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Le premier livre de Moïse dit la Genèse
Sondez les Écritures - 1re année

Genèse 27

Jacob et Ésaü : l’homme de foi et le profane. Isaac confronté au monde

3. La bénédiction d’Isaac et la tromperie de Jacob

Isaac aveugle au jour de la bénédiction : versets 1, 2

Dieu se nomme le Dieu d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob. Il s’est révélé à eux d’une manière directe, a établi son alliance avec eux, et les relations intimes de ces patriarches avec l’Éternel les conduisent à un culte familial de génération en génération. Le chef de famille est reconnu par Dieu dans ses fonctions de sacrificateur et de prophète, comme nous le voyons déjà en Noé.

Dans ce chapitre, Isaac pense que le moment est venu de transmettre à son fils premier-né la bénédiction prophétique. Mais l’homme est aveugle, et sa vision spirituelle est également sérieusement obscurcie.

Pourquoi Isaac veut-il bénir Ésaü ? : versets 3, 4

Isaac s’apprête donc à bénir Ésaü, alors que la souveraineté de Dieu avait désigné Jacob comme l’élu, dès avant sa naissance, en vue des bénédictions divines. Son père sait aussi qu’Ésaü a méprisé son droit d’aînesse et l’a vendu, qu’il ne vit que pour la terre, qu’il s’est uni à deux filles idolâtres. Il est affligeant de constater que la satisfaction de ses sentiments et de ses goûts naturels passe avant l’état moral de son enfant, et il se met en devoir de bénir celui que l’Éternel a réprouvé.

Combien de parents croyants se satisfont des qualités naturelles ou de la prospérité d’un enfant par ailleurs indifférent aux choses de Dieu. Ils savent pourtant qu’une seule chose compte : la bénédiction qui vient du Seigneur, en faveur de ceux qui lui appartiennent. Ainsi il convient, dans le cercle de famille comme dans la famille de la foi, que les liens soient formés et maintenus avant tout par ce qui est spirituel.

Maintenant Isaac n’a plus les sens exercés pour discerner la volonté de Dieu, pour juger entre ce qui est saint et ce qui est profane, à cause de sa préférence coupable et de sa gourmandise. Plus grave encore, il pense obtenir une inspiration particulière en faisant bonne chère et en usant de vin comme de boisson forte (verset 25), ce que l’Éternel interdira à ceux qui devront s’approcher de luiLévitique 10. 9-11 ; Éphésiens 5. 18, 19.

La décision de Rebecca : versets 5-7

Rebecca a entendu, et compris la gravité du moment. Isaac est sur le point d’agir à l’encontre de la parole de Dieu dont elle a été la première dépositaire. Il serait bien normal qu’elle lui soit en aide en lui rappelant le propos divin. Mais aujourd’hui, le manque de communion spirituelle entre les deux époux (conséquence de leurs préférences naturelles au sujet de leurs enfants, et peut-être du reniement d’Isaac au chapitre précédent), conduit Rebecca à user d’un surprenant stratagème. Elle discerne la souveraineté de Dieu dans le choix de son fils préféré, mais la dénie en intervenant à sa manière. Rebecca reste marquée par son caractère de famille, tout autant que par une foi sincère. Celle-ci lui avait donné la force de tout quitter à l’appel de Dieu, mais le caractère astucieux et trompeur des descendants de Nakhor n’est pas bridé chez elle, et ne le sera pas non plus chez son digne fils Jacob.

Soyons en garde contre nos mauvaises tendances : irritabilité, ruse, cupidité, vanité, manque d’énergie. Nous les voyons se reproduire à notre honte chez nos enfants qui nous ressemblent ; nous ne pouvons les réprimer chez eux que dans la mesure où nous les maîtrisons nous-mêmes en toute vigilance.

La tromperie de la mère et du fils : versets 8-25

Ce que vont rechercher Rebecca et Jacob est certes une chose excellente, que Dieu leur aurait accordée de toute manière. Cependant, la fin ne justifie pas les moyens qu’ils vont employer. Dieu permettra la réussite de leurs plans, mais les sanctionnera ensuite par une vie semée d’épreuves, de peines et de chagrin.

Considérons cette mère qui commande à son fils à plusieurs reprises d’écouter sa voix plutôt que celle de l’Éternel ; elle est prête à prendre sur elle la malédiction que son fils risque d’encourir, et étouffe la voix de sa conscience (verset 12). Par sa naïve mise en scène, elle le poussera par trois fois au mensonge (versets 19, 20, 24). Mais Jacob est aussi pleinement responsable, et récoltera ce qu’il sème. Il sera lui aussi douloureusement trompé par Laban son beau-père, et par ses propres fils.

