Ce chapitre relate le troisième acte de foi de Jacob dans les derniers moments de sa vie. En pleine communion avec son Dieu, il va bénir chacun de ses fils dans la calme sérénité de sa foi. Tout le passé humiliant est pesé à la lumière du sanctuaire. Le jugement qu’il va prononcer sur quelques-uns de ses fils sera aussi un peu porté sur lui-même, à cause de son manque de fermeté dans sa famille ; cependant il s’élèvera au-dessus des circonstances pour se présenter comme l’oracle de Dieu. Il bénira ses fils “chacun selon sa bénédiction” (verset 28), chacun en relation avec sa conduite passée et son histoire future.
Lorsque Moïse bénira les fils d’Israël avant sa mortDeutéronome 33, il les bénira selon leurs tribus ; il ne rappellera aucune faute. Les degrés de gloire seront divers, mais la bénédiction tout entière reposera sur la nouvelle alliance, par laquelle Dieu s’engagera envers son peuple pour le temps à venir.
Les fils de Jacob sont réunis ; Israël prend la parole. Il nous présente un tableau complet de l’histoire du peuple d’Israël sous quatre aspects successifs ; chacun est symbolisé par trois de ses fils :
Les trois premiers fils de Jacob moissonnent ce qu’ils ont semé. Leur père se sépare ouvertement d’eux en prononçant la sentence qui les concerne. Nous ne l’avons pas vu juger la conduite de Ruben précédemment (35. 22) ; et lors du forfait de Siméon et Lévi, il n’a formulé que de brèves remarques sur le trouble qu’il ressentait (34. 30). Dans la présence de Dieu, ces scènes s’éclairent d’un autre jour.
Ruben possédait le droit d’aînesse ; il l’a perdu par son infamie (35. 22). L’histoire du peuple d’Israël suivra le même cours : Dieu le choisira pour lui-même, l’adoptera et en fera le premier-né de tous les peuples de la terre ; mais ce peuple se corrompra et déshonorera son Dieu en se prosternant devant les idoles. Il rejettera sa voie de salut, et perdra momentanément son droit d’aînesse au profit des nations.
Siméon et Lévi ont agi avec violence et ont attiré sur eux une certaine malédiction. Les tribus issues de ces deux ancêtres seront dispersées en Israël (verset 7), l’une en Juda, l’autre dans tout le pays. Mais l’épée de Lévi servira un jour la cause de l’ÉternelExode 32. 26. En conséquenceDeutéronome 33. 9, 10, la grâce de Dieu réhabilitera cette tribu et lui accordera le privilège insigne d’avoir la charge du sanctuaire.
Le roi est donc bien venu chez lui, en Juda, mais les siens ne l’ont pas reçu ; ils sont maintenant dans la dispersion, comme le suggèrent les versets suivants.
Dan est une tribu perfide. Certes le verset 16 laisse entrevoir sa restauration future, mais le verset 17 rappelle son idolâtrie première érigée en religion de tribu.
La pleine réalisation de ce verset 17 interviendra au moment de l’apostasie future qui caractérisera la nation tout entière mordue par le serpent. Celui-ci se présentera dans sa ruse et sa perversité par le canal de l’Antichrist, issu de Dan peut-être. Il n’y aura plus d’espoir pour le peuple apostat, mais seulement pour ceux d’entre le peuple qui s’attendront au salut de l’Éternel (verset 18). C’est le grand soupir de Jacob lorsqu’il entrevoit le tragique destin de cette descendance.
Joseph porte du fruit. Les chapitres précédents ont montré comment il a été un canal de bénédiction non seulement pour sa famille, mais aussi pour le monde entier. Jacob évoque les cruelles épreuves de son fils et sa foi ferme et confiante dans le soutien divin. Mais la prophétie tout entière nous conduit à la contemplation de Jésus Christ dont Joseph est le type.
Jésus Christ sera la branche qui fructifiera ; il sortira comme un rejeton de la terre aride d’IsraëlÉsaïe 11. 1 ; 53. 2. Mais à la différence de ce peuple infidèle, il rendra son fruit en sa saisonPsaume 1. 2, 3, parce qu’il sera planté près de la fontaine des eaux divines. Les rameaux pousseront déjà par-dessus la muraille séparant Israël des nations, quand il guérira le serviteur d’un centurion romain, quand il délivrera une Samaritaine de sa misère, et une Cananéenne de sa douleur. A la fin de son service, il n’y aura eu apparemment aucun fruit ; il pourra dire : “J’ai travaillé en vain” Ésaïe 49. 4 ; mais son salut s’étendra jusqu’au bout de la terre. Après sa mort et sa résurrection, ce grand salut parviendra à toutes les nations après la destruction du mur mitoyen de clôture.
Benjamin, lui, est le fils de la droite du Père ; il doit détruire les bêtes des champs qui broutent le cep (verset 11) Psaume 80. 14, 18. Un monde rebelle, insoumis et opposé au peuple de Dieu, ne peut se perpétuer. Le Père a mis toutes choses entre les mains du Fils, et lui a donné autorité de juger. Le jour est proche maintenant où “l’homme qu’il a destiné à cela jugera en justice la terre habitée tout entière” Actes 17. 31. Il dévorera la proie, et “partagera le butin avec les forts” Ésaïe 53. 12. Tel sera notre Seigneur au jour de son triomphe.