Ce chapitre est le sommet moral du livre, le pilier sur lequel s’appuie tout le développement de la grâce dans les Nombres. Les premiers pas au désert (chapitre 11 à 16) avaient amplement prouvé que la marche du peuple s’accompagnait de beaucoup de défaillances. L’Éternel avait institué et confirmé la sacrificature dans son rôle primordial ; elle était le seul moyen capable de conduire le peuple jusqu’au pays promis (chapitre 17 et 18).
Mais il fallait une autre ressource pour remédier aux souillures contractées pendant cette longue marche ; c’est pourquoi l’Éternel institua un nouveau sacrifice, adapté au désert, indépendant de ceux développés dans le livre du Lévitique1.
Cette institution ne pouvait reposer que sur la désignation d’Aaron comme “l’homme que l’Éternel avait choisi”. C’est sur ce merveilleux type de Christ que s’appuie cette disposition généreusement octroyée en grâce par l’Éternel. Donc, le chapitre 19 est la suite morale et une conséquence des chapitres précédents (16 à 18) et c’est pourquoi l’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et non à Moïse seul, comme dans le Lévitique.
Il se scindait en deux parties :
Comme l’indique l’auteur de l’épître aux Hébreux, le sacrifice de la génisse rousse préfigurait celui de Christ : “Car si… la cendre d’une génisse avec laquelle on fait aspersion sur ceux qui sont souillés sanctifie pour la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, pour que vous serviez le Dieu vivant !” Hébreux 9. 13, 14 Les détails donnés sur cette génisse sont autant de traits pour évoquer le sacrifice du Seigneur Jésus :
Cette génisse était conduite hors du camp, puis égorgée2. “C’est pourquoi aussi Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte” Hébreux 13. 12.
Le sacrificateur faisait une septuple aspersion du sang de la génisse vers la tente de la rencontre. En cela, cette ordonnance complète celle du grand jour des expiations où le sang était porté devant Dieu, dans le lieu très saintLévitique 16. 15. Le sacrifice de Christ ne répond pas seulement aux exigences de Dieu ; il fournit également à l’homme le moyen de rencontrer Dieu sur une base juste et ce chemin vers Dieu est complet et parfait (sept fois).
La victime était ensuite entièrement brûlée (verset 5), ce qui était exceptionnelLévitique 4. 12, 21 ; 6. 23. Même pour l’holocauste, on prélevait la peau pour la donner au sacrificateur avant de le brûler.
Le sacrificateur jetait dans le feu trois éléments :
Ainsi, le sacrifice de Christ est seul capable de répondre devant Dieu à tout ce qu’est l’homme par nature1 Rois 5. 13. Il doit mettre de côté tout ce dont il pourrait se glorifierGalates 6. 14. Nous le comprenons aisément pour la grandeur ou la gloire humaines ; mais nos qualités naturelles, même les plus aimables (comme ici la modestie ou l’humilité qu’évoque l’hysope), ne nous ouvriront jamais le ciel car tout est touché par le péché et doit être mis de côté par la croix. Celle-ci ne répond pas seulement aux “mauvaises œuvres” mais aussi aux “œuvres mortes” 3. Prenons garde à ne pas nous glorifier de notre petitesseColossiens 2. 23, ce qui n’est souvent qu’un orgueil déguisé.
Contrairement aux sacrifices du Lévitique, celui de cette génisse était – semble-t-il – unique, tout comme l’œuvre de la croix. La provision de cendres était suffisante pour tout le voyage dans le désert. De même, le sacrifice de Christ n’a pas à être répétéHébreux 10. 14.
L’eau obtenue par le mélange de ces cendres avec de l’eau vive4 était “gardée pour l’assemblée des fils d’Israël” (verset 9). Le sacrifice de Christ a plus qu’une portée individuelle ; il contient la pensée de son amour pour l’assemblée collectivementÉphésiens 5. 25.