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Le quatrième livre de Moïse dit les Nombres
Sondez les Écritures - 4e année

Nombres 6. 1-21

La sainteté

2. La sainteté intérieure : le nazaréat

Dieu s’était donc consacré une tribu particulière, celle de Lévi. Mais Dieu ne faisait pas de favoritisme et il fournit dans ce chapitre des instructions qui étendaient la consécration à tout Israélite qui le voulait, homme ou femme.

Le vœu de nazaréat : versets 1-8

Ce paragraphe développe les caractéristiques générales du nazaréat. La conclusion (verset 8) reprend l’introduction (verset 2). Entre les deux, l’Éternel énonce trois conditions qui devaient être respectées par le nazaréen (verset 3 à 7).

L’Écriture ne donne que peu d’exemples de nazaréens et aucun, semble-t-il, n’a pleinement suivi les trois prescriptions. Dans une mesure, Samson, Samuel, Amasia2 Chroniques 17. 16, Jean Baptiste et les RécabitesJérémie 35 furent des nazaréens. Quelques prophètes mentionnent leur présence en IsraëlAmos 2. 12 ; Lamentations de Jérémie 4. 7, 8. Mais il faut attendre l’incarnation du Fils de Dieu dans l’homme parfait de Nazareth pour voir un vrai, parfait, complet nazaréen de cœur1. Si l’Israélite l’était pour un temps limité, Jésus le fut pendant toute sa vie sur la terre, sans défaillanceHébreux 7. 26. Aujourd’hui encore, dans le ciel, le Seigneur se “sanctifie” pour nousJean 17. 19 ; Matthieu 26. 29.

Le verset 2 donne trois caractéristiques du nazaréat, à travers trois expressions :

  • “Si” : contrairement à l’Israélite, notre consécration n’est pas optionnelle1 Pierre 1. 2 ; néanmoins, Dieu attend un mouvement volontaire de notre part vers luiRomains 12. 1, 2.
  • “Un homme ou une femme” : la séparation pour Dieu est vue ici sous l’aspect individuel ; elle est indépendante de notre position ou d’un don quelconque ; Dieu accueille tous ceux qui, par une joyeuse décision de cœur, s’engagent pour lui.
  • “Se séparer” : Dieu met l’accent sur le côté positif (“pour être à l’Éternel”) et non, comme nous le faisons trop souvent, sur le côté négatif. La séparation n’est pas une frustration, car Dieu compense largement ce que nous abandonnons pour lui en nous donnant des joies différentes et bien supérieures.

Le nazaréen devait suivre trois prescriptions :

  • 1. S’abstenir de tout produit de la vigne (versets 3, 4) : la vigne et ses produits symbolisent ici les joies du monde sous toutes leurs formes, mais aussi tout ce qui excite la chair. Notre séparation du monde concerne tant les apparences extérieures (la “peau”) que ses principes de pensée, même les plus secrets (symbolisés par les “pépins” au centre du raisin) Colossiens 2. 8. Sous un autre angle, l’abus de vin a quelque ressemblance avec le résultat de l’action et de la puissance de l’Esprit, comme à la Pentecôte où les disciples, remplis de l’Esprit, furent accusés d’avoir buActes 2. 13 ; Lévitique 10. 9 : cela nous conduit à éviter soigneusement toute contrefaçon de l’activité de l’Esprit.
  • 2. Garder les cheveux longs : avoir les cheveux longs, pour un homme, est une honte1 Corinthiens 11. 14. Cette consigne représentait donc pour le nazaréen l’abandon de toute recherche de gloire personnelle. Si le vœu restait un secret entre le nazaréen et son Dieu, ses conséquences étaient visibles par tous : notre consécration intérieure doit se traduire par une conduite extérieure conséquente, même si celle-ci peut nous amener un opprobre qui a été la part du SeigneurPsaume 69. 21.
  • 3. Ne pas toucher de mort : la mort est la conséquence et la preuve du péchéGenèse 2. 17. Celui qui se consacre à Dieu veillera particulièrement à fuir toute occasion qui pourrait le mettre en position de pécher. Le verset 7 énumère divers cas où cette condition devait être particulièrement difficile à remplir ; de même aussi le Seigneur nous enseigne que “celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi” Matthieu 10. 37.

Comme le nazaréen en figure, le chrétien est également appelé à se tenir pour mort dans quatre domaines : au mondeGalates 6. 14, au “moi” Galates 2. 20, au péchéRomains 6. 11 et à la loiRomains 7. 4.

