Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Le quatrième livre de Moïse dit les Nombres
Sondez les Écritures - 4e année

Nombres 20

Les derniers murmures

1. Les eaux de Mériba : versets 1-13

Bien des années ont passé depuis les derniers événements historiques relatés dans le chapitre 17. Comme l’Éternel l’avait annoncé, toute la génération sortie d’Égypte était morte pendant les trente-huit ans d’errance autour de Kadès Barnéa. Le début de ce chapitre se situe à la fin de cette triste période, peu avant le départ de Kadès (verset 22).

“Marie mourut là et y fut enterrée” (verset 1) : ce fait donne le ton de ces longues années passées sous silence. La joie de la délivrance, dont Marie s’était fait l’échoExode 15, a disparu, remplacée par la tristesse de la mort omniprésente.

A la mort qui régnait s’ajouta la soif pour ceux qui restaient. Devant le manque d’eau, le peuple s’en prit à Moïse, comme il l’avait déjà fait plusieurs fois (14. 2 ; 16. 3) Exode 16. 2. Une génération était tombée dans le désert, une nouvelle s’était levée, en tout point semblable à la précédente. Aux murmures de RephidimExode 17. 1-7 répondirent ceux de Kadès. On aurait pu penser que le don de la loi, la présence du tabernacle et les soins constants de Dieu pendant tant d’années auraient évité pareille répétition. Mais le cœur humain ne change pas, il est incurable ; les fils ne sont pas meilleurs que les pères.

Comme dans l’affaire de Coré, Moïse et Aaron prirent d’abord une attitude d’humilité. Encore une fois, “la gloire de l’Éternel leur apparut” (verset 6) et Dieu leur donna des instructions précises pour qu’une nouvelle réponse de grâce soit apportée aux besoins de ce peuple ingrat.

Mais Moïse, sous l’impulsion de la colère, se laissa aller à une faute qui s’avérerait bien lourde de conséquences. Voulant montrer son autorité au peuple, il prit, non pas la verge d’Aaron qui avait bourgeonné et qu’il était bien allé chercher (verset 9), mais sa propre verge, celle du législateur (verset 11). Les paroles des deux frères dévoilaient leur état d’esprit (verset 10) :

  • ils condamnaient : “Écoutez, rebelles !”
  • ils s’attribuaient la puissance : “Vous ferons-nous sortir de l’eau ?” Un faux pas en entraînant vite un autre, au lieu de parler au rocher, Moïse le frappa, et même deux fois. Cet épisode nous met aussi en garde contre des analogies hâtives : les murmures étaient les mêmes qu’à Rephidim, mais la réponse de Dieu n’était pas la même et les actes que Moïse devait accomplir non plus. Écoutons les indications de Dieu pour chaque cas particulier.

La grâce de Dieu ne se laissa pas arrêter par l’acte inconsidéré de Moïse, mais elle se magnifia d’autant plus qu’à la rébellion du peuple s’ajoutait pour une fois celle de ses deux conducteurs, rebelles à l’ordre divin. Ces eaux qui sortirent “en abondance” nous montrent que la grâce surabondante de Dieu n’est jamais limitée par la faiblesse ou l’infidélité de l’homme. C’est ainsi que Dieu “se sanctifia en eux” en agissant en grâce malgré tout1.

La sentence divine pourrait paraître disproportionnée avec la faute (verset 12), mais souvenons-nous que plus nous sommes près de Dieu et plus nous avons une place en vue parmi son peuple, plus Dieu nous tiendra responsables : “A celui à qui il aura été beaucoup confié, il sera plus redemandé” Luc 12. 48. Ce récit est un avertissement pour nous qui sommes si souvent enclins à nous laisser aller à nos sentiments et à nos impulsions, et qui si souvent aussi avons de la peine à nous élever à la hauteur de la grâce de Dieu.

La portée symbolique de ce récit nous aide aussi à comprendre l’importance de la faute de Moïse. Le “rocher” est une figure de Christ1 Corinthiens 10. 4 qui a été frappé “une fois pour toutes” Exode 17. 6 ; Hébreux 10. 10 ; 1 Pierre 3. 18 afin que nous n’ayons plus jamais soifJean 4. 14. Désormais, il est inutile de renouveler ce sacrifice ; et, pour désaltérer notre âme, il suffit de “parler au rocher”, c’est-à-dire de le prier, d’entretenir avec lui une relation vivante. De plus, comme nous l’avons déjà vu, la loi (qu’évoque la verge de Moïse) est incapable de nous aider dans notre marche dans le monde ; seule la grâce (la verge d’Aaron) peut le faire.

