Les premiers chapitres ont décrit en termes incisifs la conduite de tous les hommes dans leur état de péché. L’apôtre a développé le merveilleux dessein de Dieu dans l’œuvre de Christ pour sauver les pécheurs. Ce salut que Dieu donne gratuitement à quiconque croit, ne dépend en rien de ce que le croyant peut faire ; il repose sur ce que Dieu a fait pour lui par Christ.
Bien que les épreuves aient été mentionnées, il n’a pas encore été question, depuis le début de l’épître, de la conduite et du service du croyant. On se doute bien pourtant qu’il est appelé à vivre d’une façon nouvelle, puisqu’il appartient désormais à Christ. En effet, le changement développé dans la dernière partie du chapitre 5 a des conséquences sur le sens et les buts de la vie comme sur la manière de vivre.
La grâce surabondante de notre Dieu Sauveur veut nous enseigner à vivre dans le présent siècle, sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espéranceTite 2. 12, 13.
Cette grâce brille avec éclat, mais le cœur de l’homme est si rusé qu’il pourrait en prendre occasion pour continuer à suivre son penchant naturel, en faisant le mal. C’est en posant aux versets 1 et 15 deux questions fréquemment soulevées que l’apôtre introduit les réponses divines.
“Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ?” c’est-à-dire : Continuerais-je à pécher, en donnant ainsi occasion à la grâce de se révéler encore plus en me pardonnant ? Loin de nous une telle pensée ! La grâce n’affaiblit pas le sens moral ; tout au contraire. Dans ce chapitre 6, l’apôtre développe l’immense changement qui découle de la mort de Christ. C’est une rupture complète, et non pas une simple amélioration. D’emblée il déclare, comme un fait d’évidence : “Nous sommes morts au péché”, c’est-à-dire que le lien avec le péché, si fortement démontré au chapitre précédent, a été rompu. Le péché qui régnait autrefois, ne règne plus sur nous ; maintenant c’est la grâce (5. 21). Vivrons-nous encore dans le péché comme si nous étions toujours ses esclaves ? Bien sûr que non ! Si la tentation survient, nous pouvons dire : “Je suis mort au péché” ; je ne puis vivre dans le péché. Mais comment puis-je être “mort” alors que je suis encore dans mon corps de chair sur la terre ?
Tous ceux qui ont été baptisés devraient savoir que la sentence de mort a passé sur eux, puisque les eaux du baptême nous parlent de mort : nous avons été baptisés pour la mort de Christ. Il est bien possible que je l’ignore, mais la Parole me le rappelle et y insiste. “Nous avons été ensevelis avec Christ par le baptême, pour la mort, afin que” … La mort n’est pas le but, mais le passage obligé pour échapper à notre état antérieur, pour être délivré du péché et vivre d’une vie nouvelle.
Christ a dû entrer dans la mort pour nous ; cela démontre toute la gravité du péché et son caractère incurable. Dieu ne pouvait en aucune manière améliorer notre natureÉphésiens 2. 3 marquée d’une façon indélébile par le péché. Il ne pouvait que lui appliquer la sentence de mort et c’est Christ qui l’a portée. Mais Christ ne pouvait être retenu par la mortActes 2. 24. Dieu ressuscite son Fils et il nous fait sortir de la mort avec lui pour que nous marchions en “nouveauté de vie”. Nous ne pouvions pas suivre Jésus comme modèle, tel qu’il a été dans sa vie sainte et pure sur la terre. Il fallait que la puissance divine en résurrection opère aussi envers nous pour nous introduire dans une position toute nouvelleÉphésiens 1. 19, 20.
Tout repose sur ce fait extraordinaire : Christ, le Fils de Dieu, est mort. Lui qui était le “Prince de la vie” Actes 3. 15 a été crucifié (verset 6). Il a accepté et subi la mort infamante de la crucifixion que le monde de l’époque réservait aux esclaves et aux malfaiteurs.
Celui qui est saint, pur et sans aucun péché a pris place sous le jugement de Dieu pour recevoir ce que méritait notre état de péché : “Les gages (le salaire) du péché, c’est la mort” (verset 23) ! Ce qu’est le péché de l’homme, dans toute son horreur, a été démontré dans la mort de Christ sur la croix. Tout ce qu’est Dieu, sa puissance, sa justice, sa sainteté, son amour, le Père l’a engagé en ressuscitant son Fils d’entre les morts. La résurrection de Christ fait éclater la pleine satisfaction de Dieu dans l’œuvre de la croix et met en évidence l’excellence de celui qui a accompli sa volonté. Les conséquences en découlent à la gloire de Dieu, pour le salut des pécheurs et la vie des croyants. La bonne nouvelle qui l’annonce est “l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux” 1 Timothée 1. 11.
Christ est entré dans la mort pour nous. Celui qui croit en lui est lié à celui qui a subi ce jugement à sa place. Il est aussi amené par lui hors de la mort dans sa résurrection. Baptisés pour ChristGalates 3. 27, nous avons été liés à lui pour la mort et pour la vieColossiens 2. 12. Là se trouve le point de départ de la vie chrétienne.
Nous n’avons pas subi la mort personnellement, mais Dieu nous voit comme morts avec Christ : nous avons été identifiés (litt. : faits une même plante) avec Christ dans la ressemblance de sa mort. S’il en est ainsi, le croyant sera aussi identifié avec lui dans la ressemblance de sa résurrection. En attendant le jour où nos corps seront effectivement ressuscités, notre identification avec Christ a déjà pour le croyant des conséquences capitales qui sont développées ensuite.
Voici la première : puisque nous avons été identifiés avec Christ, une vie nouvelle suivra maintenant pour nous aussi sûrement que, pour lui, la vie en résurrection a suivi la mort. L’apôtre ne dit pas ici que nous sommes ressuscités avec lui, actuellement, car c’est un autre sujet, développé ailleursColossiens 3. 1. Mais avant d’insister sur la portée et les conséquences de notre mort avec lui, il en souligne le but : participer à la vie d’entre les morts.