Dieu s’était donc consacré une tribu particulière, celle de Lévi. Mais Dieu ne faisait pas de favoritisme et il fournit dans ce chapitre des instructions qui étendaient la consécration à tout Israélite qui le voulait, homme ou femme.
Ce paragraphe développe les caractéristiques générales du nazaréat. La conclusion (verset 8) reprend l’introduction (verset 2). Entre les deux, l’Éternel énonce trois conditions qui devaient être respectées par le nazaréen (verset 3 à 7).
L’Écriture ne donne que peu d’exemples de nazaréens et aucun, semble-t-il, n’a pleinement suivi les trois prescriptions. Dans une mesure, Samson, Samuel, Amasia2 Chroniques 17. 16, Jean Baptiste et les RécabitesJérémie 35 furent des nazaréens. Quelques prophètes mentionnent leur présence en IsraëlAmos 2. 12 ; Lamentations de Jérémie 4. 7, 8. Mais il faut attendre l’incarnation du Fils de Dieu dans l’homme parfait de Nazareth pour voir un vrai, parfait, complet nazaréen de cœur1. Si l’Israélite l’était pour un temps limité, Jésus le fut pendant toute sa vie sur la terre, sans défaillanceHébreux 7. 26. Aujourd’hui encore, dans le ciel, le Seigneur se “sanctifie” pour nousJean 17. 19 ; Matthieu 26. 29.
Le verset 2 donne trois caractéristiques du nazaréat, à travers trois expressions :
Le nazaréen devait suivre trois prescriptions :
Comme le nazaréen en figure, le chrétien est également appelé à se tenir pour mort dans quatre domaines : au mondeGalates 6. 14, au “moi” Galates 2. 20, au péchéRomains 6. 11 et à la loiRomains 7. 4.
Dieu, dans sa grâce, envisage une rupture de cette ligne continue de séparation par un contact possible avec la mort. Il énonce un protocole afin que le nazaréen ne perde pas le bénéfice de son vœu : il peut recommencer. Voilà bien la grâce de Dieu qui tient compte de nos insuffisances. Un péché accidentel – même grave – ne rompt pas définitivement notre consécration, même s’il interrompt notre communion et s’il nous fait perdre du temps dans notre progression spirituelle (“les premiers jours seront comptés pour rien”).
Les circonstances ayant facilité ce contact avec un mort sont de la même nature que celles dont nous parle le chapitre 19 ; elles peuvent se résumer en un manque de vigilance ou encore en une inadvertance. Effectivement, le nazaréen est surpris par cette mort subite auprès de lui (verset 9). Les instructions du chapitre 19 sur l’aspersion avec l’eau de purification au troisième et au septième jour sont sous-entendues ici2. C’est pour cela qu’il est précisé que sa tête sera rasée au septième jour de sa purification.
Le nazaréen devait apporter deux jeunes pigeons à l’entrée de la tente, comme le lépreux guéri au jour de sa purificationLévitique 14.
Il semble qu’il n’ait pas le droit d’entrer dans la tente et il faut que ce double sacrifice soit accompli pour qu’il puisse trouver un Dieu propice (verset 11). Si le croyant n’a pas à se convertir à nouveau à chaque péché, il doit néanmoins revenir au point de départ de sa vie spirituelle, au sacrifice de Christ.
L’autre offrande offerte par le nazaréen, en sacrifice pour le délit (verset 12), correspond au manquement à un vœu (chapitre 30) 3. Bien qu’accidentelle, cette rupture du nazaréat n’en était pas moins un manquement au vœu que cet homme avait formé.
Le nazaréat se terminait par la présentation non pas de deux tourterelles mais de deux agneaux, en holocauste et en sacrifice pour le péché, et d’un bélier en sacrifice de paix (verset 14). Remarquons une double différence avec le paragraphe précédent qui traitait d’une rupture accidentelle et imprévue du même nazaréat. Ces agneaux présentés, à l’opposé des pigeons, figurent une croissance dans la maturité et le discernement spirituels pour apprécier Christ dans son sacrifice. De plus, ici, les quatre types d’offrandes sont présents.
L’achèvement de ce nazaréat a, semble-t-il, une double application :
Un détail est à souligner concernant les cheveux : ils devaient être mis au feu, sous le sacrifice de paix (verset 18). C’est certainement dans la Parole le seul sacrifice qui mette en jeu une partie de notre corps. Nous l’avons dit, cette chevelure n’est pas sans signification morale : elle nous parle de la gloire de l’homme consacré et soumis. Notre séparation pour Dieu alimente notre communion avec lui et avec nos frères, selon la signification du sacrifice de paix. Nous retrouverons un enseignement comparable dans l’ordonnance de la génisse rousse (19. 6) : pour préparer l’eau de purification, il fallait mettre dans le feu de l’hysope et du cèdre, signe de la petitesse et de la grandeur.
Le dernier geste du sacrificateur (verset 19) indique que la pleine et parfaite consécration du nazaréen (en figure, notre position éternelle dans la joie de la maison du Père) repose moins sur son propre vœu (verset 2) que sur la vie et la mort de Christ (versets 14-17).
La fin du paragraphe nous montre le progrès spirituel acquis par cet homme à la fin de son nazaréat, dans l’appréciation de Christ, dans sa personne et dans son œuvre. Toute séparation qui ne conduirait pas à un tel résultat ne serait sans doute qu’une forme plus ou moins cachée de pharisaïsme4.