Jésus présente aux chefs du peuple une deuxième parabole. La première avait souligné leur incapacité et leur refus d’accomplir la volonté de Dieu, inscrite dans sa loi. Celle-ci fait ressortir leur méchanceté : leurs pères n’ont pas voulu écouter la parole des prophètes ; eux méprisent celle du Fils et se préparent à le mettre à mort.
Le Seigneur reprend l’image connue de la vigne pour parler du peuple d’Israël (chapitre 20) Ésaïe 5. 1-7. Dieu avait planté sa vigne, afin qu’elle portât du fruit pour son plaisir : “J’ai formé ce peuple pour moi-même ; ils raconteront ma louange” Ésaïe 43. 21. Jésus reprend la description du prophète Ésaïe. Il montre avec quel soin le maître de maison avait préparé sa vigne : il l’avait environnée d’une clôture pour la séparer des nations idolâtres et plongées dans les ténèbresÉphésiens 2. 12-14. Il avait creusé un pressoir pour tirer de son fruit le vin de la joie. Il avait bâti une tour pour que ses gardiens veillent sur le vignoble.
Dans l’A.T. Dieu constate que sa vigne ne produit que des raisins sauvages. Il abat sa clôture et la livre à la dévastationJérémie 2. 21 ; Psaume 80. 8-16. Ici, Jésus montre la responsabilité de ceux à qui Dieu avait confié sa vigne. Eux devaient en prendre soin, le maître ne se manifestant qu’à la saison des fruits.
Autrefois, Dieu avait envoyé ses serviteurs, ses prophètes, en grand nombre. Ceux-ci n’avaient pas vu de fruit ; par contre, on s’était moqué d’eux, on avait méprisé leurs paroles, on les avait persécutés2 Chroniques 36. 15, 16. Le Seigneur passe sous silence la manière dont l’Éternel avait jugé son peuple à ce moment-là ; il place d’emblée ses contemporains dans la lignée de ces méchants cultivateurs.
D’une manière générale, ceux-ci symbolisent l’homme naturel, placé dans les meilleures conditions possibles. Il reste sans fruit pour Dieu et manifeste en fin de compte sa haine et sa révolte contre lui ; mais Dieu est amour.
Au lieu de rendre aux cultivateurs selon leur méchanceté, le maître de maison envoie son fils, un fils unique et bien-aiméMarc 12. 6 : “ils auront du respect pour mon fils”. L’iniquité des vignerons parvient alors à son comble : pour s’emparer de l’héritage de la vigne, ils tuent le fils unique du maître des lieux.
Tout est parfaitement clair dans cette allégorie ; pourtant, ces gens lettrés mais aveuglés ne reconnaissent pas le fils ; ils ne sont pas repris dans leur conscience. Le fils, l’héritier de la vigne, c’est Jésus. Ces méchants hommes l’ont rejeté, jeté hors de la vigne, et s’apprêtent à le tuer. Ils cherchent à s’emparer de l’héritage, et continueront à persécuter les envoyés de Dieu1 Thessaloniciens 2. 14-16. Le châtiment qu’ils méritent, ils le prononcent eux-mêmes sans le savoir : ils périront quarante ans plus tard, et Dieu confiera sa vigne aux gens des nations qu’ils méprisent (verset 41).
Nous qui maintenant avons reçu par grâce ce privilège de travailler dans la vigne du Seigneur, lui rendons-nous ce qui lui est dû ? Romains 7. 4 ; Colossiens 1. 10 Y trouvons-nous notre plaisir ?
Les chefs du peuple ne se sont pas sentis concernés par la parabole ; leur conclusion, juste en elle-même, le prouve (verset 41). Jésus tire alors de l’Écriture une autre comparaison pour les confondre. “N’avez-vous jamais lu…” ? leur dit Jésus une fois de plus (12. 3, 5 ; 19. 4 ; 21. 16 ; 22. 31). Bien sûr, ils avaient lu et relu, mais sans comprendre (24. 15). L’édifice de Dieu est aussi confié à la responsabilité de l’homme. Jésus, qu’ils rejettent hors de la vigne, est aussi la pierre angulaire de la maison d’Israël, celle qui donne la solidité à l’édifice. Ces prétendus constructeurs ne font qu’une œuvre destructrice en rejetant cette maîtresse pierre de coin : ils en portent le grave préjudice.
L’apôtre Pierre1 Pierre 2. 6-8 reprendra la parole citée par le SeigneurPsaume 118. 22, 23, et la compléteraÉsaïe 28. 16 ; 8. 14. Pierre parle de la maison de Dieu actuelle, l’Assemblée, que Christ bâtit et fonde sur le roc de sa propre personne (16. 18). Les “désobéissants” rejettent cette maîtresse pierre de coin, comme les Juifs en ce temps-là. Mais ceux qui aiment Dieu s’attachent à cette pierre “élue, précieuse” aux yeux de Dieu ; ils la trouvent “merveilleuse devant leurs yeux”. Ils sont dans le royaume de Dieu (verset 43) où tout est selon sa pensée, et où Christ règne dans les cœurs. Là, Dieu ne demande plus rien, mais il donne ; en retour, il reçoit des fruits abondants.
Puis Jésus évoque en contraste la prophétie d’ÉsaïeÉsaïe 8. 14, 15 à l’égard de la nation d’Israël incrédule : le Christ est pour elle une pierre d’achoppement (verset 44) contre laquelle elle trébuche et se brise ; l’apôtre Paul le confirmeraRomains 9. 32, 33. Il en est de même dans la chrétienté, dit l’apôtre Pierre1 Pierre 2. 7, 8 ; cette multitude de gens religieux et très actifs pour bâtir, mais en mettant de côté Jésus Christ le seul fondement, heurtent contre la parole et seront brisés.
Jésus ajoute : “celui sur qui elle tombera, elle le broiera”. Il évoque un temps encore à venir annoncé par Daniel le prophète : une pierre se détachera sans mains de la montagne, et broiera la grande statue, splendeur de l’hommeDaniel 2. 34, 35, 44, 45. Le grand empire des nations sera détruit à la venue du Fils de l’homme (24. 29, 30). Tous les ennemis qui s’opposent à Christ et se seront prosternés devant l’Antichrist, seront broyés par la puissance de celui qui vient en gloire. La pierre deviendra une grande montagne et remplira la terre. “Le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit”.
Les adversaires de Jésus ont compris maintenant ; mais ils n’auront qu’une hâte, c’est de réaliser la prédiction du Seigneur (versets 38, 46). Pour l’instant, ils craignent la foule (versets 26, 46) ; ils sauront la convaincre, le moment venu, de laisser crucifier Jésus (27. 20).