Le cours des événements généraux est interrompu pour la deuxième fois par une parenthèse relatant un épisode particulier survenant en Judée.
Le premier récit de ce chapitre rapporte la proclamation d’un ange puissant. Qui est cet ange ? Sous une forme voilée, il s’agit probablement de Christ lui-même, ce que confirme l’expression : “descendant du ciel” (verset 1). Il a semblé que le Seigneur apparaissait sous la forme d’un ange à l’ouverture du septième sceau (7. 2), puis dans l’exercice de ses offices sacerdotaux (8. 3). Ici, avant la septième trompette, il apparaît de nouveau sous une forme angélique. Sa dignité royale se montre, accompagnée des signes de la grâce. La nuée dont il est revêtu était déjà l’expression de la gloire au milieu d’Israël et rappelait les soins de Dieu au désertExode 13. 21, 22. Elle était le signe de sa présence au milieu de son peuple. Plus tard, elle est venue dans le temple1 Rois 8. 10. Mais maintenant la présence de Dieu est visible dans son Fils, sous les traits du Fils de l’homme.
L’arc-en-ciel sur sa tête rappelle l’alliance de Dieu avec la terreGenèse 9. 13.
Son visage est “comme le soleil”, signe de son autorité suprême (1. 16).
Ses pieds sont “comme des colonnes de feu” ; le pied droit est posé sur la mer, et le pied gauche sur la terre, pour affirmer ses droits sur toutes choses1 Corinthiens 15. 26-28.
Sa voix est semblable à celle d’un lion qui rugit (5. 5).
Et les sept tonnerres se font entendre, la voix même de Dieu, comme pour approuver ce qui vient d’être prononcé. Ne cherchons pas à connaître les choses cachéesDeutéronome 29. 28. C’est d’ailleurs la seule partie du livre de l’Apocalypse qui doit être scellée, au moins pour un temps ; pour tout le reste, il est dit à Jean : “Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre” (22. 10).
“Ange” ou “Fils de l’homme” sont des titres, et n’impliquent pas que celui qui les porte soit un être créé. L’A.T. mentionne fréquemment l’Ange de l’Éternel. Ce sont des préfigurations de Christ, appelées théophanies ou christophanies. Christ porte aussi le titre particulier de “l’Ange de sa face” Ésaïe 63. 9.
L’heure approche rapidement où tous les royaumes de la terre formeront le royaume de Christ. Mais, pour l’instant, tenant dans la main un petit livre ouvert, Christ lève la main droite vers le ciel et jure “par celui qui vit aux siècles des siècles” (versets 6, 7) qu’il n’y aura plus de délai.
Quelle joie pour les martyrs qui demandaient : “Jusques à quand ?” (6. 9-11) ! Le jour de l’homme s’achève. Quand le septième ange sonnera de la trompette, le “mystère de Dieu” sera terminé, comme la bonne nouvelle en a été annoncée “à ses esclaves les prophètes”.
Combien ce mystère est insondable ! Quelle chose étonnante, en effet, de voir les méchants prospérer et le bien foulé aux pieds. Jusqu’alors, le mal triomphait en apparence et les cieux restaient silencieuxJob 24. 12 ; Psaume 83 ; Jérémie 12. 1 ; Habakuk 1. 13. Satan, le “dieu de ce siècle”, séduisait les nations. L’aveuglement d’Israël, jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entréeRomains 11. 25, était aussi un mystère. Il en était de même du “mystère d’iniquité” 2 Thessaloniciens 2. 7 et de tout ce qui avait paru obscur dans les voies souveraines de Dieu. Tout deviendra clair quand la gloire du Seigneur sera manifestée.
Le temps vient donc où ce “mystère de Dieu” va s’achever. C’est le seul mystère dont la révélation ne soit pas encore complète à l’époque actuelle. Les bonnes nouvelles des prophètes concernant la bénédiction d’Israël et l’établissement du royaume de Christ vont enfin s’accomplir, dans un règne de justice et de paix.
Que signifie le petit livre que l’ange tient dans sa main ? Ce n’est pas un livre scellé, mais ouvert. Son contenu est révélé au chapitre suivant : ce dont parlaient déjà les prophètes de l’A.T. – comme aussi le SeigneurLuc 19. 41-44 – au sujet d’Israël. Tout se déroule pendant la grande tribulation, pour s’achever par l’apparition glorieuse du Seigneur à l’aube de son règne. La même voix qui a défendu à Jean de révéler les paroles des sept tonnerres (verset 4), lui ordonne maintenant de prendre le petit livre dans la main de l’Ange (verset 8), puis de le dévorer (verset 9), de se l’approprier ainsi avidement, en sorte qu’il devienne une partie intégrante de lui-même. On aurait pu penser que Jean, avec sa grande connaissance et son intelligence, serait un instrument dont Dieu allait se servir immédiatement. Au contraire, pour être rendu capable de parler comme oracle de Dieu, l’apôtre doit d’abord goûter la vérité divine pour lui-même, avant de déclarer ce qu’il a vu. Alors, son message sortira de son cœurÉzéchiel 2. 8-10.
Dans la bouche de Jean, le livre est doux comme du mielPsaume 119. 103 ; Ézéchiel 3. 3. Le miel est souvent l’image des affections naturelles, qui ne sont pas toujours contrôlées par l’Esprit de Dieu. Mais David, pour faire ressortir la valeur de la parole de Dieu, la compare au mielPsaume 19. 11. Que le Seigneur ait mangé quelque peu d’un rayon de miel après sa résurrection, montre bien que le miel n’est pas mauvais en soi.
Mais ce livre va remplir ensuite le ventre de l’apôtre d’amertume. Avant que le jugement ne s’exécute, Dieu en a mesuré chaque détail, comme aussi toutes les conséquences sur la création. Il veut que son prophète ressente aussi quelque chose de la solennité de ses prophéties. Jean peut éprouver de la joie en réalisant que, par l’accomplissement des prophéties de l’A.T., le Seigneur achèvera l’œuvre qui soumettra toutes choses sous ses pieds. Mais il en résulte aussi de l’amertume, car des conséquences terribles et éternelles vont frapper tous ceux qui ne se seront pas soumis au Dieu saint, en acceptant sa grâce souveraine. Enfin, Jean apprend qu’il doit prophétiser de nouveau “sur des peuples et des nations et des langues et beaucoup de rois” (verset 11). C’est une tâche qui ne peut manquer de produire aussi de l’amertume chez le prophète, car la plupart des hommes ne voudront pas croire. De la même manière, le croyant qui connaît quelque chose de la vérité divine a l’obligation de la transmettre aux autres. Celui qui mettrait des réserves à annoncer tout le conseil de DieuActes 20. 27 serait tenu pour responsable devant luiÉzéchiel 33. 7-9.