Voici Jésus et ses disciples dans le voisinage de Jéricho. Cette ville est l’image d’un monde sous la malédiction divineJosué 6. 26, mais c’est aussi là que la grâce trouve l’occasion de se manifester. L’histoire d’Élisée nous en fournit la démonstration2 Rois 2. 18-22. C’est aussi vers Jéricho que se dirigeait l’homme de la parabole qui tomba entre les mains des voleurs et c’est sur ce chemin que passa le bon SamaritainLuc 10. 30-35. La grâce de Dieu est toujours là où se trouve la misère de l’homme.
Sur le bord du chemin, à la sortie de la ville, un aveugle est assis et mendie. Une foule passe devant lui ; va-t-il demander l’aumône à celui qui semble la conduire ? Non, car on lui a dit que c’était Jésus, le Nazarénien. Cet aveugle en avait certainement entendu parler, mais sa foi avait saisi beaucoup plus que ce qu’on lui en avait dit. “Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !” (verset 47), voici le titre royal que ce pauvre mendiant attribue au Seigneur Jésus. Ils ne sont pas nombreux ceux qui ont reconnu l’ascendance royale de Jésus, de sorte qu’il y a un contraste évident entre cette scène et le mépris dont était généralement entouré notre Sauveur. Combien ces mots de l’aveugle ont dû réjouir son cœur !
Très souvent, la foule est un obstacle au contact direct avec le Seigneur. Nous l’avons déjà vu à Capernaüm pour le paralytique (2. 4) et il en fut de même à Jéricho pour ZachéeLuc 19. 3. Dans chaque cas, cependant, le Seigneur répond aux besoins de ceux qui le recherchent. Il en est ainsi pour Bartimée, et il en sera toujours ainsi pour chacun, même si des circonstances semblent dresser des obstacles. L’aveugle donc ne se laisse pas décourager, mais il crie d’autant plus fort. Sa foi le rend hardi, aussi laisse-t-il son manteau pour se lever en hâte et répondre à l’appel du Sauveur.
Mais là nous sommes surpris par la question posée par Jésus : “Que veux-tu que je te fasse ?” (verset 51). Le Seigneur savait fort bien quel était le besoin qu’exprimait le cri de Bartimée, mais il veut le lui faire dire ouvertement. Il agit de même lorsque nous prions ; aussi ne restons pas dans les généralités, mais exposons de façon claire tous nos besoins, toutes nos souffrances. N’imposons pas à notre Dieu la façon dont il doit nous répondre, mais, restant dans une humble soumission, disons-lui simplement ce qui est sur notre cœur. Comme pour Bartimée, la réponse que nous recevrons nous engagera à suivre le Seigneur pour être ses témoins. L’expression “ta foi t’a guéri” avait déjà été dite par Jésus en une autre occasion (5. 34), le Seigneur attribuant à la foi le résultat de sa puissance et de sa grâce.
Aussitôt après Jéricho, Marc relate l’entrée de Jésus à Jérusalem. Cette ville chère au cœur de Dieu doit recevoir son roi avec dignité. C’est pourtant là que Jésus va être mis à mort quelques jours plus tard, mais il fallait qu’un témoignage public soit rendu au fils de David. Cette scène ne fera, hélas, qu’augmenter la responsabilité d’Israël et de ses chefs. Cet épisode nous montre la versatilité des foules. Jusqu’alors, elles semblent favorables à Jésus, mais peu après, elles se laisseront influencer par leurs chefs et par le peuple de Jérusalem pour demander la crucifixion du Seigneur. Portée par un sentiment national passager, la foule acclame celui qu’elle espère être un libérateur politique. N’ayant nullement conscience que son véritable asservissement est celui du péché et non pas celui des Romains, le peuple croit pouvoir célébrer la fête des tabernacles sans passer par le grand jour des expiations1.
