Christ”).
Les salutations aux sœurs mettent l’accent sur leur activité pour Christ et pour les saints (Marie, Tryphène, Tryphose et Persis). Si, en général, leur travail est moins visible extérieurement, il n’en est pas moins utile pour les croyants et précieux pour le maître.
Certains noms sont simplement cités, sans aucun autre commentaire. L’amour n’oublie personne, mais il donne le discernement et la sagesse dans le jugement.
Enfin, l’apôtre désirait que les croyants se saluent par un saint baiser (verset 16). Cette invitation se trouve cinq fois dans les épîtres4. Par ce moyen, l’affection fraternelle s’exprime en pratique, entre les croyants, dans la sainteté1 Timothée 5. 2.
Paul unit enfin toutes les “assemblées du Christ” à ses propres salutations. L’expression est remarquable dans cette épître où tout est habituellement rapporté à Dieu. L’assemblée est celle de Dieu, “laquelle il a acquise par le sang de son propre fils” Actes 20. 28. Les assemblées locales sont souvent appelées assemblées de Dieu, qu’elles soient vues ensemble1 Corinthiens 11. 16 ou individuellement, comme celle de Corinthe par exemple1 Corinthiens 1. 1 ; 2 Corinthiens 1. 1. Toutefois, Christ est le centre de toutes les assemblées et l’amour du Christ, le lien pratique entre les saints. Écrivant de Corinthe à l’assemblée à Rome, Paul embrassait ainsi dans ses affections tous les rachetés du Seigneur.
L’apôtre envoie maintenant aux croyants de Rome les salutations de huit frères qui étaient avec lui à Corinthe :
Il montre ainsi leur communion et leur amour, deux caractéristiques de l’esprit de l’évangile, ce grand sujet de l’épître (1. 1, 15).
Timothée est ici appelé le compagnon d’œuvre de l’apôtre. Dans d’autres épîtres, il lui est associé comme auteur5. Les trois parents de l’apôtre (verset 21) ne sont pas connus par ailleurs ; la foi de l’évangile les unit ici à tous ceux dont les noms sont écrits dans le livre de vie, bien connus de DieuLuc 10. 20 ; 2 Corinthiens 6. 9.
Tertius, qui avait écrit la lettre inspirée sous la dictée de Paul, ajoute ses salutations dans le Seigneur. Ailleurs, l’apôtre précise qu’il apposait sa propre signature pour authentifier ses écrits2 Thessaloniciens 3. 17 ; 1 Corinthiens 16. 21. Exceptionnellement, l’épître aux Galates a été écrite (au moins partiellement) de la propre main de Paul, en raison de l’extrême gravité du message qu’elle portaitGalates 6. 11.
Gaïus avait accompagné l’apôtre dans ses voyagesActes 19. 29 ; 20. 4. Baptisé par Paul à Corinthe1 Corinthiens 1. 14, il recevait maintenant l’assemblée dans sa maison. Peut-être est-ce le même Gaïus auquel la troisième épître de Jean est adressée.
Éraste avait été envoyé précédemment en Macédoine avec TimothéeActes 19. 22. Il est ensuite resté à Corinthe jusqu’à la seconde captivité de Paul2 Timothée 4. 20. Administrateur de la ville, il était de ces quelques “nobles” 1 Corinthiens 1. 26, appelés par Dieu hors du monde.
L’apôtre termine ces dernières salutations et l’épître elle-même par le vœu si fréquemment adressé aux assemblées : “Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous ! Amen” (verset 24) 6.
C’est la troisième conclusion de cette épître (15. 33 ; 16. 20 ; 16. 24).
Toutefois, en Actes 18. 26, le texte grec mentionne Priscilla la première. Dans ce service, accompli dans une maison chrétienne, le mari et sa femme avaient chacun leur part.
Les cinq mentions sont :