La veille, quand Jésus est arrivé à Jérusalem, il est entré dans le temple mais n’a fait que constater l’état des lieux, sans rien dire. Maintenant il agit comme étant le maître de cette maison qu’il appelle la maison de son Père. En effet, ce temple, bien que reconstruit plusieurs fois, reste la maison de Dieu. Le prophète l’avait déjà dit à Zorobabel, auteur de sa reconstruction : “La dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première” Aggée 2. 9. Jésus reconnaît donc le caractère de maison de Dieu à ce temple construit par Hérode, et il veut que ce qui s’y déroule soit conforme à ce caractère. Maintenant, un lieu de culte n’est pas sacré par lui-même, mais cela n’autorise pas à y faire n’importe quoi.
Citant le prophète ÉsaïeÉsaïe 56. 7, le Seigneur fait aussi allusion à JérémieJérémie 7. 11 pour réprimander vivement le trafic commercial qui se déroulait dans ce lieu. La façon d’agir du Seigneur nous surprend, surtout quand nous lisons le récit d’une circonstance semblable où il prend même un fouet de cordeJean 2. 15. Lorsqu’il s’agit de revendiquer les droits de Dieu, le Seigneur Jésus sait se montrer sévère, alors que, pour lui-même, il a été comme la brebis muette devant ceux qui la tondentÉsaïe 53. 7. On comprend un peu la colère des principaux, lesquels ne peuvent rien contre Jésus, car ils n’ont pas encore pu manipuler la foule. Puis Jésus sort de la ville ; il sait que le moment de son rejet définitif est proche. Cet épisode, qui a un aspect prophétique, nous montre comment le Seigneur purifiera sa ville et son peuple par le jugement. Son temple à Jérusalem, alors définitivement reconstruit, aura son rôle universel en faveur de toutes les nations. La parole d’Ésaïe citée par Jésus le disait fort bien : “Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations” (verset 17). Le prophète Michée aussi, reprenant les mêmes mots qu’Ésaïe, dit : “Beaucoup de nations iront, et diront : Venez et montons à la montagne de l’Éternel, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers” Michée 4. 2 ; Ésaïe 2. 3.
Nous avons vu, dans les versets 12 à 14, que le Seigneur a maudit le figuier stérile. Le lendemain, cet arbre est tout sec. Une évolution si rapide étonne les disciples. C’est alors l’occasion donnée à Jésus de les enseigner au sujet de la foi en rapport avec la prière. Ce thème est exposé aussi dans d’autres portions de la Parole, de sorte qu’il est nécessaire de les saisir ensemble pour en tirer les conclusions qui s’imposent1. Ayons confiance en la bonté et en la puissance de notre Dieu et ne nous culpabilisons pas outre mesure. Confessons simplement à notre Dieu ce que sont nos défaillances et disons-lui, nous aussi : Je crois, viens suppléer à mon manque de foi (9. 24).
Plus qu’à l’exaucement attendu, soyons attentifs à la condition indiquée par le Seigneur. Mise en parallèle avec un passage similaire en Matthieu 6, cette condition insiste sur la nécessité du pardon réciproque pour que notre communion avec Dieu ne soit pas interrompue. En associant la pensée du pardon à l’enseignement sur la prière, le Seigneur nous fait comprendre que pour répondre à nos requêtes, Dieu doit d’abord nous pardonner beaucoup. Nous n’en avons pas toujours conscience, car combien de fois n’avons-nous pas commis de fautes sans y prendre garde ? Énumérer devant Dieu tous nos manquements est irréalisable, d’ailleurs cela ne nous est pas demandé. Ce qui nous est enjoint alors, c’est d’avoir nous-mêmes un cœur plein de miséricorde, qui pardonne pleinement, sans même attendre une confession détaillée de la part de celui qui nous aurait offensé. Cette exhortation au pardon ne contredit pas le fait que nous devons reprendre un frère qui a péché, selon l’enseignement de Matthieu 18. 15. Pour que la conscience de l’offenseur soit mise à l’aise, il est nécessaire que le pardon soit communiqué à l’occasion d’une confession, qui est souvent une confession mutuelle. De plus, ce que nous estimons être une offense peut ne pas en être une. Soyons donc pleins de grâce en tout temps !
Le Seigneur se trouve de nouveau à Jérusalem, marchant dans le temple comme l’avant-veille où il avait promené ses regards sur tout. Son acte de purification en chassant les marchands du temple avait stupéfié mais non convaincu les principaux des Juifs. Ils viennent donc à lui pour lui demander de quel droit il avait agi de la sorte. L’occasion devait être saisie pour avoir un chef d’accusation irréfutable lors du futur procès. Bien que la décision soit déjà prise, il fallait trouver un motif plausible. Mais Jésus ne leur en laisse pas le loisir, car il les confond lui-même en leur posant une question à laquelle ils refusent de répondre.
Jean-Baptiste avait présenté Jésus comme étant le Fils de Dieu et “l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde” Jean 1. 29, 34. Il avait associé à son témoignage l’acte du baptême accompagnant la confession des péchés. Mais les chefs du peuple ne l’ont pas reçu, sans pour autant oser le rejeter publiquement pour ne pas susciter l’opposition de la foule contre eux. A cause de cela, ils ne peuvent répondre. Leur fausseté les contraint à se taire devant la question de Jésus et à montrer qu’ils n’ont pas d’autorité pour pouvoir juger ce que faisait le Seigneur. Il peut donc leur répondre : “Moi non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais ces choses” (verset 33).
Le moment n’était pas encore venu pour faire valoir son autorité de juge d’Israël. Peu de temps après, une prophétie de Michée va s’accomplir : “Ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue” Michée 4. 14. Le Seigneur se laissera faire sans ouvrir la bouche. Il ira jusqu’au bout de l’opprobre, par amour pour son peuple, et même pour ses chefs, en faveur desquels il dira sur la croix : “Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font” Luc 23. 34. Suprême amour, qui peut le comprendre ? Cet amour est le même pour moi, pour vous, pour chacun. Loué soit le Seigneur et béni soit son nom !