Les occasions ne manquaient pas pour l’Israélite de toucher un mort. Pendant les 38 ans d’errance du peuple dans le désert, autour de Kadès-Barnéa, toute la génération qui était sortie d’Égypte mourut. Et ce chapitre se situe précisément à ce moment-là, entre les premiers pas (chapitre 1 à 18) et la fin du voyage (chapitre 20 à 36). Chaque jour mourait en moyenne une centaine de personnes ; de ce fait, les Israélites pouvaient être facilement en contact avec des ossements.
La mort est le salaire du péchéRomains 6. 23 ; ces ossements nous parlent du contact que nous pouvons avoir avec le péché, sous quelque forme que ce soit. Ce contact est la conséquence d’un manque de vigilance qui amène le croyant à se souiller.
Comme souvent dans l’A.T., plusieurs images ou plusieurs types sont nécessaires pour nous présenter divers côtés complémentaires de la personne et de l’œuvre du Seigneur Jésus :
Le péché revêt des aspects très divers. L’Israélite pouvait toucher la mort dans deux endroits :
Il est frappant que la tente soit mentionnée en premier. En effet, ne nous arrive-t-il pas de nous conduire avec moins de retenue en privé qu’en public ? Nos proches sont les mieux placés pour savoir quel péché nous tolérons dans nos vies, quels défauts de caractère nous montrons trop souvent ; et eux-mêmes aussi en sont souillés. C’est pourquoi “tous les ustensiles” et les personnes qui se trouvaient dans la tente devaient également être aspergés (verset 18). En particulier, “tout vase découvert” était déclaré impur (verset 15). Pensons aux personnes, qui, dans leur innocence, sont plus vulnérables (enfants, jeunes convertis, croyants faibles…) et qui seront les premières victimes de notre mauvaise conduite.
Le verset 16 évoque quatre cas de souillure dans les champs :
Ainsi le péché n’a pas toujours un aspect horrible. Bien souvent, il est dissimulé à nos regards au point que l’on s’en accommode aisément, sans répulsion. Plus il est dissimulé à nos yeux, plus la souillure engendrée est insidieuse. Appliquons donc le traitement énergique conseillé par la Parole pour nous laver de tout contact avec le péché, si imperceptible soit-il.
Dieu, qui habitait au milieu de son peuple, ne tolérait aucune souillure ; dans sa sainteté, il exigeait une purification (verset 13) pour laquelle, dans sa grâce, il avait fourni une ressource : l’eau vive mêlée aux cendres de la génisse. De même, Dieu habite aujourd’hui dans chaque croyant par son Esprit1 Corinthiens 6. 19 ; pas plus que sous la loi, il ne peut tolérer une impureté non jugée. Cependant, aucun chrétien véritable ne sera jamais “retranché” de Christ ; lorsque nous péchons, nous ne perdons pas notre salut1, mais la jouissance de ce salut et la communion avec notre Dieu et Père. Celui-ci nous aime trop pour nous laisser dans cet état et il agit par son Esprit pour nous rendre conscients de notre souillure et pour nous en purifier en appliquant sa Parole (figurée par l’eau vive) à notre conscience et à notre cœur. Nous repensons alors au prix payé par le Seigneur Jésus pour nous racheter de l’emprise du péché, à sa mort sur la croix (dont parlent les cendres de la génisse). Pour la plus petite faute, il a dû souffrir l’abandon et le jugement de Dieu. Le cœur d’autant plus saisi à la pensée que ce péché ne nous sera jamais imputé, nous confessons notre faute et nous recevons le pardon divin1 Jean 1. 9.
Toutefois la purification ne s’arrêtait pas à la seule action du troisième jour. Il fallait attendre le septième jour et une seconde aspersion pour que l’Israélite soit déclaré pur (verset 19). Le travail de relèvement d’une âme est lent et progressif. Dieu ne se limite pas aux causes immédiates mais il veut nous faire sonder les raisons profondes de tel péché. (Par exemple, si j’ai médit de mon frère, peut-être est-ce parce que j’ai longtemps nourri des pensées peu amènes contre lui.) De l’acte, du fruit, je passerai alors au motif, à la racine2. Mon état de cœur et d’esprit pourra ainsi être changé (lavage dans l’eau, verset 19) et ma conduite extérieure, mes habitudes modifiées (les vêtements, verset 19). Gardons-nous d’un jugement trop superficiel du mal, qui serait sans suite. “Celui qui confesse [ses transgressions] et les abandonne obtiendra miséricorde” Proverbes 28. 13. Alors, dans le sentiment renouvelé de la grâce de Dieu qui a remédié à tout, à mes péchés comme à mon état, je peux me tenir devant lui sans conscience de péchéHébreux 10. 22.
Ces deux aspersions permettaient que le tabernacle ne soit pas souillé (versets 13, 20) ; un processus incomplet ou le mépris de cette ordonnance rendait positivement le tabernacle impur. L’impureté n’est donc pas immédiate, car Dieu laisse un délai durant lequel l’œuvre de la grâce peut s’opérer.
Dans l’homme pur dont il est question ici (versets 18, 19), on peut sans doute voir le Saint Esprit qui applique directement la Parole à l’âme ; car qui d’entre nous pourrait se dire complètement pur ?
Cependant, les deux derniers versets conduisent aussi à voir l’aide qu’un croyant peut apporter à un autre qui a péché. “Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur”, dit Paul aux GalatesGalates 6. 1 ; mais il ajoute : “prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté”. L’homme pur était souillé par son acte d’aspersion (verset 21). Tout contact avec le péché nous pollue intérieurement ; aussi ce travail d’assistance fraternelle – si utile car il permet de couvrir une “multitude de péchés” Jacques 5. 20 – n’est-il pas sans risque. Toutefois cette souillure n’était que momentanée (“jusqu’au soir”). Si la Parole exclut clairement toute confession systématique à un homme1 Timothée 2. 5, ne négligeons pas cette aide mutuelle qui nous fait entrer dans le travail de la grâce de Dieu pour relever un des siens.