Le mensonge est haïssable pour le Dieu de vérité. Si la conscience des croyants a été peu exercée à cet égard dans les temps du support de DieuRomains 3. 25, il n’est pas concevable qu’un enfant de Dieu dans le temps actuel puisse mentir et tromper, sans mesurer l’offense faite à Dieu par une telle pratiqueÉphésiens 4. 25 ; Colossiens 3. 9.

La bénédiction par la foi : versets 26-29

Isaac, malgré tout, accorde sans le savoir une bénédiction qui revient bien à Jacob, et à Israël à sa suite ; elle se rapporte à une prospérité et un héritage terrestres. C’est la part d’Israël qui sera comme un premier-né pour DieuExode 4. 22 ; et la bénédiction des ancêtres (12. 3) reposera à travers Jacob (verset 29) puis Joseph (figure de Christ) Genèse 49. 26, sur l’Israël futurNombres 23. 20 ; 24. 9.

Ici, Isaac s’exprime par la foi ; c’est le seul acte de foi de ce patriarche qui soit relevé par l’Esprit SaintHébreux 11. 20. Malgré son inconduite, il ouvre sa bouche non seulement comme oracle de Dieu, mais comme quelqu’un qui se tient devant lui. Il parle comme un homme qui, par la foi, dispose de tous les trésors de Dieu. Et cette foi lui dictera les paroles de bénédiction convenables pour Jacob et pour Ésaü “à l’égard des choses à venir”.

Le tremblement d’Isaac et les larmes d’Ésaü : versets 30-40

La venue d’Ésaü fait soudain prendre conscience au patriarche qu’il s’est conduit d’une misérable manière tout en prononçant une remarquable prophétie. Si la foi parle, la conscience aussi. Isaac est saisi d’un grand tremblement, non pas par colère ou dans la stupéfaction d’avoir été trompé, mais en réalisant avec effroi le danger auquel la grâce de Dieu vient de le faire échapper. Il prononce alors la plus belle parole de ce chapitre : “Je l’ai béni : aussi il sera béni”, parole souveraine, comme l’est la pensée de Dieu à l’égard de Jacob et d’IsraëlNombres 22. 12 ; 23. 20, 23. La foi triomphe enfin de la nature et s’élève au-dessus de sa défaillance ; ce ne sont pas les pleurs et les supplications d’Ésaü son fils préféré, qui le feront se repentirHébreux 12. 17.

Mais pourquoi Ésaü, dont nous avons vu précédemment la conduite profane et méprisable à l’égard des choses sacrées, tombe-t-il dans une désolation extrême lorsqu’il voit la bénédiction s’enfuir ? Parce qu’il la voulait sans désirer connaître l’Éternel qui bénit, sans désirer lui obéir. Il la convoitait en vue d’une vie prospère sur la terre puisqu’il s’en allait mourir (25. 32), et il pensait en hériter de cette manière.

Dieu lui accorde alors par la bouche d’Isaac tout ce qu’un profane peut recevoir dans sa descendance, et qui sera réalisé2 Samuel 8. 14 ; 2 Chroniques 21. 8. Mais en tout cela, comme pour Ismaël, il n’y a rien pour le ciel, rien pour Dieu. La vraie bénédiction qu’il demande en tant que premier-né, il ne l’aura pas car il l’avait rejetée précédemment, et il est “rejeté” à son tour ; Isaac ne reviendra pas sur les bénédictions accordées ; il ne changera pas de disposition à l’égard d’Ésaü.

Aujourd’hui beaucoup de chrétiens de nom, mais profanes comme Ésaü, pensent hériter de la bénédiction divine sans la foi. Ils se confient en une religion de formes et de traditions bien souvent limitées à quelques cérémonies religieuses, à l’occasion des fêtes, du baptême, du mariage, du décès. Ils mêleront un jour leurs larmes à celles d’Ésaü parce que, comme lui, ils auront méprisé leurs privilègesMatthieu 8. 12.