2. Le refus d’Édom : versets 14-21

Après ces années de stationnement, vint enfin l’heure du départ de Kadès. Le chemin le plus direct vers Canaan passait par le territoire d’Édom. Israël demanda à Édom l’autorisation de passer par son pays. Ce dernier la lui refusa avec hauteur par deux fois, la première fois à Moïse (verset 18), la seconde fois au peuple (verset 20). Il sortit même à la rencontre d’Israël pour l’intimider par une démonstration de force.

Israël n’insista pas et prit un autre chemin. C’est un exemple pour nous : plutôt que d’entrer en conflit ouvert avec nos frères, laissons-nous faire du tort1 Corinthiens 6. 7.

L’inimitié d’Édom à l’égard d’Israël, qui avait eu sa source dans l’affrontement des deux fils d’IsaacGenèse 27, se continua tout au cours de l’histoire de ces deux peuplesPsaume 83. 6, 7 ; Ézéchiel 25. 12-14 ; 35. 5-7. Le jugement de l’Éternel sur Édom est annoncé par Malachie et surtout Abdias, avec comme motif principal son manque de pitié. La fatigue de son frère (verset 14) le laissait de marbre ; plus tard il se réjouirait de la chute de JérusalemAbdias 12. Se pourrait-il que nous montrions à l’occasion pareille dureté de cœur envers notre frère ?

3. La mort d’Aaron : versets 22-29

L’Éternel annonça qu’Aaron allait mourir. Le peuple tout entier vit trois hommes monter sur la montagne de Hor : Aaron, son frère Moïse et son fils Éléazar. Dépouillé de ses vêtements de gloire et d’honneur, que restait alors Aaron aux yeux de tous ? Un objet de la grâce divine. Cette grâce avait supporté l’égarement du veau d’orex. 32, les murmures contre Moïse (12. 1) ; elle lui avait donné la force de surmonter le chagrin de la mort de ses deux fils aînésLévitique 10. 1-7 et elle lui avait confié la charge d’une sacrificature temporaire. Maintenant, Christ, “qui a la sacrificature qui ne se transmet pas” est toujours vivant pour intercéder pour nousHébreux 7. 23-25 et il demeure à jamais à la droite de Dieu “couronné de gloire et d’honneur” Hébreux 2. 9.

Aaron fut pleuré trente jours (verset 29), comme le fut, peu de temps après, MoïseDeutéronome 34. 8. Il n’en fut pas de même pour JosuéJosué 24. 29. Peut-être est-ce parce que le peuple était alors dans le pays et non plus dans le désert. Pour nous, nous entrons dans les lieux célestes, à la suite de Christ ressuscité et glorifié. Même si, lors d’un deuil, la douleur de la séparation reste vive, n’oublions pas que nous possédons les promesses du N.T. et l’espérance d’une réunion définitive1 Thessaloniciens 4. 17, 18. Ainsi nous ne pleurerons pas indéfiniment comme ceux qui n’ont pas d’espérance1 Thessaloniciens 4. 13, et consolés par notre Père lui-même2 Corinthiens 1. 3, 4, nous pourrons nous “lever de devant notre mort” Genèse 23. 3.

En résumé, les événements relatés dans ce chapitre sont empreints d’une profonde tristesse. Il semble que rien n’ait été épargné à Moïse :

  • 1. Il assista à la mort et à l’enterrement de sa sœur aînée qui avait veillé sur ses premiers joursExode 2. 4.
  • 2. Puis les fils d’Israël, objets de tant de sollicitude et d’intercessions de sa part, le poussèrent à un manquement tel que l’entrée en Canaan lui fut interditePsaume 106. 32, 33.
  • 3. Ensuite il dut affronter le refus d’Édom.
  • 4. Enfin, il dut assister à la mort de son frère, Aaron.

Malgré tout, ce serviteur montra une obéissance remarquable (verset 27) et une soumission sans raisonnement. Un autre livre, celui du Deutéronome, nous révèle quelques-uns des sentiments de son cœur au cours de cette périodeDeutéronome 3. 23-26.

Notes

1 “Se sanctifier” signifie “se mettre à part”. Ici Dieu se distingua en usant de grâce, là où précisément Moïse et Aaron n’avaient pas montré de grâce.

Nombres 20

1Et les fils d’Israël, toute l’assemblée, vinrent au désert de Tsin, le premier mois ; et le peuple habita à Kadès ; et Marie mourut là, et y fut enterrée.