La rupture accidentelle du nazaréat : versets 9-12

Dieu, dans sa grâce, envisage une rupture de cette ligne continue de séparation par un contact possible avec la mort. Il énonce un protocole afin que le nazaréen ne perde pas le bénéfice de son vœu : il peut recommencer. Voilà bien la grâce de Dieu qui tient compte de nos insuffisances. Un péché accidentel – même grave – ne rompt pas définitivement notre consécration, même s’il interrompt notre communion et s’il nous fait perdre du temps dans notre progression spirituelle (“les premiers jours seront comptés pour rien”).

Les circonstances ayant facilité ce contact avec un mort sont de la même nature que celles dont nous parle le chapitre 19 ; elles peuvent se résumer en un manque de vigilance ou encore en une inadvertance. Effectivement, le nazaréen est surpris par cette mort subite auprès de lui (verset 9). Les instructions du chapitre 19 sur l’aspersion avec l’eau de purification au troisième et au septième jour sont sous-entendues ici2. C’est pour cela qu’il est précisé que sa tête sera rasée au septième jour de sa purification.

Le nazaréen devait apporter deux jeunes pigeons à l’entrée de la tente, comme le lépreux guéri au jour de sa purificationLévitique 14.

Il semble qu’il n’ait pas le droit d’entrer dans la tente et il faut que ce double sacrifice soit accompli pour qu’il puisse trouver un Dieu propice (verset 11). Si le croyant n’a pas à se convertir à nouveau à chaque péché, il doit néanmoins revenir au point de départ de sa vie spirituelle, au sacrifice de Christ.

L’autre offrande offerte par le nazaréen, en sacrifice pour le délit (verset 12), correspond au manquement à un vœu (chapitre 30) 3. Bien qu’accidentelle, cette rupture du nazaréat n’en était pas moins un manquement au vœu que cet homme avait formé.

La fin du nazaréat : versets 13-21

Le nazaréat se terminait par la présentation non pas de deux tourterelles mais de deux agneaux, en holocauste et en sacrifice pour le péché, et d’un bélier en sacrifice de paix (verset 14). Remarquons une double différence avec le paragraphe précédent qui traitait d’une rupture accidentelle et imprévue du même nazaréat. Ces agneaux présentés, à l’opposé des pigeons, figurent une croissance dans la maturité et le discernement spirituels pour apprécier Christ dans son sacrifice. De plus, ici, les quatre types d’offrandes sont présents.

L’achèvement de ce nazaréat a, semble-t-il, une double application :

  • pour nous-mêmes : c’est la fin de notre course chrétienne qui doit être tout entière consacrée au Seigneur ; c’est un achèvement en Christ, céleste et parfait ; le chrétien est introduit dans la joie de son Maître (verset 20) ;
  • pour le Seigneur lui-même : il a été le parfait nazaréen dès le ventre de sa mère2 Corinthiens 5. 21 ; 1 Pierre 2. 22 ; 1 Jean 3. 5 ; lui est le parfait sacrificateurExode 29 et il connaît une joie nouvelle, céleste, à la droite de son Père, l’œuvre du salut achevée, en attendant de se présenter son ÉglisePsaume 16. 11 ; 126. 6 ; Marc 14. 25 ; Hébreux 12. 2.

Un détail est à souligner concernant les cheveux : ils devaient être mis au feu, sous le sacrifice de paix (verset 18). C’est certainement dans la Parole le seul sacrifice qui mette en jeu une partie de notre corps. Nous l’avons dit, cette chevelure n’est pas sans signification morale : elle nous parle de la gloire de l’homme consacré et soumis. Notre séparation pour Dieu alimente notre communion avec lui et avec nos frères, selon la signification du sacrifice de paix. Nous retrouverons un enseignement comparable dans l’ordonnance de la génisse rousse (19. 6) : pour préparer l’eau de purification, il fallait mettre dans le feu de l’hysope et du cèdre, signe de la petitesse et de la grandeur.

Le dernier geste du sacrificateur (verset 19) indique que la pleine et parfaite consécration du nazaréen (en figure, notre position éternelle dans la joie de la maison du Père) repose moins sur son propre vœu (verset 2) que sur la vie et la mort de Christ (versets 14-17).

La fin du paragraphe nous montre le progrès spirituel acquis par cet homme à la fin de son nazaréat, dans l’appréciation de Christ, dans sa personne et dans son œuvre. Toute séparation qui ne conduirait pas à un tel résultat ne serait sans doute qu’une forme plus ou moins cachée de pharisaïsme4.

