Les chapitres 22 à 25 forment un sujet distinct et complet. Nous y voyons ce qui s’est passé :
Dans ces chapitres, Dieu lève le voile sur une scène dont Israël ne verrait que l’aboutissement, tragique, à Baal-Péor (chapitre 25) : l’invitation des filles de Moab, qui conduisit le peuple à pécher, viendrait après des événements dont il n’avait pas eu connaissance.
Ailleurs dans sa Parole, Dieu révèle également comment des événements extérieurs à notre champ de connaissance, ou même de perception, ont une influence majeure sur nos circonstances : le débat entre l’Éternel et Satan à propos de JobJob 1, la lutte des anges après la prière de DanielDaniel 10. 13, en sont deux exemples ; chacun d’eux est un encouragement pour les croyants et leur donne une illustration de la parole de l’apôtre : “Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?” Romains 8. 31 Nous sommes souvent perplexes devant certains événements et nous disons, comme Gédéon : “Pourquoi donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ?” Juges 6. 13. Soyons pourtant assurés que notre Dieu est au-dessus de tout et que rien n’arrive sans qu’il l’ait commandé ou permisLamentations de Jérémie 3. 37.
Balak, le roi de Moab, tout comme le roi d’Arad (21. 1), avait vu le peuple arriver. Il était au courant de ses victoires sur Sihon et Og et s’effrayait de son nombre. Il craignit qu’Israël ne s’installe et n’anéantisse les richesses de son royaume, alors que le peuple de Dieu se préparait en réalité à traverser le Jourdain et attaquer Jéricho (verset 1) 1. Le monde tremble pour ses possessions terrestres, alors que les chrétiens ne devraient ambitionner que les bénédictions célestes : Israël ne devait pas conquérir Moab, mais Canaan, figure des lieux célestes.
Balak, face à cette menace, essaya de recourir à un stratagème pour maudire ce peuple par l’intermédiaire d’un mystérieux personnage, Balaam, fils de Béor2. Balaam n’était pas un faux prophète mais un prophète cupide2 Pierre 2. 15 et perversApocalypse 2. 14. Sa réputation était bien établie ; aussi les anciens de Moab vinrent-ils vers lui avec “le salaire de la divination” (verset 7). Balaam les accueillit, sans doute appâté par un gain possible. Pareille convoitise peut naître en nous et nous faire recevoir un envoyé de l’ennemi afin d’en retirer un avantage personnel, tout en prétendant obéir, comme Balaam, à la parole de Dieu (verset 8).
“Passez ici la nuit” : c’était une invitation bien imprudente. Faibles ou tentés, ne prononçons-nous pas nous aussi des paroles inconsidérées qui nous engagent sur un mauvais chemin ? Combien de croyants ont eu des paroles accueillantes qu’ils ont dû amèrement regretter par la suite, devant les funestes conséquences qui en ont résulté !
Dieu vint vers le prophète et l’interrogea sur ces messagers. Les raisons que Balaam donna à l’Éternel montraient qu’il savait fort bien ce que Balak attendait de lui et Dieu lui interdit très clairement d’aller avec eux. Obéissant pour une fois, Balaam écouta l’Éternel et fit part aux seigneurs de Balak de son refus.
Mais l’ennemi ne se lasse pas et revient à la charge, comme nous l’expérimentons souvent dans nos vies personnelles. S’il ne réussit pas à nous circonvenir immédiatement, il sait qu’à la longue, ses coups peuvent porter.
A l’argent, Balak ajoutait cette fois-ci les honneurs (verset 17). Balaam paraissait fermement résolu (verset 18) ; malgré tout, il semblait espérer que l’Éternel reviendrait sur sa première déclaration (verset 19) ou ajouterait d’autres instructions. Il oubliait que Dieu n’est pas un homme pour se repentir (23. 19) et qu’il ne se contredit pas ; il n’ajoute rien « de plus » à ce qu’il a déjà dit. S’il nous dit « oui » après avoir dit « non », ce sera à notre préjudice.
Dieu parut donc accéder au désir de Balaam, mais il mit une limite à la liberté qu’il accordait au prophète vénal (verset 20).
En chemin, la colère de Dieu s’embrasa (verset 22). Pourtant, l’Éternel n’avait-il pas autorisé Balaam à partir ? Mais, par là, Dieu voulait montrer au prophète, de façon plus nette encore que par son avertissement verbal (verset 20), le danger de suivre les envoyés de Balak.
Par trois fois (versets 22, 24, 26), l’ange de l’Éternel fit barrage à Balaam, monté sur son ânesse. Mais le prophète s’obstina et dévoila le fond de son cœur en s’en prenant avec brutalité à un animal qui, à vrai dire, avait plus de discernement que lui (versets 23, 25, 27) Proverbes 12. 10. Souvent la dureté que nous avons avec un petit, un faible ou même avec un animal, révèle en fait la dureté de notre propre cœur.
L’Éternel tenta de toucher cet homme endurci en faisant parler cette ânesse (versets 28, 30). Quel miracle ! Il semble que ce fait incroyable et les paroles pleines de sens de sa bête auraient dû toucher le cœur de Balaam ; elles ne firent qu’exciter plus encore sa colère (verset 29). Un homme qui a perdu la conscience de sa relation avec Dieu est plus bas qu’une bête. L’Éternel dut utiliser la vision de l’ange lui-même (verset 31). Alors Balaam, brisé, s’inclina et se prosterna.
Nous vivons parfois des événements sans apparence, à l’instar de cette ânesse qui refusa d’obéir alors que ce n’était pas son habitude – par exemple un incident survenant à un moyen de transport. Ces contretemps ne devraient-ils pas nous amener à revenir sur nos réelles motivations ? Qu’est-ce qui nous fait avancer dans notre chemin ? L’esprit de cupidité ou l’intérêt pour le peuple de Dieu ?
Balaam reconnut bien avoir péché (verset 34) Exode 10. 16 ; 1 Samuel 26. 21, mais en même temps, il montrait par son obstination que sa repentance n’était pas réelle. “Si cela est mauvais à tes yeux” ; il aurait dû le comprendre avant le départ ! L’ange de l’Éternel reprit exactement ce que l’Éternel avait dit (verset 20) : au lieu de glorifier Dieu par un refus net, Balaam serait contraint de le glorifier en transmettant exactement ses paroles. Et il continua son “chemin” 2 Pierre 2. 15.
Balak, qui s’impatientait, vint à la rencontre de Balaam (versets 36, 37). Les paroles mêmes de Balak auraient dû interpeller Balaam et l’amener à donner une vraie réponse à ce “Pourquoi”. Balaam ne rapporta rien de sa rencontre avec l’ange dans le chemin, mais précisa cependant la limite de sa mission (verset 38).
“Balaam alla avec Balak” (verset 39) : c’était l’aboutissement de son chemin d’obstination où l’avait conduit son désir d’argent et d’honneurs, chemin commencé par la porte qu’il avait ouverte aux émissaires du roi de Moab (verset 8).
Ce récit est un avertissement pour tout croyant, au début de sa vie professionnelle. A ce moment, il doit discerner le motif qui le pousse dans tel ou tel chemin. Est-ce la recherche d’avantages personnels ou est-ce le désir de plaire à Dieu ? Rappelons ce que Dieu dit à Amatsia : “Il appartient à l’Éternel de te donner beaucoup plus que cela” 2 Chroniques 25. 9. Il vaut la peine de faire la perte de biens matériels ou même de l’espoir de gains importants, car celui qui se confie en Dieu et place les intérêts du Seigneur en premier recevra toujours du Tout-Puissant une large compensationMarc 10. 30.