Nous sommes de nouveau transportés à Jérusalem : la mention du temple de Dieu, de l’autel, du parvis et de la cité sainte montre clairement que les événements annoncés dans cette portion de l’Apocalypse sont en relation avec le peuple d’Israël. Il serait absolument erroné d’y voir l’Assemblée et de lui attribuer ce temple.
Après l’enlèvement de l’Église, le peuple juif, de retour dans sa terre, bâtira à Jérusalem un nouveau temple où le service sacerdotal sera repris selon les ordonnances lévitiquesÉsaïe 66. 1-4. L’Antichrist, la Bête qui monte de la terre (13. 11) voudra s’y faire adorer comme Dieu2 Thessaloniciens 2. 3, 4. Israël apostat le recevraJean 5. 43 et s’associera aux nations, notamment l’empire romain, par une alliance corrompueÉsaïe 28. 14, 15.
Mais, au milieu de cette masse souillée qui suivra l’Antichrist et acceptera l’homme de péché comme son Messie, des fidèles seront manifestés. D’où l’ordre donné à Jean de mesurer avec un roseau le temple “de Dieu” et l’autel (verset 1), où Dieu reconnaît qu’il y a pour lui de vrais adorateurs.
Pour l’homme de Dieu, opérer de telles mesures, c’est prendre connaissance de ce que Dieu s’est réservé et qui a son approbation (21. 15) Zacharie 2. 5-8 ; Ézéchiel 40 et 41. Symboliquement, le temple représente le lieu où Dieu demeure, et l’autel, le moyen de s’approcher de lui sur la base d’un sacrifice. Pendant cette période de jugement, Dieu ne trouvera-t-il pas sa joie à voir son peuple s’approcher de lui pour l’adorer ?
Par contre, il ne fallait pas mesurer le parvis, car il était livré aux nations. Celles-ci fouleront aux pieds la sainte cité pendant quarante-deux mois (verset 2). Il est clair que, durant cette période finale du temps des nations, Dieu se réservera un résidu fidèle, alors que la majeure partie de la nation juive sera livrée à la violence des nations, qui piétineront Israël. Le monde manifestera une sauvagerie païenne et une corruption éhontée. Comme des chiens ou des truies, ils fouleront aux pieds ce qui est saint pour déchirer le peuple de DieuMatthieu 7. 6 ; 2 Pierre 2. 22.
La mention des quarante-deux mois (trois ans et demi) rattache immédiatement la révélation confiée à Jean à celle donnée à Daniel qui mentionne une période de soixante-dix semaines, à la fin desquelles la justice éternelle sera établie sous le règne de ChristDaniel 9. 24-27.
Les 70 semaines débutent avec le commandement de rebâtir Jérusalem sous le règne de Cyrus. Daniel précise qu’après sept et soixante-deux semaines, “le Messie sera retranché et n’aura rien”. Chaque jour de ces semaines représente une année et les 69 premières semaines d’années (soit 483 ans) se sont achevées à la croix de Christ. Une seule semaine de sept ans reste donc à accomplir. Au commencement de celle-ci, Daniel annonce que le chef de l’empire romain conclura une alliance avec les Juifs pour une période de sept ans, et qu’au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice continuel pour introduire une idole abominable dans le temple. Alors, il “consumera les saints des lieux très hauts” et pensera changer les saisons et la loi, qui seront livrées en sa main jusqu’à un temps, des temps et une moitié de temps, soit, en d’autres termes, pendant trois ans et demi ou 1 260 jours (verset 3) Daniel 7. 25 ; Jacques 5. 17. L’opposition des nations au peuple juif atteindra alors son paroxysme.
Pendant cette période terrible,
Deux figures (les lampes et les oliviers) sont employées pour décrire le caractère de ces deux témoins et de leur messageZacharie 4. 14. Comme chandeliers, ils rendent témoignage devant les hommes, vêtus de sacs, dans la douleur et dans l’opprobre. Comme oliviers, ils sont oints du Saint Esprit. Leur message rappelle les droits de Christ sur la terre, en rapport avec ses deux dignités (la royauté et la sacrificature). À l’image d’Élie en Israël, ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu’il ne tombe pas de pluie durant les jours de leur prophétie1 Rois 17. 1 et, comme Moïse en Égypte, ils peuvent frapper la terre de toutes sortes de plaies. Ces deux témoins se tiennent devant le Seigneur de la terre et personne ne peut leur nuire jusqu’à ce qu’ils aient achevé leur service1.
Pour la première fois dans ce livre, il est question de la Bête romaine (verset 7), dont le symbole même montre qu’elle est dénuée de toute conscience. Elle “monte de l’abîme” (17. 8) : il s’agit de l’empire romain qui s’est reconstitué. Ailleurs, elle est présentée sous l’aspect de la petite corne, vue par Daniel. Dominant sur les nations, elle tournera aussi sa fureur contre ces Juifs fidèles en Judée et les deux témoins seront mis à mortDaniel 7. 8, 21. Le caractère ignoble des apostats aveuglés se manifestera en particulier par la manière dont ils traiteront les corps de ces serviteurs de Dieu, exposés là “où leur Seigneur a été crucifié” (verset 8), c’est-à-dire à Jérusalem. La cité sainte (verset 2), est maintenant appelée “Sodome” à cause de la corruption révoltante de ceux qui la dominent, et “Égypte” à cause de leur indépendance orgueilleuse vis-à-vis de Dieu. Transportés d’une joie malsaine par la mort des deux témoins, les méchants de toutes les nations de la terre refuseront leur enterrement pour continuer à se repaître de ce spectacle. Leurs corps seront vus par “ceux des peuples et des tribus et des langues et des nations” ; les moyens modernes et performants de communication permettront la réalisation littérale de cette prophétie. Mais les méchants sont loin de penser qu’ils préparent par ce moyen la démonstration éclatante de leur défaite. “Ceux qui habitent sur la terre” 2 font des réjouissances et s’envoient des présents. Ce sont des apostats (chrétiens de nom ou Juifs infidèles) entièrement aveuglés et endurcis. L’apôtre Paul précise leur caractère et leur destinéePhilippiens 3. 18, 19. Ils prétendent posséder la terre, oubliant que Dieu n’est pas seulement le “Dieu des cieux”, mais aussi de la terre (verset 4).