La monture que se procure le Seigneur était celle du roi humble annoncé par le prophète ZacharieZacharie 9. 9. Tout devait s’accomplir selon les déclarations prophétiques, c’est pourquoi aucun obstacle n’est mis au déroulement de cette scène. D’abord l’ânon, puis les vêtements des disciples sur l’ânon, puis encore, sur le chemin, les vêtements des gens de la foule et les rameaux des arbres, tous ces actes proclament la gloire royale de Jésus. A cela s’ajoutent les paroles de la foule qui fait cortège à celui qui entre dans sa ville, bien qu’il doive pleurer sur elle à cette même occasionLuc 19. 41.
Les paroles prononcées par toute cette foule devaient être dites, car le Seigneur lui-même déclare : “Si ceux-ci se taisent, les pierres crieront” Luc 19. 40. Ces paroles sont aussi l’accomplissement d’une prophétie, car nous lisons : “C’est ici le jour que l’Éternel a fait ; égayons-nous et réjouissons-nous en lui ! O Éternel, sauve, je te prie ! Éternel, je te prie, donne la prospérité ! Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel” Psaume 118. 24-26. Citant partiellement ces versets, la foule ajoute encore : “Hosanna dans les lieux très-hauts !”, l’Esprit de Dieu conduisant cette foule à déclarer, sans le comprendre, que le royaume du Messie a un caractère céleste avant d’être établi sur la terre. Notons que le mot “Hosanna” signifie “Sauve, je te prie” et pourrait avoir été utilisé comme locution de bienvenue : “salut à toi”. Dans un tel cas, le “Hosanna dans les lieux très-hauts” précise davantage le fait que le Messie, dans l’époque présente, ne peut être acclamé que dans les cieux.
Le triomphe accordé au Seigneur sur le chemin ne se continue guère dans la ville. En entrant dans le
Ce regard de Jésus à l’intérieur de son temple, ne nous fait-il pas penser aux chapitres 2 et 3 d’Apocalypse où, par sept fois, le Seigneur dit à son Église : “Je connais… Je sais…” Il marche au milieu des sept lampes d’or qui représentent l’ensemble de l’Église sur la terre, vue sous l’angle de sa responsabilitéApocalypse 1. 20. Aujourd’hui aussi, le Seigneur prend connaissance de ce qui se passe dans chaque rassemblement chrétien. Il avertit, il reprend, il châtie parfois, mais il encourage aussi et promet les récompenses à ses rachetés fidèles.
Sur le chemin de Béthanie, un figuier bien feuillu semble promettre une nourriture au Seigneur qui s’en approche. Hélas, il ne porte aucun fruit et ne peut satisfaire la faim de Jésus. Il n’y avait rien que des feuilles, est-il dit. Sous ces latitudes, le figuier a une double floraison. Le Seigneur savait que la saison ne permettait pas une pleine récolte, mais s’il en avait vu la promesse par quelques fleurs ou quelques bourgeons, il n’aurait pas prononcé cette malédiction. N’est-ce pas ce que dit le prophète en parlant de Jérusalem : “… Ne la détruis pas, car il y a une bénédiction en elle” ? Ésaïe 65. 8
Cet épisode du figuier stérile explique bien dans quel état moral le Seigneur a trouvé son peuple en venant au milieu de lui. Indépendamment des quelques-uns qui l’ont reconnu, la nation dans son ensemble, et ses chefs en particulier, n’ont porté aucun fruit pour Dieu. Il le dira sans détour dans la parabole des vignerons (12. 1-12).
Parmi les actes du Seigneur, à l’exclusion de ce qui concerne les marchands du temple, cette malédiction prononcée sur le figuier stérile semble être le seul acte où la grâce ne soit pas manifestée. Quel solennel avertissement pour quiconque se réclame d’une appartenance religieuse, mais qui n’en aurait que l’apparence ! Dieu regarde au cœur et il apprécie tout selon une mesure parfaite. Le fruit qu’il recherche, c’est le fruit de l’Esprit, lequel est : “l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance” Galates 5. 22.