2Et il n’y avait pas d’eau pour l’assemblée ; et ils s’attroupèrent contre Moïse et contre Aaron. 3Et le peuple contesta avec Moïse, et ils parlèrent, disant : Que n’avons-nous péri, quand nos frères périrent devant l’Éternel ! 4Et pourquoi avez-vous amené la congrégation de l’Éternel dans ce désert, pour y mourir, nous et nos bêtes ? 5Et pourquoi nous avez-vous fait monter d’Égypte, pour nous amener dans ce mauvais lieu ? Ce n’est pas un lieu où l’on puisse semer ; [on n’y trouve] ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers, et il n’y a pas d’eau pour boire. 6Et Moïse et Aaron vinrent de devant la congrégation à l’entrée de la tente d’assignation, et tombèrent sur leurs faces ; et la gloire de l’Éternel leur apparut.

7Et l’Éternel parla à Moïse, disant : 8Prends la verge, et réunis l’assemblée, toi et Aaron, ton frère, et vous parlerez devant leurs yeux au rocher, et il donnera ses eaux ; et tu leur feras sortir de l’eau du rocher, et tu donneras à boire à l’assemblée et à leurs bêtes. 9Et Moïse prit la verge de devant l’Éternel, comme il lui avait commandé. 10Et Moïse et Aaron réunirent la congrégation devant le rocher, et il leur dit : Écoutez, rebelles ! Vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher ? 11Et Moïse leva sa main, et frappa le rocher de sa verge, deux fois ; et il en sortit des eaux en abondance, et l’assemblée but, et leurs bêtes. 12Et l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, pour me sanctifier aux yeux des fils d’Israël, à cause de cela vous n’introduirez pas cette congrégation dans le pays que je leur donne. 13Ce sont là les eaux de Meribaa, où les fils d’Israël contestèrent avec l’Éternel ; et il se sanctifia en eux.

14Et Moïse envoya de Kadès des messagers au roi d’Édom : Ainsi dit ton frère, Israël : Tu sais toute la fatigue qui nous a atteints. 15Nos pères descendirent en Égypte, et nous avons habité en Égypte longtemps, et les Égyptiens nous ont maltraités, nous et nos pères. 16Et nous avons crié à l’Éternel, et il a entendu notre voix, et il a envoyé un ange, et nous a fait sortir d’Égypte. Et voici, nous sommes à Kadès, ville à l’extrémité de tes limites. 17Je te prie, que nous passions par ton pays ; nous ne passerons pas par les champs, ni par les vignes, et nous ne boirons pas de l’eau des puits ; nous marcherons par le chemin du roi, nous ne nous détournerons ni à droite ni à gauche, jusqu’à ce que nous ayons passé tes limites. 18Et Édom lui dit : Tu ne passeras pas chez moi, de peur que je ne sorte à ta rencontre avec l’épée. 19Et les fils d’Israël lui dirent : Nous monterons par le chemin battu ; et si nous buvons de tes eaux, moi et mon bétail, j’en donnerai le prix ; seulement, sans autre chose, je passerai avec mes pieds. 20Et [Édom] dit : Tu ne passeras pas. Et Édom sortit à sa rencontre avec un grand peuple, et à main forte. 21Et Édom refusa de laisser passer Israël par ses limites ; et Israël se détourna d’auprès de lui.

22Et ils partirent de Kadès ; et les fils d’Israël, toute l’assemblée, vinrent à la montagne de Hor. 23Et l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, dans la montagne de Hor, sur la limite du pays d’Édom, en disant : 24Aaron sera recueilli vers ses peuples, car il n’entrera pas dans le pays que j’ai donné aux fils d’Israël, parce que vous vous êtes rebellés contre mon commandement aux eaux de Meriba. 25Prends Aaron et Éléazar, son fils, et fais-les monter sur la montagne de Hor ; 26et dépouille Aaron de ses vêtements, et fais-les revêtir à Éléazar, son fils ; et Aaron sera recueilli, et mourra là. 27Et Moïse fit comme l’Éternel avait commandé ; et ils montèrent sur la montagne de Hor aux yeux de toute l’assemblée. 28Et Moïse dépouilla Aaron de ses vêtements, et en revêtit Éléazar, son fils ; et Aaron mourut là, au sommet de la montagne ; puis Moïse et Éléazar descendirent de la montagne. 29Et toute l’assemblée vit qu’Aaron avait expiré, et toute la maison d’Israël pleura Aaron 30 jours.

Notes

acontestation.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)