Le départ de Jacob et les raisons de Rebecca : versets 41-46

Au verset 41, Ésaü se dévoile, de même que Caïn en son jour. L’homme religieux devient meurtrier, au moins en puissance. Nous ne voyons de repentance ni chez les uns ni chez les autres, dans cette famille ; Rebecca et Jacob imaginent simplement un moyen d’échapper à la colère d’Ésaü. C’est encore la voix de sa mère que le fils va écouter ; elle le conduira dans un long chemin de discipline, et Rebecca elle-même sera privée à jamais de son enfant bien-aimé. Cependant, dans le dernier verset de ce chapitre, Rebecca fait part à Isaac de son angoisse à la pensée que Jacob aussi puisse épouser une fille de Heth. C’est là, en un trait lumineux, un remarquable aperçu de la foi de Rebecca avant sa disparition de la scène. Elle avait appris par expérience ce que valaient ces femmes idolâtres. Ces filles de Heth avaient sans doute cherché à introduire dans la famille d’Isaac les mœurs de ces nations païennes condamnées par l’Éternel. C’était ruiner le témoignage que le Dieu de gloire avait confié à cette lignée mise à part, et Rebecca en sentait l’opprobre apparemment plus qu’Isaac.

Courber la tête dans l’affliction et l’humiliation dans de telles circonstances, et chercher à sauver ce qui peut l’être, sera toujours à l’honneur d’un croyant. Jacob ne prendra pas de femme parmi les filles du pays. En réponse au vœu de Rebecca, formulé dans la douleur mais dans une foi réelle, le Dieu de miséricorde fera trouver à Jacob, le fils bien-aimé, une noble épouse pour son cœur, Rachel qu’il aimera.

Genèse 27

1Et il arriva, lorsque Isaac fut vieux et que ses yeux furent affaiblis de manière à ne plus voir, qu’il appela Ésaü, son fils aîné, et lui dit : Mon fils ! Et il lui dit : Me voici. 2Et il dit : Tu vois que je suis vieux ; je ne sais pas le jour de ma mort. 3Et maintenant, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc, et sors dans les champs, et prends-moia du gibier ; 4et apprête-moi un mets savoureux comme j’aime, et apporte-le-moi, et j’en mangerai, afin que mon âme te bénisse avant que je meure. 5Et Rebecca entendait Isaac pendant qu’il parlait à Ésaü, son fils. Et Ésaü s’en alla aux champs pour prendre du gibier, pour l’apporter.

6Et Rebecca parla à Jacob, son fils, disant : Voici, j’ai entendu ton père qui parlait à Ésaü, ton frère, disant : 7Apporte-moi du gibier, et apprête-moi un mets savoureux, afin que j’en mange, et que je te bénisse devant l’Éternel avant ma mort. 8Et maintenant, mon fils, écoute ma voix dans ce que je te commanderai. 9Va, je te prie, au troupeau, et prends-moi là deux bons chevreauxb ; et j’en apprêterai un mets savoureux pour ton père, comme il aime ; 10et tu le porteras à ton père, et il mangera, afin qu’il te bénisse avant sa mort. 11Et Jacob dit à Rebecca, sa mère : Voici, Ésaü, mon frère, est un homme velu, et moi je suis un homme sans poil. 12Peut-être que mon père me tâtera, et je passerai à ses yeux pour un trompeur, et je ferai venir sur moi la malédiction, et non pas la bénédiction. 13Et sa mère lui dit : Que ta malédiction soit sur moi, mon fils ! Seulement, écoute ma voix, et va, prends-les-moi. 14Et il alla et les prit, et les apporta à sa mère ; et sa mère apprêta un mets savoureux comme son père aimait. 15Et Rebecca prit les vêtements d’Ésaü, son fils aîné, les habits précieux qu’elle avait avec elle dans la maison, et elle en revêtit Jacob, son plus jeune fils ; 16et avec les peaux des chevreaux elle recouvrit ses mains, et le nu de son cou. 17Et elle mit dans la main de Jacob, son fils, le mets savoureux et le pain qu’elle avait préparés.

