Ces six versets sont comme la conclusion et la conséquence pratique des chapitres 5 et 6. Il ne peut y avoir de joie (6. 20), de paix (6. 26), de bénédiction (6. 23, 24, 27), de jouissance de la lumière de Dieu (c’est-à-dire de connaissance de sa volonté : 6. 25) que dans la mesure où les points présentés dans ces chapitres ont été vécus pratiquement.
Par exemple, la fidélité d’un croyant particulier dans une église locale rejaillira en une bénédiction sur l’ensemble. Inversement, celui ou celle qui s’écarte de la communion avec le Seigneur, qui se rassasie de la joie offerte par le monde et qui ne prend pas garde à se purifier du péché, est une entrave et un fardeau pour toute l’assemblée.
Ce chapitre nous ramène un mois en arrière, à la date de la dédicace du tabernacleExode 40. Il forme le point chronologique commun entre les livres de l’Exode et des Nombres.
Il se passe quelque chose d’imprévu ce jour précis où la construction est achevée et où le tabernacle peut être érigé dans le désert, quelque chose sur quoi l’Éternel n’avait pas cru bon de donner des instructions préalables à Moïse, tant dans l’Exode que dans le Lévitique, mais qu’il s’était réservé dans sa grâce de faire apparaître au moment opportun. A cette grâce s’ajoutent l’intelligence de la foi et la prévenance de cœur des princes en Israël. Il est bien vrai que notre foi, notre engagement de cœur, coopèrent à l’œuvre de grâce de Dieu en nous indiquant comment y contribuer en pratique ; un acte d’amour doit aller de pair avec l’intelligence de la pensée divine.
Cette offrande inédite (six chariots et douze bœufs, verset 3) et imprévue aurait pu surprendre Moïse. Cependant l’Éternel lui demanda de l’accepter (verset 5) pour la mettre à son service. Il mit ainsi son sceau sur leur intelligence spirituelle.
De nos jours, nous pourrions avoir plutôt tendance à détruire ce qui est nouveau en pensant que toute nouveauté nous éloigne de l’enseignement que nous avons reçu. Actuellement nous avons entre les mains une Parole complète. Cependant, Dieu ne souhaite pas que nous vivions un christianisme figé, mais il accepte les initiatives qui répondent aux besoins du moment quand elles ont lieu sous la dépendance de l’Esprit et dans la conformité à sa Parole.
Le fait que les princes se soient mis par deux pour offrir un chariot indique une recherche de communion et une unité d’intérêts qui se traduisent par une action commune.
Qu’est-ce que la prévenance ? Par exemple, c’est le cas d’un enfant qui, dans l’intelligence des pensées et des gestes de son père qui travaille devant lui, saura lui présenter spontanément l’outil nécessaire ; il agit non par contrainte, ni sur un ordre formel, mais par amour et par dévouement.
Ces princes n’ont pas tardé, ils étaient là le jour approprié (versets 1, 2). De plus, ils ont eu l’intelligence d’amener exactement ce qu’il fallait et les versets 7 à 9 montrent le discernement de Moïse qui comprend comment il faut répartir chariots et bœufs, “à chacun en proportion de son service” (verset 5). L’aide matérielle doit être distribuée avec spiritualité et ce n’est pas un service facile : c’est d’ailleurs Moïse lui-même qui s’en charge ici2 Corinthiens 8. 16-24.
L’A.T. mentionne par trois fois l’utilisation de chariots pour le transport d’objets du lieu saint :
On pourrait penser qu’il s’agit de trois situations comparables ; en fait, elles sont très contrastées : le cas de David est une désobéissance, celui des Philistins une méconnaissance et le cas de ces princes est une prévenance. Méfions-nous toujours des raisonnements analogiques qui peuvent nous faire commettre les pires erreurs et nous mettre en infraction avec la pensée de Dieu1.