Notes

1Jésus ne l’était pourtant pas extérieurement ; il fut appelé “l’ami des pécheurs” et les pharisiens lui reprochaient de boire (Luc 7. 34). Il toucha aussi la fille de Jaïrus qui venait de mourir. Quant à sa chevelure, en dépit de l’imagerie populaire, nul ne sait si le Seigneur portait les cheveux longs.
2Comme pour les cas d’impureté du chapitre précédent, il est nécessaire de connaître la Parole dans son ensemble et les divers passages qui traitent d’un même sujet pour définir la conduite à tenir.
3Tout péché entraîne une rupture de communion, c’est pourquoi le sacrifice de paix n’est pas mentionné. L’offrande de gâteau, qui symbolise l’humanité parfaite du seul vrai nazaréen, Christ, est également absente.
4Comportement hypocrite de dévotion affectée et de piété orgueilleuse qui caractérisaient la secte des pharisiens au temps du Seigneur.

Nombres 6

1Et l’Éternel parla à Moïse, disant : 2Parle aux fils d’Israël, et dis-leur : Si un homme ou une femme se consacre en faisant vœu de nazaréata, pour se séparer [afin d’être] à l’Éternel, 3il s’abstiendrab de vin et de boisson forte, il ne boira ni vinaigre de vin, ni vinaigre de boisson forte, et il ne boira d’aucune liqueur de raisins, et ne mangera point de raisins, frais ou secs. 4Pendant tous les jours de son nazaréatc, il ne mangera rien de ce qui est fait de la vigned, depuis les pépins jusqu’à la peau. 5Pendant tous les jours du vœu de son nazaréat, le rasoir ne passera pas sur sa tête ; jusqu’à l’accomplissement des jours pour lesquels il s’est séparé [pour être] à l’Éternel, il sera saint ; il laissera croître les boucles dese cheveux de sa tête. 6Pendant tous les jours de sa consécrationf à l’Éternel, il ne s’approchera d’aucune personne morte. 7Il ne se rendra pas impur pour son père, ni pour sa mère, [ni] pour son frère, ni pour sa sœur, quand ils mourront ; car le nazaréat de son Dieu est sur sa tête. 8Pendant tous les jours de son nazaréat, il est consacré à l’Éternel. 9Et si quelqu’un vient à mourir subitement auprès de lui, d’une manière imprévue, et qu’il ait rendu impure la tête de son nazaréat, il rasera sa tête au jour de sa purification ; il la rasera le septième jour. 10Et le huitième jour il apportera au sacrificateur deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, à l’entrée de la tente d’assignation. 11Et le sacrificateur offrira l’un en sacrifice pour le péché, et l’autre en holocauste, et fera propitiation pour lui de ce qu’il a péché à l’occasion du mort ; et il sanctifiera sa tête ce jour-là. 12Et il consacrerag à l’Éternel les jours de son nazaréat, et il amènera un agneau, âgé d’un an, en sacrifice pour le délit ; et les premiers jours seront comptés pour rien, car il a rendu impur son nazaréat.

13Et c’est ici la loi du nazaréen : au jour où les jours de son nazaréat seront accomplis, on le fera venir à l’entrée de la tente d’assignation ; 14et il présentera son offrande à l’Éternel, un agneau mâle, âgé d’un an, sans défaut, pour holocauste, et un agneau femelle, âgé d’un an, sans défaut, en sacrifice pour le péché, et un bélier sans défaut, pour sacrifice de prospérités ; 15et une corbeille de pains sans levain, des gâteaux de fleur de farine pétris à l’huile, et des galettes sans levain ointes d’huile, et leur offrande de gâteau et leurs libations. 16Et le sacrificateur les présentera devant l’Éternel, et il offrira son sacrifice pour le péché, et son holocauste ; 17et il offrira le bélier en sacrifice de prospérités à l’Éternel, avec la corbeille des pains sans levain ; et le sacrificateur offrira son offrande de gâteau et sa libation. 18Et le nazaréen rasera, à l’entrée de la tente d’assignation, la tête de son nazaréat, et il prendra les cheveux de la tête de son nazaréat et les mettra sur le feu qui est sous le sacrifice de prospérités. 19Et le sacrificateur prendra l’épaule cuite du bélier, et un gâteau sans levain de la corbeille, et une galette sans levain, et il les mettra sur les paumes des mains du nazaréen, après qu’il aura fait raser [les cheveux de] son nazaréat. 20Et le sacrificateur les tournoiera en offrande tournoyée devant l’Éternel : c’est une chose sainte qui appartient au sacrificateur, avec la poitrine tournoyée, et avec l’épaule élevée. Et après cela le nazaréen boira du vin.

21Telle est la loi du nazaréen qui se sera voué, [telle] son offrande à l’Éternel pour son nazaréat, outre ce que sa main aura pu atteindre ; selon son vœu qu’il aura fait, ainsi il fera, suivant la loi de son nazaréat.

Notes

alitt. : de nazaréen.
blitt. : se séparera.
cséparation.
dlitt. : vigne à vin.
eou : librement les.
flitt. : séparation.
glitt. : séparera.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)