Dans son chemin pour aller à Jérusalem, Jésus fait encore un détour au-delà du Jourdain. Il y avait là des foules à enseigner, et c’est la dernière fois que l’occasion leur est donnée d’entendre le Seigneur. Aucun cas particulier n’est signalé à cette occasion, et nous ne pouvons pas savoir si la suite des événements relatés jusqu’au verset 31 se déroule dans cette même contrée.
Les pharisiens réapparaissent au verset 2, ayant toujours le même objectif devant eux : tendre un piège au Seigneur. Leur manœuvre est déjouée, mais ce fut alors l’occasion pour Jésus de donner un enseignement au sujet du mariage. Ces paroles gardent toute leur valeur, aujourd’hui encore.
La parole de Dieu est le seul guide du croyant. Les pharisiens le savaient bien ; c’est pourquoi, en réponse à la question de Jésus, ils citent cette Parole, croyant le mettre dans l’embarras. En effet, la loi de Moïse prévoyait la possibilité de répudier sa femme, mais cela n’annulait en rien le principe initial établi par Dieu à la création. Il en est ainsi dans beaucoup de domaines. La dureté du cœur de l’homme a souvent contraint Dieu à appliquer une réserve sans que le fondement de l’ordonnance en soit modifié pour autant. Il en est ainsi de la polygamie si fréquente dans l’A.T. Les drames qu’elle a produits sont là pour confirmer que telle n’a jamais été la pensée de Dieu. Le Seigneur remet bien les choses à leur place en citant le chapitre 2 de la Genèse où nous trouvons la base du mariage. Renverser cela, ce n’est pas seulement s’attirer les pires ennuis, mais c’est contredire Dieu lui-même, c’est agir contre un acte divin (verset 9). Les disciples désirent être encore enseignés sur le sujet. C’est une bonne chose que le Seigneur ne peut qu’approuver. La réponse qu’il leur donne est claire, précise et sans appel. Notons qu’ici, Jésus ne parle pas des motifs qui pouvaient être invoqués en cas de rupture, il établit simplement le principe fondamental.
Avec ce nouveau paragraphe, on reste encore dans le domaine de la famille. Conscientes de la bonté du Seigneur et de sa puissance, des personnes lui amènent des petits enfants pour qu’il les touche. Certes, les plus simples manifestations d’affection de Jésus devraient être bénéfiques à ces petits, et puisqu’ils ne peuvent s’approcher seuls, on comprend que leurs parents les conduisent. Mais hélas, les disciples veulent y mettre obstacle.
Une fois de plus, les disciples n’entrent pas dans la pensée de leur Maître. Croyant peut-être bien faire pour épargner à Jésus un dérangement qui leur semble inutile, ils reprennent ceux qui apportaient ces petits. Cela provoque l’indignation du Seigneur, lui qui avait, peu avant, pris un petit enfant comme modèle (9. 36). A nouveau, le petit enfant nous est proposé en exemple pour la simplicité de sa foi comme auparavant pour son humilité. Posant les mains sur eux, Jésus les bénit, répondant ainsi à la foi de leurs parents. Les enfants que Dieu confie aux siens sont précieux au cœur du Seigneur. Sa volonté est de les bénir. Notre privilège est de les lui apporter avec confiance et de les lui remettre journellement. Peut-être certains parents le font-ils d’une manière qui nous paraît maladroite ; eh bien, ne les en empêchons pas, car Jésus les aime et veut les bénir.
Est-il facile de suivre Jésus ? Le Seigneur a déjà répondu à cette question à la fin du chapitre 8 en parlant de prendre sa croix en se renonçant soi-même (8. 34). Il parlait alors à ses disciples. Combien plus s’il s’agit d’une personne qui désire hériter de la vie éternelle sur la base de ses propres efforts. C’est bien une telle pensée qui est exprimée par cet homme riche. Pensant que ses biens, s’il les gère sagement, pourraient lui valoir quelque mérite, il demande à Jésus de lui donner les indications utiles. C’est le raisonnement de tout homme que la grâce de Dieu n’a pas encore éclairé.
Citant quelques-uns des dix commandements, le Seigneur Jésus met ainsi en évidence que la religion la plus scrupuleuse ne suffit pas pour donner le salut. Pourtant le Seigneur était attentif aux besoins de cet homme et son regard trouve en lui un motif pour l’aimer (verset 21). Sur la base de ses propres efforts, nul ne peut obtenir la vie éternelle : “Pour les hommes, cela est impossible, mais non pas pour Dieu ; car toutes choses sont possibles pour Dieu” (verset 27). L’étonnement des disciples amène Jésus à préciser sa déclaration concernant la difficulté que rencontrent ceux qui ont des biens pour entrer dans le royaume de Dieu. Ce sont ceux qui se confient aux richesses qui éprouveront cette difficulté (verset 24). Il n’y a cependant pas besoin d’être très fortuné pour courir ce risque, car l’amour de l’argent peut commencer avec les premiers gains1 Timothée 6. 9, 10.
Comment Dieu peut-il donner la vie éternelle, et sur quelle base agit-il ? Seule sa grâce, moyennant la foi, assure à l’homme le salut, car Jésus a tout accompli par sa mort sur la croix. Oui, toutes choses sont possibles pour Dieu, mais pour le salut du pécheur, il a fallu bien plus que pour la création des mondes. Soyons-en conscients pour rendre à notre Dieu la louange qui lui est due.
Ayant entendu la réponse du Seigneur adressée à cet homme riche, Pierre pense qu’eux-mêmes, puisqu’ils ont tout quitté pour suivre Jésus, recevront une bonne récompense. Le Seigneur ne leur dit pas le contraire, mais souligne que ce que l’on quitte doit être abandonné pour l’amour de Jésus et de l’évangile, donc pour sa personne et pour le service confié à ses rachetés. Toutefois, ce ne sera pas sans rencontrer de l’opposition et même des persécutions. Ce que l’on abandonne pour le Seigneur nous est rendu au centuple dès maintenant, mais il faudra attendre “le siècle qui vient”, c’est-à-dire le jour de l’établissement du règne de Christ, pour recevoir la récompense définitive. Peut-être aussi ceux qui pensaient être les premiers seront-ils devancés par les moins favorisés de la période actuelle. L’appréciation divine diffère de la logique humaine, c’est pourquoi nous ne devons pas nous hâter de porter un jugement sur les personnes et les actes, car tout sera pesé plus tard à une balance parfaite.