18Et il vint vers son père, et dit : Mon père ! Et il dit : Me voici ; qui es-tu, mon fils ? 19Et Jacob dit à son père : Je suis Ésaü, ton premier-né ; j’ai fait comme tu m’as dit : Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de mon gibier, afin que ton âme me bénisse. 20Et Isaac dit à son fils : Comment en as-tu trouvé si tôt, mon fils ? Et il dit : Parce que l’Éternel, ton Dieu, me l’a fait rencontrer devant moi. 21Et Isaac dit à Jacob : Approche, je te prie, et je te tâterai, mon fils, [pour savoir] si tu es véritablement mon fils Ésaü, ou non. 22Et Jacob s’approcha d’Isaac, son père ; et il le tâta, et dit : La voix est la voix de Jacob ; mais les mains sont les mains d’Ésaü. 23Et il ne le reconnut pas, parce que ses mains étaient velues comme les mains d’Ésaü, son frère ; et il le bénit ; 24et il dit : Es-tu vraiment mon fils Ésaü ? Et il dit : Je le suis. 25Et il dit : Sers-moi, et que je mange du gibier de mon fils, afin que mon âme te bénisse. Et il le servit, et il mangea ; et il lui apporta du vin, et il but. 26Et Isaac, son père, lui dit : Approche-toi, je te prie, et embrasse-moi, mon fils. 27Et il s’approcha, et l’embrassa. Et il sentit l’odeur de ses vêtements, et il le bénit, et dit : Regarde, – l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que l’Éternel a béni. 28Que Dieu te donne de la rosée des cieux et de la graisse de la terre, et une abondance de froment et de moût ! 29Que des peuples te servent, et que des peuplades se prosternent devant toi ! Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi ! Maudit soit qui te maudit, et béni, qui te bénit !

30Et comme Isaac avait achevé de bénir Jacob, et que Jacob était à peine sorti de devant Isaac, son père, il arriva qu’Ésaü, son frère, revint de sa chasse. 31Et lui aussi apprêta un mets savoureux, et l’apporta à son père ; et il dit à son père : Que mon père se lève, et qu’il mange du gibier de son fils, afin que ton âme me bénisse. 32Et Isaac, son père, lui dit : Qui es-tu ? Et il dit : Je suis ton fils, ton premier-né, Ésaü. 33Alors Isaac fut saisi d’un tremblement très grand, et il dit : Qui donc est celui qui a pris du gibier, et m’en a apporté ? Et j’ai mangé de tout avant que tu viennes, et je l’ai béni : aussi il sera béni. 34Lorsque Ésaü entendit les paroles de son père, il jeta un cri très grand et amer ; et il dit à son père : Bénis-moi, moi aussi, mon père ! 35Et il dit : Ton frère est venu avec ruse et a pris ta bénédiction. 36Et il dit : N’est-ce pas qu’on a appelé son nom Jacob ? et il m’a supplanté ces deux fois : il a pris mon droit d’aînesse ; et voici, maintenant il a pris ma bénédiction ! Et il dit : Ne m’as-tu pas réservé une bénédiction ? 37Et Isaac répondit et dit à Ésaü : Voici, je l’ai établi ton maître, et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, et je l’ai sustenté avec du froment et du moût ; que ferai-je donc pour toi, mon fils ? 38Et Ésaü dit à son père : N’as-tu que cette seule bénédiction, mon père ? Bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et Ésaü éleva sa voix et pleura. 39Et Isaac, son père, répondit et lui dit : Voici, ton habitation sera en la graisse de la terre et en la roséec des cieux d’en haut. 40Et tu vivras de ton épée, et tu serviras ton frère ; et il arrivera que, lorsque tu seras devenu nomaded, tu briseras son joug de dessus ton cou.

41Et Ésaü eut Jacob en haine, à cause de la bénédiction dont son père l’avait béni ; et Ésaü dit en son cœur : Les jours du deuil de mon père approchent, et je tuerai Jacob, mon frère. 42Et on rapporta à Rebecca les paroles d’Ésaü, son fils aîné ; et elle envoya, et appela Jacob, son plus jeune fils, et lui dit : Voici, Ésaü, ton frère, se console à ton sujet dans l’espoir de te tuer. 43Et maintenant, mon fils, écoute ma voix : Lève-toi, fuis chez Laban, mon frère, à Charan ; 44et tu demeureras avec lui quelques jours, jusqu’à ce que la fureur de ton frère se détourne, 45jusqu’à ce que la colère de ton frère se détourne de toi et qu’il oublie ce que tu lui as fait, et que j’envoie et que je te tire de là. Pourquoi serais-je privée de vous deux en un jour ?

46Et Rebecca dit à Isaac : J’ai la vie en aversion à cause des filles de Heth. Si Jacob prend une femme d’entre les filles de Heth, comme celles-ci, d’entre les filles du pays, à quoi bon pour moi de vivre ?

Notes

alitt. : chasse-moi.
bhéb. : chevreaux d’entre les chèvres.
cselon d’autres : privée de la graisse… et de la rosée…
dou : lorsque tu te seras acquis la domination.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)