L’Éternel a conduit son peuple par sa bonté, depuis l’Égypte ; il lui a donné nourriture, rafraîchissement et victoire. Nous avons vu, dans la manne, “Christ venant en chair” 2 Jean 7 ; dans le rocher frappé, sa mort, et dans l’eau du rocher, le don du Saint Esprit.
Après ce don de l’Esprit, la bénédiction du Juif et du Gentil suit symboliquement ; puis vient l’administration d’Israël.
Jéthro, beau-père de Moïse avait appris que l’Éternel avait fait sortir Israël d’Égypte ; il vint vers lui, accompagné de Séphora, femme de Moïse et de ses deux fils.
Moïse avait donc renvoyé sa femme auprès de son père, fait qui trouve son explication par le caractère symbolique de ce passage. Car Séphora, type de l’Église, était associée à Moïse, type de Christ, rejeté par ses frères, durant son séjour à Madian (2. 11-15). Pendant cette période, Israël est vu comme dispersé dans le monde, comme en témoignent aussi les noms des fils de Moïse : Guershom, car, dit-il, “j’ai séjourné dans une terre étrangère” ; et Éliézer, car “le Dieu de mon père m’a été en aide”.
Mais ces noms ne se rapportent pas qu’au passé : ils annoncent prophétiquement la délivrance finale d’Israël qui introduira le règne du Messie. Dans la scène qui nous est présentée ici, nous discernons Israël restauré, sous la domination de Christ figuré par Moïse (verset 13) Deutéronome 33. 5. Séphora, épouse du roi, participe à la joie de ce jour et à la gloire du règne, comme le fera l’Église, épouse de Christ. Jéthro représente les Gentils. Il bénit le Dieu Sauveur et confesse le nom de l’Éternel. Il offre alors un holocauste et des sacrifices, et Aaron et les anciens d’Israël s’associent à lui dans une heureuse communion – ils mangent le pain – selon ce qui est écrit : “Réjouissez-vous, nations, avec son peuple”, et “louez le Seigneur, vous, toutes les nations, et que tous les peuples le célèbrent” Deutéronome 32. 43 ; Psaume 117. 1 ; Romains 15. 10, 11.
Ce passage présente deux sens distincts, car nous pouvons, soit considérer l’aspect prophétique, soit voir l’éminent serviteur de l’éternel qui était Moïse, “un homme ayant les mêmes passions que nous” Jacques 5. 17. Nos regards sont ainsi dirigés vers le seul parfait serviteur, celui qui a “agi sagement”, notre Seigneur Jésus Christ, qui a pleinement glorifié Dieu. Nous pouvons voir dans ce texte l’administration du royaume d’Israël à venir. Le conseil de Jéthro correspond, en effet, à l’organisation administrative du royaume, sous Salomon, type de Christ, régnant en gloire. Nous y trouvons des “chefs de milliers et de centaines et des juges” 2 Chroniques 1. 2. Les quatre premiers versets du Psaume 72, “au sujet de Salomon”, traitent du même sujet, les montagnes et les coteaux désignant les responsables du gouvernement selon l’autorité que leur donnera Christ, le vrai Salomon. Cet aperçu prophétique du règne de mille ans constitue ainsi une conclusion appropriée à ce qui nous a été présenté dans le paragraphe précédent. Mais nous devons aussi exposer brièvement ce qui se rapporte au serviteur qui, parce qu’il est un homme, est sujet à l’erreur, “car nous faillissons tous à plusieurs égards” Jacques 3. 2.
Remarquons que Jéthro, surpris de la tâche qu’accomplit Moïse, prend l’initiative de lui donner des conseils. Conseils de bon sens, sans doute, mais de sagesse humaine, car maintenant nous mettons de côté l’aspect symbolique de cette scène. L’apôtre Paul, dès son appel, “ne prit conseil ni de la chair, ni du sang…” ni des autres apôtresGalates 1. 16, 17.
Moïse n’aurait-il pas dû, plutôt que d’accepter les avis de son beau-père, consulter l’Éternel qui s’était directement révélé à lui et l’instruisait habituellement de ce qu’il avait à faireNombres 12. 8 ?
Quel avertissement, et pour celui qui conseille, et pour celui qui reçoit les conseils ! De plus, les relations naturelles peuvent bien obscurcir notre discernement des pensées de Dieu. Les frères du Seigneur l’engageaient à aller en Judée, afin que ses disciples voient ses œuvresJean 7. 3, 4 ; Pierre souhaitait que la croix lui fût épargnéeMatthieu 16. 21-23.
Cela n’exclut certes pas qu’un parent ou un frère dans le Seigneur puisse donner de bons conseils ; mais il faut qu’il agisse et parle en pleine communion avec le Seigneur et de sa part.
La suggestion de Jéthro pouvait aussi entraîner Moïse à estimer que sa tâche était trop lourde pour lui. L’incident rapporté au chapitre 11 du livre des Nombres le laisse à penser, bien que, dans ce cas, Moïse se soit plaint directement auprès de l’ÉternelNombres 11. 11-29.
Enfin, ce qui paraît sage et bon au jugement des hommes, peut aller tout à l’encontre de la volonté de Dieu. Nous en avons un exemple remarquable dans la manière dont des hommes religieux ont, dès le début du christianisme, tenté de l’organiser, et avec les meilleures intentions. Le résultat en est le désordre et la confusion que nous voyons aujourd’hui.
Ces récits nous montrent que notre sauvegarde, si nous voulons être des serviteurs “utiles au maître”, individuellement ou en assemblée, se trouve dans la dépendance étroite du Seigneur, dans sa communion et dans la stricte obéissance à sa parole.