Les princes offrirent ensuite une seconde offrande : les ustensiles nécessaires au service de l’autel. La première offrande correspond au service extérieur (le transport du tabernacle est une image du témoignage extérieur rendu par le peuple et les Lévites, quand ils allaient d’étapes en étapes). La seconde a trait au service intérieur, au-dedans de la tente.
Les princes (les mêmes qu’aux chapitres 1, 2 et 10) nous parlent de croyants ayant atteint un niveau de croissance et de discernement spirituels remarquables. Cherchons à imiter ces hommes, dans leur discernement spirituel, puis dans leur service, qui ne dépend pas seulement de commandements formels, mais qui vient d’un élan du cœurColossiens 1. 9-11.
Remarquons aussi l’empressement avec lequel ils ont présenté l’offrande au jour convenable. “Que tardes-tu ?”, demanda le Seigneur à PaulActes 22. 16. “Empresse-toi de venir”, dit Paul à Timothée2 Timothée 4. 9. “Zachée, descends vite”, commanda JésusLuc 19. 5.
En général, le chapitre 7 n’est pas lu dans son entier ; mais Dieu n’a pas voulu laisser dans l’ombre les offrandes d’un seul de ces princes. Oui, les mêmes termes sont employés douze fois. Cela semble répétitif, mais indique certainement combien l’Éternel approuvait ce service et y attachait de l’intérêt. Dieu montrera son attachement à tous les accessoires en disant à Jérémie : “Touchant les ustensiles… : ils seront emportés à Babylone, et ils seront là jusqu’au jour où je m’en occuperai, dit l’Éternel, et où je les ferai remonter et revenir dans ce lieu” Jérémie 27. 21, 22. Dieu datera d’ailleurs du départ des ustensiles le début de la déportation. Dieu ne les perd pas de vueDaniel 1. 2. Bien qu’ils aient servi de manière blasphématoire et profane lors du festin de BelshatsarDaniel 5. 1-4, ils ont une valeur inestimable, car ils ont sans doute été faits à partir des objets pris aux Égyptiens par le peuple le soir de l’exodeExode 12. 35, 36. Rien n’est oublié de ce que nous aurons pu faire pour le Seigneur.
La connaissance d’un besoin précis d’un serviteur (figuré ici par les Lévites dans la tente) nous met obligatoirement le pied à l’étrier : on ne peut pas faire comme si on l’ignorait. Par exemple, bien des serviteurs ont besoin d’une voiture pour le service du Seigneur, non pas pour servir mieux ou davantage, mais pour servir dans de meilleures conditions.
Sur un autre plan, en identifiant les tribus aux divers rassemblements2 locaux, l’identité des offrandes montre que Dieu désire une unité dans la manière de s’approcher de lui1 Corinthiens 1. 10 : toute coutume n’est pas forcément une tradition répréhensible1 Corinthiens 11. 16.
Une fois la tente de la rencontre dressée, Moïse a toute liberté pour écouter Dieu qui lui parle et pour lui parler au travers du propitiatoire, belle figure de Christ et de son œuvreRomains 3. 24, 25 ; 1 Jean 2. 2. Par son sacrifice, Jésus a réglé la question du péché et Dieu, satisfait de cette œuvre, est trouvé favorable (propice).
Pour pouvoir recevoir l’enseignement de la Parole et prier en toute libertéHébreux 10. 19-22, heureux de trouver un Dieu propice, le chrétien doit vivre dans les conditions morales présentées dans les chapitres 1 à 7.
Quel bel exemple nous donne Moïse, cet “homme de Dieu” (voir la suscription du psaume 90) ! En dépit des multiples contraintes et occupations que sa place de conducteur du peuple lui donnait, il trouvait le temps d’écouter dans le silence du sanctuaire la voix de son Dieu. Ensuite, il pouvait intercéderPsaume 99. 6 ; Jérémie 15. 1. De sa dépendance étroite avec l’Éternel découlait le service de Moïse, marqué par l’humilité, l’énergie et l’autorité morale. Le Seigneur désire aussi aujourd’hui que nous lui consacrions d’abord un temps privilégié pour lire sa Parole, avant de lui parler, puis de le servir.