Jésus a mis en garde les disciples contre les conducteurs religieux au comportement vaniteux et hypocrite. Maintenant, il interpelle directement ces chefs dévoyés, qui entraînent avec eux dans le malheur éternel ceux qui reçoivent leur enseignement trompeur. Il prononce sur eux sept malheurs.
Dans le premier malheur (verset 13), le Seigneur stigmatise la conduite des scribes qui ont “enlevé la clef de la connaissance” Luc 11. 52 aux hommes, de sorte qu’ils ne peuvent entrer dans le royaume des cieux. Jésus a déjà enseigné que cette entrée est réservée à ceux qui reconnaissent l’autorité du roi, de Christ, et non celle des pharisiens. La porte s’ouvre devant ceux qui deviennent comme de petits enfants (11. 25 ; 19. 14). L’orgueil des conducteurs interdisait au peuple l’entrée du royaume ; leur enseignement adapté à l’homme non régénéré le laissait dans son incrédulité. Ceux qui entraient (verset 13) ne pouvaient franchir la porte que par violence (11. 12). Aujourd’hui comme alors, la porte s’ouvre devant ceux qui sont nés de nouveauJean 3. 3, 5.
La religion qui s’adresse à l’homme naturel est un moyen efficace dans la main du diable pour empêcher la vérité de Dieu d’exercer sa puissance sur la conscience et sur le cœur de l’homme. L’âme est alors privée de la lumière de Dieu ; elle ne se soumet pas à l’autorité de sa Parole, et devient esclave de formes religieuses trompeuses.
Le deuxième malheur (verset 15) s’adresse à ces mêmes séducteurs qui rassemblent autour d’eux-mêmes. Ils attirent des prosélytes1 par une doctrine séduisante mais destructrice ; ceux-ci deviennent de fervents adeptes de leur secte qui ne peut que mûrir pour le jugement. Tels seront certains meneurs juifs agissant parmi les nations ; ils prôneront l’obligation de la circoncision pour les chrétiens nouvellement convertis. Ils voudront par ce moyen se glorifier à leur dépens, en les détachant de la vraie foi chrétienneGalates 6. 12, 13. Les “sectes de perdition” 2 Pierre 2. 1 actives dans le prosélytisme ne manquent pas de nos jours ; Jésus prédit ici leur fin.
Quatre fois dans ces quelques versets, le Seigneur relève l’aveuglement de ces gens qui prétendaient guider le peuple ; ils le conduisaient dans les ténèbres et vers le jugement.
Le troisième malheur (versets 16-22) est prononcé sur eux, car ils méprisaient le caractère sacré de la maison de Dieu, son temple, au profit de choses matérielles, bien que consacrées ; ils dénaturaient l’autel de Dieu en ne retenant que l’offrande. Cette religion qui s’appuie sur des choses visibles a toujours la faveur de l’homme. On avait l’habitude en ce temps-là de jurer pour tout engagement ; ces “guides” en profitaient pour détourner les âmes du Dieu vivant en les fixant sur des objets visibles. A cause de ces déviations de tous genres, le Seigneur avait déjà enjoint aux fidèles de ne pas jurer du tout (5. 33-37).
Le quatrième malheur (versets 23, 24) s’adresse à des hypocrites qui remplacent la libre obéissance à la volonté de Dieu par des offrandes compensatoires inventées par l’homme ; ce système religieux demeure aujourd’hui. Payer la dîme était une ordonnance prescrite par l’ÉternelDeutéronome 14. 22-29, et Jésus la maintient, bien qu’il ne soit pas fait mention de ces herbes aromatiques ou médicinales dans la loi de Moïse. Cependant, il demande avant tout que soient exercés le jugement, la miséricorde et la fidélité, vertus qui ont du prix pour Dieu parce qu’elles témoignent de la vie divine dans le croyant.
Un incrédule peut fort bien apaiser sa conscience en “payant la dîme” sur beaucoup de choses, mais Dieu regarde au cœur. Le jugement du croyant, éclairé par la Parole de Dieu, le conduit à pratiquer ce qui est juste ; la miséricorde est un caractère du Père reproduit dans le cœur des enfants ; la fidélité est la mise en pratique constante de la foi en Dieu ; rien ne saurait remplacer ces vertus.
Jésus juge sévèrement ces hommes qui s’attachent à de petits détails extérieurs sans intérêt. Il les compare à ceux qui filtraient leur eau pour ne pas avaler de moucheron. Il est plus important de ne pas “avaler le chameau”, de ne pas se rendre coupable de ces fautes graves si souvent relevées chez ces mauvais conducteurs : hypocrisie, orgueil, cupidité, oppression des âmes.
Dans le cinquième malheur (versets 25, 26), le Seigneur dénonce l’hypocrisie de ceux qui s’attachent avant tout à une belle apparence extérieureGalates 6. 12. Dieu examine l’état intérieur de l’homme, son être moral ; lui seul le discerne avec exactitude et en jugeraHébreux 4. 13 ; Romains 14. 10-12. Les tristes fruits de la chair se manifestaient chez ces pharisiens : la rapine, c’est-à-dire le pillage insidieux des biens de ceux qui étaient séduits, et l’intempérance ou dérèglement de leur conduite. De tels vices se retrouvent chez beaucoup de chefs de sectes. En contraste, Jésus affirme que la recherche de la pureté intérieure est la seule manière de produire un témoignage extérieur à la gloire de Dieu.
Le sixième malheur (versets 27, 28) est prononcé sur ceux qui, dans le même esprit d’hypocrisie, soignent ce qui se voit sans s’inquiéter de la corruption intérieure. Selon la loi, celui qui touchait un ossement ou un sépulcre devait se purifierNombres 19. 16. Jésus a clairement établi, dans un enseignement précédent, que ce qui souille vient de l’intérieur de l’homme ; c’est de cela qu’il faut être purifié (15. 1, 2, 17-20). Telle est l’application spirituelle de la loi.
Les pharisiens comparés aux sépulcres blanchis, beaux à l’extérieur mais masquant la mort, ne se souciaient guère de plaire à Dieu ; ils paraissaient “justes aux hommes”, alors qu’ils étaient pleins d’iniquité. Quel malheur les atteindra ! Croyants, veillons toujours à ce que notre apparence, nos paroles, nos actions, correspondent à notre état intérieur.