Le livre des Nombres commence par le premier recensement du peuple, au désert de Sinaï. Comme nous l’avons déjà remarqué en introduction, ce dénombrement a lieu le premier jour du second mois de la deuxième année après la sortie d’Égypte, soit un mois exactement après l’inauguration du tabernacleExode 40. 17.
Le chapitre premier présente successivement :
L’Éternel demande à Moïse de dénombrer le peuple d’Israël, ou plutôt les hommes de plus de vingt ans, “propres au service militaire” (verset 3). Il peut sembler curieux que ce livre commence par le recensement d’une armée, alors que le peuple était dans le désert, encore loin de Canaan. Mais, dans la pensée de Dieu, il n’y avait que onze journées de chemin entre Horeb et CanaanDeutéronome 1. 2 et si le séjour du peuple au désert a dû se prolonger, c’est en raison de son incrédulité. Dieu adapte l’exécution immuable de ses plans à la conduite des siens, pour agir envers nous selon ses voies : sa pensée initiale demeure et s’accomplira de toute façon mais la manière dont il la réalisera n’est pas indépendante de ce que nous faisons.
Comme nous aurons souvent l’occasion de le remarquer au cours de cette étude, il y a un parallèle instructif entre le peuple de Dieu d’autrefois (Israël au désert) et le peuple de Dieu d’aujourd’hui (l’Église de Christ sur la terre).
“Toute l’assemblée des fils d’Israël” (verset 2) est assimilée aux seuls hommes de plus de vingt ans. Non pas que Dieu se désintéresse ou méprise les enfants et les femmes, mais son but était de dénombrer son armée. Aujourd’hui, Dieu nous appelle tous, hommes et femmes, à être des combattants pour lui, mais la famille de Dieu comprend des “petits enfants”, des “jeunes gens” et des “pères” 1 Jean 2. 12, 13. Aussi, sans doute, n’est-ce pas au jour de sa conversion qu’un croyant devient apte à combattre, même si, ensuite, les progrès peuvent être rapides1 Thessaloniciens 1. Nous sommes invités à croître vers l’état d’adultes, qui ont l’habitude de discerner le bien du malHébreux 5. 14 ; alors nous pourrons prendre notre “part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ” 2 Timothée 2. 3. En revanche, aucune limite supérieure d’âge n’est donnée : notre témoignage n’est pas censé prendre fin et notre vie chrétienne n’est pas forcément appelée à décliner. Caleb, à 85 ans, pouvait dire que sa force était restée intacte et il vainquit des géants, même à cet âge avancéJosué 14. 10-14 ; Juges 1. 20.
En quoi consiste le combat du chrétien ? Il comprend divers aspects :
Rappelons-nous que notre combat n’est pas dirigé contre des personnes, encore moins contre des frères, mais contre des puissances spirituelles et contre des théories2 Corinthiens 10. 3-5. Dieu veut faire de nous des combattants victorieux1 Jean 2. 14b dans tous ces domaines, mais ne nous trompons pas d’ennemi !
Le recensement était de la responsabilité de Moïse, d’Aaron et de douze princes. Les deux premiers sont des figures du Seigneur Jésus. Nul homme n’a jamais pu et ne pourra jamais atteindre la mesure de Christ ; aussi l’A.T. utilise-t-il souvent plusieurs personnages pour représenter divers côtés de la personne et du service du Seigneur. Moïse, “roi en Jeshurun” Deutéronome 33. 5, symbolise l’autorité du Seigneur sur son peuple ; Aaron, le souverain sacrificateur, représente son service d’intercesseurRomains 8. 34. Pour le combat, nous avons besoin à la fois des directives et de l’intercession du Seigneur.
Les princes nous font penser aux “conducteurs” dans l’assemblée. Notons que c’est Dieu qui les désigne chacun par son nom (versets 5, 17) ; ils ne sont pas élus, ils ne s’attribuent pas personnellement cette charge. De même, Dieu donne des dons de gouvernement dans l’Église et l’autorité de ceux qui ont la charge de surveillant ne peut venir que de lui1.
Chaque Israélite en âge de combattre devait donc se présenter devant toute l’assemblée et déclarer sa “filiation” (verset 18). S’il suffisait d’avoir des parents israélites pour appartenir au peuple de Dieu, aujourd’hui il ne suffit pas d’avoir des parents chrétiens pour faire partie de son Église ; il faut une foi personnelle en Jésus Christ.
De plus, pour pouvoir combattre dans le plein sens du terme, être sauvé ne suffit pas ; il est nécessaire d’avoir la certitude d’être un enfant de Dieu2. Cette assurance est à la base de tout progrès spirituel. Le chrétien s’appuie sur les déclarations formelles de la parole de Dieu : “à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom” Jean 1. 12. La lutte que soutient un croyant qui doute de son salut n’est pas celle à laquelle Dieu nous appelle. Le vrai combattant pour Dieu dit avec une pleine certitude, comme le fait Jean dans ses épîtres : “Nous savons”.
“Déclarer” (verset 18) va plus loin qu’avoir intérieurement conscience de sa position d’enfant de Dieu ; c’est aussi le montrer par sa conduite et en témoigner vis-à-vis des autres.
Les Israélites faisaient remonter leur filiation à Israël, non pas à Abraham ; tandis que la référence à Abraham met l’accent sur les promesses de Dieu et la foi, Israël représente la responsabilité de l’homme en face de la fidélité et de la grâce de Dieu.
La tribu de Lévi est distinguée des autres tribus, car elle était préposée au “service” (verset 50) du tabernacle. Comme pour le Seigneur, l’A.T. présente pour le chrétien les divers côtés de sa position et de son service, à travers diverses catégories de personnes. Le chrétien est donc à la fois un combattant et un serviteur, appelé à être fidèle sous ces deux aspects.