L’apôtre peut maintenant développer la plénitude de bénédictions qui découle de l’œuvre de Christ à la croix. Elle nous établit dans une relation avec Dieu dont les caractères peuvent être ainsi résumés :
Nous allons aujourd’hui et au cours des quatre sections suivantes examiner successivement ces grands sujets de joie et de certitude.
Telle est l’heureuse déclaration qui commence notre chapitre. Quel contraste avec le cri de détresse du chapitre précédent (7. 24) ! J’avais déjà l’assurance de la paix avec Dieu parce que mes péchés ont été ôtés (5. 1). J’ai maintenant appris que je suis sorti de mon ancienne condition, parce que je suis mort avec Christ pour être maintenant vivant à Dieu dans le Christ Jésus, lié à lui qui est ressuscité d’entre les morts. Comment pourrais-je être encore condamné ? Impossible ! Comme Christ lui-même a été la réponse au cri de détresse (7. 22), Christ est aussi le fondement de mon assurance. Ma vie est liée à la sienne. Et l’apôtre développe les motifs qui en donnent une pleine connaissance :
Remarquons ce contraste entre les chapitres 7 et 8 : au chapitre 7, du verset 7 à la fin, environ quarante fois nous lisons : « je » ou « moi ». L’Esprit Saint n’est jamais mentionné et le nom de Christ n’apparaît que dans la réponse du dernier verset. Dans le chapitre 8, l’œuvre de Christ et l’action du Saint Esprit ont la première place et occupent les pensées. Une fois seulement, au verset 2, l’apôtre dit : “m’a affranchi”, pour présenter, non ce que le croyant a fait, mais ce que l’Esprit de Dieu a fait pour lui.
J’étais autrefois assujetti à la loi (la puissance) du péché et de la mort. Maintenant, la puissance de l’Esprit de Dieu est intervenue en Christ pour me délivrer. Elle me place dans une nouvelle condition en me communiquant une vie nouvelle, la vie divine, sur laquelle le péché n’a aucun pouvoir. Le péché en moi n’a pas été ôté, mais la mort a coupé le lien qui m’y tenait attaché et l’Esprit me fait vivre maintenant d’une vie nouvelle en Christ. Je ne suis plus obligé de pécher.
Le péché est toujours en moi, mais sa présence ne peut pas non plus être un motif de condamnation, car cette condamnation a déjà été prononcée et subie. “Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair”. Le “péché dans la chair” (la nôtre) a été condamné dans la chair (le corps) de Christ venu “en chair” 2 Jean 7, “en ressemblance de chair de péché”, mais sans péché. “Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous” 2 Corinthiens 5. 21.
La loi exprimait les justes exigences de Dieu, mais elle était incapable de nous donner la force pour y satisfaire. Elle était sans force à cause de notre chair assujettie au péché. Maintenant, par la puissance de l’Esprit, la vie divine en nous accomplit les actes justes que la loi prescrivait. Ce n’est pas que tous les actes du croyant soient “selon l’Esprit”, mais le vrai caractère de la marche du chrétien dans ce monde, c’est la manifestation de la vie de Christ en lui, par l’Esprit. Tout ce qui est “selon la chair” a été jugé et n’a d’autre place que d’être tenu dans la mort.
Dans ces trois versets, l’apôtre expose avec beaucoup de force et d’insistance la différence fondamentale qui existe entre ces deux principes opposés : la chair et l’Esprit. Lorsque Jésus s’est adressé à Nicodème, il lui a dit : “Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit”. Chacune des deux natures a sa façon de penser, son but et ce qui en découle : pour la chair, ennemie de Dieu, incapable de lui obéir, ce sont les convoitises, les péchés et la mort ; pour l’Esprit, c’est ce qui est vrai, juste, purPhilippiens 4. 8 et par conséquent vie et paix.
Il est important de saisir la différence entre les deux expressions : “selon la chair” et “dans la chair”. La première exprime une manière de penser et de vivre, la seconde exprime la condition de l’homme naturel devant Dieu. Celui qui n’a pas cru en Jésus est encore “dans la chair” et il ne peut se comporter que “selon la chair” : ses pensées, ses actes et leurs conséquences en découlent. Le croyant a changé de condition. Il est dorénavant “dans l’Esprit”. Sa conduite doit être normalement “selon l’Esprit”, avec les pensées, les actes et les conséquences qui s’y rattachent. Mais la chair est toujours en lui, et il peut lui arriver de se laisser aller à agir “selon la chair” bien qu’il ne soit plus “dans la chair”.
De même qu’au dernier verset du chapitre 7, l’apôtre avait fermement rappelé que, de la chair, le croyant sert le péché et non la loi de Dieu, il insiste au verset 7 du chapitre 8 sur l’incapacité totale de la chair – même dans le croyant – à se soumettre à la loi de Dieu. Cela le conduit à réaffirmer aussi, d’une part que ceux qui sont dans la chair, les incrédules, ne peuvent plaire à Dieu, et d’autre part que les croyants – auxquels Paul s’adresse – ne sont pas dans la chair, mais dans l’Esprit.
“Être dans l’Esprit” découle du fait que le Saint Esprit habite dans le croyant. Cette présence accompagne le salut par la foi, la nouvelle naissance, mais c’est une bénédiction distincte. Nous lisons en Éphésiens 1. 13 : “Ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse”. Actes 19 nous montre qu’il était possible que des hommes aient cru sans avoir encore reçu le Saint Esprit, mais c’était là une condition anormale qui résultait d’un évangile incomplet, et Paul y a aussitôt remédié. Avant d’avoir reçu le Saint Esprit, ils n’étaient pas encore dans la vraie position chrétienne, ils n’étaient pas “de Christ”.
Que personne ne soit cependant troublé par un tel passage en pensant qu’il pourrait avoir cru sans être “de Christ”. Si la nouvelle naissance, effectuée par la puissance de l’Esprit de Dieu, est distincte de la réception du même Esprit pour habiter dans le croyant, rien ne laisse entendre qu’un délai soit nécessaire entre les deux faits. Le travail que Dieu opère pour tirer une âme des ténèbres et l’amener à lui dans la pleine jouissance de sa grâce peut avoir une certaine durée. Il est également vrai que “celui qui a commencé en vous une bonne œuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ” Philippiens 1. 6. Pour Dieu, le temps ne compte pas. “Qui croit au Fils a la vie éternelle” Jean 3. 36 ; et Dieu l’amènera au but dans la plénitude de la relation d’enfant. Il s’occupe du croyant avec la même sollicitude et le même amour avant que le Saint Esprit n’ait fait son habitation en lui et après qu’il sera venu.