Les chapitres 5 à 9. 14 forment un tout. Ces Lévites, dont l’Éternel a parlé à Moïse dans les deux chapitres précédents, vont devoir être consacrés officiellement dans leur service (chapitre 8). Une préparation morale est nécessaire à cette consécration (chapitre 5 à 7). Le chapitre 6 est une manifestation de la grâce de Dieu, une nouvelle fois dans ce livre ; car si une tribu avait le privilège d’être consacrée et séparée pour Dieu, Dieu n’écartait pas la possibilité qu’un homme ou une femme désire se consacrer volontairement. A ce titre, le chapitre 6 fait donc partie de l’ensemble qui prépare le chapitre 8.
Le chapitre 5 développe les conditions du maintien de l’état moral du peuple, pour lequel chacun est responsable. Il traite des souillures extérieures, alors qu’au chapitre suivant, le nazaréen devra préserver et maintenir son cœur, son engagement et sa consécration intérieure pour l’Éternel.
Trois paragraphes, une nouvelle fois introduits par l’expression “Et l’Éternel parla à Moïse, disant” (versets 1, 5, 11), donnent le plan du chapitre.
Trois types de souillure sont envisagés ici :
Si l’Israélite s’était contenté du verset 3 pour purifier le camp, sa conduite aurait été bien sommaire. En effet, ces trois sujets sont développés dans d’autres portions de l’Écriture qui complètent les instructions données ici :
Cela nous montre que nous avons à étudier la Parole dans son entier pour en dégager une ligne de conduite pratiquePsaume 19. 9 ; 119. 160.
Le deuxième paragraphe traite du délit, sujet déjà abordé en Lévitique 5 sous l’angle sacrificiel. Ici, la règle est la même : le tort causé à autrui est aussi une infidélité envers l’Éternel. Il convient de réparer le mal en restituant le principal, majoré d’un cinquième. Le mot clef de ce paragraphe est “confesseront” : la confession nous ouvre la porte du rétablissement de notre communion avec Dieu1 Jean 1. 9 et également celle du cœur de la (ou des) personnes offensées.
Le verset 8 examine le cas particulier où l’offensé est décédé sans laisser de proche parent1 à qui restituer le délit majoré, à défaut de l’intéressé. Dans ce cas, la restitution devait quand même avoir lieu, envers l’Éternel, par l’intermédiaire d’un “sacrificateur”. Ainsi, pour éviter une “racine d’amertume” Hébreux 12. 15 qui grossirait de génération en génération, nous devons réparer le tort commis envers un père décédé, vis-à-vis de ses enfants. Il peut aussi arriver qu’un tort soit désormais impossible à réparer ; dans ce cas, cherchons une personne spirituelle, en qui nous avons confiance (un “sacrificateur”), pour le lui confesser.
Une femme est soupçonnée d’infidélité – à tort ou à raison. “L’esprit de jalousie” vient alors sur son mari (verset 14). Cette jalousie du mari évoque celle de l’Éternel à propos de son peuple, souvent comparé par les prophètes à une femme infidèleÉzéchiel 16. 15. Pour nous, la jalousie de ce mari fait penser à celle du Seigneur, sentiment auquel Paul s’associe dans son ministère pour une assemblée2 Corinthiens 11. 2. Cette jalousie du Seigneur peut concerner un ensemble de croyants, comme un seul de ses rachetés1 Corinthiens 10. 22, lorsque nos affections se détournent de lui ou que nous n’avons pas égard à sa sainteté. Mais le Seigneur n’a pas du tout la même réaction affective qu’un mari jaloux, car bien qu’il soit un “Dieu jaloux” Exode 34. 14, il agit avec grâce.
Malgré ses soupçons, le mari veut le bien de sa femme qu’il aime toujours et il s’occupe d’elle pour la présenter au sacrificateur (verset 15). Avec amour, malgré sa jalousie, le mari intervient. Au lieu d’une discussion orageuse, il apporte pour elle son offrande. Il met à son propre compte ce que sa femme avait à présenter. Le Seigneur aime son assemblée et bien que jaloux, il pourvoit à tout pour la relever.
Cet homme va s’employer à toucher le cœur de sa femme. L’épha de farine d’orge qu’il apporte au sacrificateur (verset 15), nous dit jusqu’où, par amour, le Seigneur s’est abaissé2. Il s’est anéanti pour devenir homme et, dans cette condition humaine, il s’est abaissé. Il est le Seigneur de gloire, mais il a été aussi Jésus de Nazareth ; deux titres aussi éloignés que possible l’un de l’autre.
Toujours en vue de toucher le cœur et les affections, le sacrificateur prendra des eaux amères (verset 17). La poussière du sol du tabernacle évoque la mortEcclésiaste 12. 7 : “Tu m’as mis dans la poussière de la mort”, peut dire prophétiquement le Seigneur à propos de la croixPsaume 22. 16. Christ est mort pour l’assemblée : il l’a aimée et s’est livré lui-même pour elleÉphésiens 5. 25-27. Par l’action de l’Esprit et de la Parole (symbolisée par l’eau), la sentence de mort est appliquée à l’âme et manifeste s’il y a eu péché ou non. Si la femme est innocente, cette sentence de mort produit la vie2 Corinthiens 4. 10 : elle pourra enfanter (verset 28).
Regardez cette femme, tête nue, devant l’Éternel, en compagnie du sacrificateur et de son mari, mais tenant le gâteau sur ses paumes ! Et maintenant, voilà qu’elle entend le sacrificateur l’adjurer (versets 19-22) 3. Quelles paroles solennelles, susceptibles d’entraîner pire que la crainte, la panique, chez cette femme. Pénétrons-nous bien de cette scène, décrite avec tant de détails. Son dénouement est extraordinaire : la femme dit : “Amen, amen” ; elle reconnaît la gravité de sa situation et accepte les conséquences d’un éventuel jugement. Sa conscience est placée dans la lumière de Dieu.
Ensuite, le sacrificateur écrit le serment, mais l’efface. Ne voyons-nous pas, à travers lui, Jésus, courbé vers le sol, en présence de la femme adultère, écrire avec le doigt sur la terreJean 8. 3-11 ? La culpabilité de celle-ci était avérée, mais qui d’autre que Jésus avait – et a – la puissance de pardonner en vertu de sa grâce, d’effacer l’exécration ?
Enfin, le jugement était laissé à Dieu, qui manifesterait la réalité ou non de l’adultère. Si la femme était impure, elle aurait des difficultés pour marcher, et cela se verrait. Son ventre enflé donnerait l’illusion à ceux qui la verraient qu’elle attendait un enfant. Pourtant, elle resterait “au milieu de son peuple” (verset 27). Elle ne serait pas rejetée hors du camp, mais, étant maudite (“une exécration”), elle constituerait un avertissement vivant au milieu des siens.
Ce cas d’une femme soupçonnée peut également faire penser à une question que nous pouvons nous poser, individuellement ou collectivement : dans telle situation particulière compliquée ou confuse, y a-t-il impureté ? y a-t-il souillure ? On ne sait pas, on n’y voit pas clair. Certains pourraient se précipiter et déclarer qu’il s’agit d’un cas d’impureté ; d’autres dire le contraire. Mais la conduite sage et le vrai discernement sont de remettre cette incertitude entre les mains du Seigneur, sans lui fixer de délai, en restant soumis à sa Parole et à son Esprit qui discernent et révèlent toutÉphésiens 6. 17 ; Hébreux 4. 12. Et si notre frère est impliqué, souvenons-nous toujours que “l’amour n’impute pas le mal, croit tout, espère tout” 1 Corinthiens 13. 5-7.