Jésus a placé les pharisiens devant leur culpabilité d’une manière solennelle (21. 45). Ils ont cherché à se saisir de lui, mais ont reculé devant la foule. Ils usent de ruse maintenant pour “l’enlacer” dans ses paroles et trouver un motif d’accusation. Mais ils ont affaire à celui qui prend les sages dans leurs rusesJob 5. 13 ; 1 Corinthiens 3. 19, 20 ; ils vont se trouver pris dans leur propre filet. Après avoir tenu conseil, ils envoient à Jésus leurs disciples avec les hérodiens, sans se compromettre eux-mêmes. Ils acceptent en effet une alliance hypocrite (verset 18) : les pharisiens étaient en rébellion perpétuelle contre l’autorité occupante, alors que les hérodiens étaient des opportunistes ; prêts à collaborer avec les Romains, ils exerçaient souvent des fonctions enviées, sous la protection d’Hérode l’usurpateur. Ces deux sectes s’entendent donc pour tendre un piège au Seigneur sur un terrain où elles s’opposent : faut-il payer l’impôt prélevé par Rome ?
Ces hommes rusés flattent Jésus pour mieux l’enlacer. Leurs flatteries ne sont pas mensongères, cependant ; elles rendent un témoignage obligé à la vérité qui est en JésusÉphésiens 4. 21 : lui seul est vrai, tout autre homme est menteurRomains 3. 4. Lui est la vérité et ouvre le seul chemin qui conduit au Dieu vivant et vrai (verset 16) Jean 14. 6 ; 1 Thessaloniciens 1. 9. Il n’use pas de détours pour affirmer sa pensée ou confondre ses adversaires, il ne s’embarrasse de personne ; ses contradicteurs vont en faire l’expérience.
“Est-il permis de payer le tribut à César, ou non” ? Cette question est d’une subtile malice. Si Jésus répond : non, il devient rebelle au gouvernement de Rome, et peut être condamné. S’il répond : oui, il se met, aux yeux du peuple, du côté de l’oppresseur et des publicains haïs qui perçoivent cet impôt. Jésus commence par dénoncer l’hypocrisie de ces hommes qui cherchent à le surprendre tout en le couvrant de compliments. Puis il demande à voir la monnaie du tribut ; lui, le Créateur, peut disposer de toutes choses ici-bas (17. 27), mais il n’a pas un seul denier sur lui. On lui en présente un ; il le tourne et le retourne : de qui est cette effigie ? C’est celle de César, et l’inscription est latine. Quelle flèche pour ces hommes juifs !
Les principaux du peuple, au temps de Néhémie, avaient confessé devant l’Éternel qu’ils étaient au service de l’oppresseur à cause de leurs péchés, et que celui-ci s’enrichissait à leur dépensNéhémie 9. 36, 37. Au temps du Seigneur, les Juifs sont moralement endurcis et ne confessent rien. Cependant Jésus doit leur dire : “Rendez donc les choses de César à César” ; ils sont obligés de le faire, parce qu’ils n’ont pas rendu les choses de Dieu à Dieu. Il leur faut se soumettre aux autorités établies par Dieu sur eux, et revenir aussi aux choses de Dieu, au domaine de la foi, de la justice, de la piété, de l’honneur qui revient à Dieu et à son Christ. C’est en faisant ainsi qu’ils obtiendront la délivrance.
Dans cette réponse lapidaire, Jésus nous parle aussi. Le croyant répond en vivant de foi ; il s’attache aux choses invisibles, celles de Dieu ; il lui rend honneur et louange. Il ne “s’embarrasse pas dans les affaires de la vie” ; par contre il se soumet à ce qu’ordonnent les autorités de son pays, dans la mesure où celles-ci ne s’opposent pas à ce qui est dû à DieuActes 5. 29 ; Romains 13. 1, 7 ; 2 Timothée 2. 4.
Une troisième secte, celle des sadducéens, se présente à nouveau (16. 1). Leur levain doctrinal est particulièrement pernicieux (16. 6, 11, 12). Ils nient la résurrection des corps, ainsi que l’existence des anges et des démons. Ils ne se fient qu’à ce qu’ils voient. Ces gens gardent une forme religieuse, mais sont des incrédules ; ils interprètent les Écritures selon les pensées de l’homme, sans la foi. Depuis lors, ce levain a envahi la chrétienté.
Ces sadducéens pensent surprendre le Seigneur par un raisonnement spécieux. Selon la coutume légale du léviratDeutéronome 25. 5-10, un beau-frère se devait de venir vers la femme de son frère défunt pour lui susciter une descendance, si celle-ci n’avait pas eu d’enfant. S’il y a réellement une résurrection des morts, auquel des frères la femme sera-t-elle unie dans l’avenir ? Jésus dénonce alors l’incrédulité qui les égare (verset 29). Ils ne peuvent pas comprendre la Parole de Dieu, puisque la foi seule le permet ; ils ignorent la puissance de Dieu en résurrection.
Jésus ne leur présente que la première résurrection, celle des justes, qui seront ressuscités “d’entre les morts” Marc 12. 25. Ce jour-là, les relations terrestres auront pris fin ; les conditions de la vie présente auront disparu, et les corps glorieux des rachetés seront dans un état permanent de sainteté, comme le sont les anges dans le ciel.
Jésus confirme ce qu’il vient de dire, en citant les Écritures : Dieu s’appelle le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. C’est à Moïse qu’il s’était ainsi adresséExode 3. 6 bien longtemps après la mort de ces patriarches. Pour Dieu, ces hommes vivent ; ils ont mis leur foi en lui et en la résurrection : leur vie passée et leur sépulture en témoignentRomains 4. 17 ; Hébreux 11. 19. Les promesses que Dieu leur a faites sont assurées, leur foi les a saisies ; c’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, savoir d’être appelé leur Dieu. Pour lui, ces hommes de foi vivent à toujours et recevront bientôt en résurrection les choses promisesHébreux 11. 13, 16, 39, 40.
Les foules ont entendu les paroles du Seigneur, elles s’étonnent. Elles entendent mais ne comprennent pas ce que dit Jésus (13. 14) : cela leur paraît incroyable. Cela l’est toujours pour une foule de “chrétiens” aujourd’hui. La foi en la résurrection des corps est pourtant un point capital de “la doctrine du Christ” (verset 33) 2 Jean 9. Sans elle, il n’y a point de certitude, point de lumière ni de salut1 Corinthiens 15. 13, 14, 17.