Les Lévites campaient autour du tabernacle, dont ils avaient la garde (1. 50b, 53). Les Israélites campaient autour des Lévites, vis-à-vis de la tente de la rencontre (2. 2). Le tabernacle était donc le centre de tout le camp d’Israël. Sa présence en un point donné commandait et ordonnait le rassemblement autour de lui. Ni les Israélites ni les Lévites ne se groupaient selon leur propre mouvement, comme si le tabernacle venait ensuite au milieu d’eux pour les valoriser ou les rassurer quant à la valeur de leur rassemblement. S’il en avait été ainsi, les fils d’Israël auraient trouvé de quoi se glorifier.
D’une manière générale, dans tout le livre des Nombres, et plus particulièrement dans les chapitres 1 à 4, les Israélites ne devaient pas agir selon leur conscience, leur bon sens ou leurs vues personnelles, mais d’après les instructions données par l’Éternel à Moïse. Par exemple, la tribu de Lévi était sous la dépendance de la sacrificature : Ithamar (4. 28, 33) ou Éléazar (4. 16).
Pour les croyants de la période de la grâce, l’important est donc d’être assemblés par Christ, une fois qu’ils ont discerné le lieu de sa présence. Les croyants sont là à cause de lui ; il s’ensuit qu’il est au milieu d’euxMatthieu 18. 20 ; mais le Seigneur n’est pas là à cause des croyants.
Les Lévites campaient autour du tabernacle “afin qu’il n’y ait point de colère sur l’assemblée des fils d’Israël” (1. 53). Ils constituaient une garde rapprochée pour le tabernacle, par rapport au peuple comme par rapport aux ennemis du peuple (1. 51). Ils étaient donc un obstacle dissuasif entre le tabernacle et le monde. En ce sens, ils avaient un rôle militaire, sans toutefois prendre les armes. Ils représentent des personnes particulièrement attachées à la sauvegarde du témoignage que les chrétiens doivent rendre au Seigneur. Ces personnes ont à cœur de préserver le peuple de Dieu d’influences néfastes, car la recherche de la gloire de Dieu et celle du bien de son peuple sont indissolublement liées. On ne peut sauvegarder le témoignage de Dieu dans ce monde en fustigeant son peuple.
La présence des Lévites entre le tabernacle et le peuple fait partie de la longue liste des preuves de la grâce de Dieu envers son peuple dans le livre des Nombres.
A chaque arrêt du peuple, l’ordre de campement n’était pas laissé au libre choix de chacun, ni de chaque famille, ni de chaque tribu. Même dans la liberté où Christ nous a placésGalates 5. 1, il n’est pas question de nous laisser aller à agir selon notre volonté. Celle-ci ne serait que la manifestation de notre chair et de nos convoitises1 Pierre 2. 15, 16.
Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix1 Corinthiens 14. 33. L’ordre et la paix conviennent à sa maison1 Timothée 3. 15. C’est pourquoi le chapitre 2 décrit très précisément le campement des tribus. La discipline et l’ordre, dans nos vies personnelles et collectives, sont bienfaisants pour notre équilibre et combattent notre égoïsme. Les tribus étaient groupées trois par trois et chaque groupe dépendait d’une bannière, rattachée à la première des trois tribus. Cela ne suggère-t-il pas la solidarité de voisinage qui existe entre différents rassemblements1Colossiens 4. 16 ? On a pu rapprocher cette prééminence d’une tribu avec la reconnaissance d’un rôle plus moteur que le Seigneur peut parfois donner à un rassemblement.
Le camp était disposé aux quatre points cardinaux. L’ennemi cherche à pénétrer le peuple de Dieu de tous côtés : si une tribu n’occupait plus sa place, une brèche était ouverte. De même, la faillite d’un rassemblement local est préjudiciable à l’Église entière.
Non seulement les douze tribus campaient selon un schéma divin, mais encore elles devaient partir dans un ordre précis (2. 9, 16, 24, 31). Peut-être, si les choses avaient été laissées à l’initiative humaine, on aurait souhaité un “roulement”, inspiré de l’équilibre démocratique, mais le raisonnement de l’homme est loin d’être celui de Dieu. Nous pouvons penser que s’arrêter toujours le premier ou partir toujours le dernier impliquait un certain lot de contraintes inamovibles. Dieu ne voit pas les choses ainsi ; sa puissance et sa grâce étaient à l’œuvre pour soutenir la foi, l’obéissance et le cœur des plus défavorisés en apparence. Que chacun médite devant le Seigneur pour appliquer cela à son cas personnel.
Les fils d’Israël campaient :
Mais l’accès à Dieu n’était pas encore pleinement ouvert et les fils d’Israël restaient “à distance”, tandis qu’aujourd’hui, Dieu nous invite à nous “approcher” en pleine assuranceHébreux 4. 16 ; 10. 19-22. La bannière servait de ralliement : beaucoup de chrétiens se choisissent leur propre bannière, soit un homme dont ils se réclament, soit une doctrine particulière qu’ils mettent en avant. Mais Dieu ne reconnaît qu’un seul centre de rassemblement, son Fils, qu’il a donné pour être la tête de l’assembléeÉphésiens 1. 22 ; 5. 23. Lui seul est “un porte-bannière entre dix mille” Cantique des cantiques 5. 10.
Au verset 17, comme dans tout le livre des Nombres, le peuple de Dieu est vu en mouvement, et non pas statique. Spirituellement aussi, Dieu nous demande d’avancer. Les objets du tabernacle restaient les mêmes pendant toute la traversée du désert ; de même pour nous, la vérité biblique – en particulier concernant Christ et son assemblée – ne varie pas. Mais nous sommes appelés à progresser sous la direction divine pour rechercher, ensemble et chacun pour soi, une meilleure connaissance spirituelle de la vérité2. Paul invitait les Éphésiens à croître pour “comprendre avec tous les saints” Éphésiens 3. 18. L’ambition spirituelle, dans le sens du désir de toujours progresser dans la vérité divine, est légitime et encouragée par le Seigneur2 Pierre 3. 18. Certes, il est plus confortable de rester sur ses acquis que de chercher à croître. Pourtant la vie chrétienne est souvent comparée à une course. L’assemblée de Dieu est un peuple en marche, et le chrétien qui reste immobile à l’écart perd le contact et ne participe pas à ses exercices. Tout croyant et tout rassemblement local doivent faire face à une situation toujours nouvelle, sans refuser les exercices qu’éviterait l’immobilisme, ni rejeter l’ordre que Dieu a établi. Et c’est dans l’immuable parole de Dieu que l’on trouve les ressources qui s’appliquent aux nouveaux problèmes que nous pose un environnement en constant changement.
Le dernier verset résume à merveille ce qui se voyait et ce qui se vivait dans le peuple dans le respect des prescriptions de l’Éternel. Celles-ci mettaient de côté toute initiative humaine ou tout ce qui aurait été laissé au libre choix du peuple ou de ses chefs. Si cet état d’esprit avait perduré, le voyage du peuple aurait été plus court. Quant à nous, la vie de l’assemblée et des divers rassemblements serait plus paisible et plus ordonnée. Quatre expressions de ce verset 34 nous indiquent quatre formes différentes de soumission que le Seigneur nous demande en vue d’une vie collective harmonieuse :