Jésus passe par Jéricho, avant de monter à Jérusalem. Cette ville avait été au commencement la place forte de l’ennemi ; puis le jugement de Dieu avait pesé sur elle en malédictionJosué 6. 26. Jéricho est une image de ce monde placé sous la condamnation divine, mais dans lequel, au temps de la grâce, Dieu travaille en délivrance.
Deux aveugles assis près de la ville vont maintenant bénéficier de cette grâce de Dieu. Ils sont là comme deux témoins de la ruine morale du peuple élu, de son aveuglement, de sa misère extrême, mais ils vont pouvoir témoigner aussi de la puissance du Messie déployée en grâce.
Jésus passe ; il va vers la croix, mais en chemin il accomplit inlassablement le service annoncé (verset 28) ; les Écritures n’avaient-elles pas prophétisé que le Christ, à sa venue, ouvrirait les yeux des aveugles ? Ésaïe 29. 18 ; 35. 5 ; 42. 7, 16. C’est lui qui passe maintenant devant ces deux hommes plongés dans les ténèbres ; ils ne peuvent pas le voir, mais ils saisissent par la foi ce qu’ils entendent à son sujet. Ils lancent alors leur cri de détresse à l’adresse de celui qui est leur seule ressource ; ils pressentent que celui qui peut les délivrer ne passera plus jamais par là.
Un obstacle se dresse alors : la foule. Elle est égoïste, insouciante, et ne s’intéresse pas au sort de ces malheureux. Il faut s’éloigner de ce courant pour se placer devant Jésus seul ; le royaume des cieux est pris par violence (11. 12), avait dit le Seigneur. Cette énergie, les deux aveugles la manifestent dans leur mesure en fermant l’oreille aux reproches de l’entourage, et en criant plus fort. Jésus s’arrête. Il distinguera toujours, dans la foule qui prétend le suivre, dans les rassemblements religieux, l’âme qui lui crie sa misère, son angoisse, sa détresse ; lui ne restera jamais insensible.
Les aveugles ont reconnu la dignité de celui dont Moïse et les prophètes avaient parléJean 1. 45 ; ils ont clamé leur peine. Jésus les appelle maintenant : “Que voulez-vous que je vous fasse” ? Il les sonde, comme il nous sonde aussi : il attend une requête précise, exprimant un besoin vraiment ressenti. Ces deux hommes confessent alors qu’ils sont aveugles, que personne ne peut les secourir, mais que Jésus peut ouvrir leurs yeux. Devant une foi de telle qualité, le Seigneur, sans plus attendre, opère le miracle. Il le fait en profonde compassion, en prenant sur lui leur souffrance (8. 17). Il les guérit en un geste touchant, si souvent relevé dans cet évangile.
Jésus est toujours le même ; il passe sur le chemin des aveugles, des infortunés de la vie, peut-être pour la dernière fois. Il s’arrête, à l’écoute de ceux qui crient dans les ténèbres ; avec le même amour, il veut guérir aujourd’hui. Sommes-nous tous parvenus à “sa merveilleuse lumière” ?
Ces deux hommes ne sont pas restés assis au bord du chemin ; ils suivent Jésus maintenant. Le jeune homme riche, enchaîné par ses biens, n’avait pas voulu le suivre (19. 21, 22). Les disciples ont tout quitté pour le suivre, mais s’inquiètent de ce qu’il en adviendra (19. 27). Ces deux hommes, eux, savent de quoi ils ont été délivrés, et connaissent maintenant leur Sauveur. Sans se poser de question, ils le suivent désormais dans le chemin.
Jésus approche de Jérusalem ; il va bientôt pleurer sur cette ville. Mais en face de lui se trouve un village où l’on reconnaît les droits du Seigneur. Il y envoie ses disciples, pour chercher une ânesse avec son ânon ; ils sont attachés là, attendant d’être mis à la disposition du Maître. Le propriétaire s’incline aussitôt devant cette parole : “Le Seigneur en a besoin”. Puissions-nous l’entendre nous-mêmes ; certes, il a toutes choses entre ses mains, et toutes le serventJean 3. 35 ; Psaume 119. 91. Mais il veut que nous mettions à sa disposition tout ce qu’il nous confie, car il en a besoin ; telle est la grâce qu’il nous accorde.
Le prophète Zacharie avait prédit l’entrée du Seigneur à Jérusalem, monté sur une ânesse (verset 5). C’était un signe d’humilité, mais de distinction égalementJuges 5. 10 ; 10. 4 ; 12. 14, un signe de paix aussi. Le cheval aurait été un emblème de guerre, il le sera plus tard lorsque le Seigneur détruira ses ennemisApocalypse 19. 11. La justice et la paix dont parle le prophèteZacharie 9. 9, 10 caractériseront le royaume futur ; dans ce temps, le roi pourra attacher son ânon à la vigne d’IsraëlGenèse 49. 11. Alors la fille de Sion (Israël racheté), se réjouira avec transports.
Dieu a voulu que son Fils bien-aimé fasse une entrée triomphale à Jérusalem, avant d’être crucifié dans cette ville ; les quatre Évangiles nous décrivent la scène. Jésus a déjà “reçu honneur et gloire” sur la sainte montagne, en présence de trois disciples seulement (17. 1). Maintenant, il est accueilli publiquement à son entrée dans la sainte ville comme le fils de David, le roi de gloire attendu. Cet honneur d’un instant anticipe celui qui lui sera rendu lorsque tout genou se ploiera devant lui, au jour de son triomphe.
Les disciples ont compris cela ; ils amènent l’ânon, sur lequel ils mettent leurs vêtements. Ils sont suivis par la foule, qui étend sur le chemin du roi tout ce qui représente la gloire extérieure de l’homme, dont ils se déparent ; les rameaux de la victoire sont aussi répandus. La foule en liesse chante les louanges du Seigneur, du Sauveur de son peuple (Hosanna : verset 9). Mais ce chant du Psaume ne trouvera son accomplissement sur la terre qu’à l’instauration du règne de Christ (23. 39) Psaume 118. 25, 26 ; en attendant, cette louange est réservée aux “lieux très-hauts”.
Puis Jésus entre dans Jérusalem ; la ville incrédule est une fois de plus remuée (verset 10 ; 2. 3). Elle méprise ce Sauveur et ce roi qu’elle ne veut pas connaître. La foule interrompt sa louange, et rend un témoignage moins compromettant pour elle : Jésus un prophète, un Galiléen ; elle le mettra bientôt au rang des malfaiteurs (27. 22).