Les paroles de ce cantique1 sont dictées par Dieu lui-même (31. 19). Elles sont exprimées à haute voix aux oreilles du peuple entier (31. 30). Un appel retentit à l’adresse des cieux et de la terre, pris à témoin de la solennité des paroles qui vont suivre ; leur sévérité ne les empêche pas d’être en bénédiction pour ceux qui les écoutent. La maturité des uns leur permet de les recevoir comme des ondées, alors qu’elles descendent sur les jeunes cœurs sous la forme de fraîche rosée (verset 2).
En proclamant le nom de l’Éternel, Moïse exalte sa grandeur. Il le fait dans ce cantique en citant les cinq noms différents sous lesquels Dieu se présente dans l’A.T. :
Outre ces différents noms divins, Moïse attribue deux titres à Dieu :
Pour apprécier les paroles de notre Dieu, il est nécessaire de reconnaître sa grandeur absolue. Notre esprit sera transporté en adoration et nous serons rendus capables de dire : “Que tes paroles ont été douces à mon palais, plus que le miel à ma bouche !” Psaume 119. 103
Pour réveiller leur conscience et toucher leur cœur, Dieu rappelle aux fils d’Israël qu’il a agi envers eux comme un père, même s’ils se sont montrés dénués de sagesse. Dans le temps futur pour lequel ce cantique est écrit, le peuple aura derrière lui de nombreux siècles d’histoire. Déjà lors de la répartition des nations sitôt après le délugeGenèse 10. 32, Israël était au centre des pensées de Dieu, “car la portion de l’Éternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage” (verset 9). Israël n’avait aucun mérite, Dieu s’en est occupé et en a pris soin comme de la prunelle de son œil (verset 10).
Comparé à l’aigle qui plane au-dessus de son nid pour protéger ses petits dans leur envol, Dieu rappelle sa sollicitude pour son peuple au milieu des dangers qu’il a dû affronter. Après l’aridité du désert (verset 10), Dieu l’a conduit en Canaan, pays de lait et de miel (versets 13, 14). Ces soins de Dieu pour son peuple sont rappelés plusieurs fois dans la ParoleNéhémie 9. 12-21 ; Psaume 78. 14-40 ; Actes 13. 18, et chaque fois pour exalter la bonté de l’Éternel.
Il en est de même pour les croyants aujourd’hui, rachetés par l’œuvre de Jésus. Si Dieu a ainsi pris soin de son peuple terrestre, combien plus le fera-t-il en faveur de l’Église de Jésus Christ qui sera bientôt introduite dans la gloire ! Et pourtant, dans notre vie pratique, n’y a-t-il pas souvent la manifestation de notre nature corrompue, la chair toujours opposée à la volonté de Dieu ? La ressource pour nous est la puissance de l’Esprit Saint : laissons-lui la direction de notre vie !
Le nom poétique de “Jeshurun” signifie “peuple droit”. Israël ne l’était pas, mais c’est ainsi que Dieu le voyait selon le propos de son cœurNombres 23. 21. Dieu le mentionne ici pour mettre en contraste sa vocation avec son état réel. Engraissé dans son orgueil et son autosatisfaction, Israël abandonne son Dieu et méprise le Rocher de son salut (verset 15). Il se tourne vers les idoles des nations, sacrifie aux démons et provoque l’Éternel à la jalousie (verset 21).
L’auteur de l’épître aux Hébreux déclare : “Notre Dieu est un feu consumant” Hébreux 12. 29. Israël en avait déjà vu quelque chose au cours de la traversée du désert, à Sinaï, puis encore à TabhéraNombres 11. 3. Ce sera encore plus terrible quand la colère de l’Éternel devra frapper son peuple (v. 22). La famine, la peste et l’épée, trois punitions mentionnées plusieurs fois dans les prophètesJérémie 14. 12 ; 21. 9 ; Ézéchiel 6. 11 ; 7. 15, seront envoyées par l’Éternel pour détruire aussi bien le petit enfant que le vieillard (versets 24, 25).
Cette menace ne s’accomplira pas entièrement, car Dieu ne veut pas donner occasion aux ennemis du peuple de s’enorgueillir (verset 27). Mais une autre raison, plus profonde et qui correspond à la nature de Dieu, est donnée plus loin : “Il pardonnera” (verset 43).
Comme pour exprimer son regret, l’Éternel élève une complainte sur son peuple désobéissant : “Oh ! s’ils eussent été sages…” (verset 29). Des paroles semblables sont écrites par AsaphPsaume 81. 9-17. La rébellion d’Israël va contraindre Dieu a agir en jugement, presque contre son gré (verset 30). Les produits de Canaan seront devenus un poison, comparés aux fruits vénéneux de Sodome et Gomorrhe (verset 33), à cause de la perversité d’un peuple qui a perdu le conseil et l’intelligence (verset 28).
Mais, heureusement, après l’annonce de tant de maux suivent des paroles de consolation et des promesses de relèvement. L’intervention de l’Éternel en faveur de son peuple montre qu’il demeure le seul vrai Dieu, celui qui vit éternellement, toujours le Même aussi bien dans l’exercice de son jugement que dans sa miséricorde. Il est souvent contraint de frapper, mais ses mains guérissent (verset 39) Job 5. 18. Les ennemis qui ont opprimé Israël seront jugés, et toutes les nations de la terre seront amenées à se réjouir avec Israël restauré (verset 43).
L’application pratique qui peut être faite de ce cantique de Moïse, c’est premièrement un appel à la reconnaissance due au Seigneur pour ses soins envers nous. C’est aussi une invitation à prendre conscience de nos fréquentes défaillances pour mieux apprécier l’immensité de la grâce de Dieu. De plus, si le croyant subit l’oppression de la part d’un monde hostile, qu’il sache que la vengeance n’appartient qu’à DieuRomains 12. 19. Le dernier mot de ce Dieu fidèle, c’est le pardon (verset 43).
Après la lecture de ce cantique, Moïse insiste encore sur la nécessité de prendre à cœur les paroles de ce témoignage et de les transmettre à la génération future (verset 46). Ces paroles sont la vie et la santé de ceux qui les écoutent (verset 47) Proverbes 4. 22.
Ce même jour, Moïse est appelé à monter sur le mont Nebo. Il pourra contempler le pays promis, mais il n’y entrera pas. De même qu’Aaron sur la montagne de Hor, Moïse devra mourir sur le Nebo pour n’avoir pas sanctifié l’Éternel aux eaux de Mériba-Kadès. Cependant, une faveur insigne lui est accordée, il pourra voir tout le pays devant lui, ce dont Josué même a été privé à cause de la négligence du peuple à le conquérir.
Appliquons à nous-mêmes ces dernières paroles de Moïse. La parole de Dieu ne sera pour nous une parole de vie que si nous y appliquons nos cœurs et la mettons en pratique. Lisons-la chaque jour, mais surtout, conduisons-nous selon ses enseignements. Elle nous amènera aussi à discerner les glorieux plans de Dieu pour son Fils bien-aimé et pour les siens, et il nous donnera une claire vision de la gloire de son Fils à laquelle il nous associera.