“Et je vis : et voici” ; c’est l’expression d’une grande surprise. En effet, un cheval livide apparaît à l’ouverture du quatrième sceau, et celui qui est assis s’appelle la Mort. C’est le seul des quatre cavaliers qui soit directement identifiable et qui se présente accompagné d’un autre personnage, le hadès. La Mort (en rapport avec le corps) et le hadès (en rapport avec l’âme) sont ici comme personnifiés. La mort est le salaire inéluctable du péché. Voilà qui montre bien les limites de la médecine humaine. Le hadès, qui suit ici la mort, est ce lieu invisible où se trouvent de façon temporaire les âmes des hommes après la mortMatthieu 1. 23 ; Luc 16. 22. Il ne faut pas le confondre avec l’enfer, la géhenne ou l’étang de feu (20. 13, 14). Christ tient les clefs de la mort et du hadès (1. 18) et les jettera plus tard tous les deux en enfer (20. 14).
Le quatrième vivant (semblable à un aigle volant) leur donne le pouvoir de détruire les habitants du quart de la terre. Peut-être faut-il comprendre qu’il s’agit de la terre de l’empire romain reconstitué. La mort est associée avec les bêtes mauvaises, l’épée et la famine pour former les quatre jugements désastreux de l’ÉternelÉzéchiel 5. 16, 17 ; 14. 21. Le Seigneur parle aussi de ce jugement mortel, mais on ne voit pas ici qu’il soit suivi de repentance, s’il était encore temps.
Agents du gouvernement providentiel de ce monde, les quatre vivants ont invité tour à tour l’apôtre Jean à venir pour assister à l’ouverture des quatre premiers sceaux, qui forment un tout. Les trois derniers sceaux constituent un deuxième groupe. Cette division des sceaux en 4 et 3 se répétera pour les sept trompettes et les sept coupes, comme elle était déjà apparue pour les sept assemblées.
Avec l’ouverture du cinquième sceau, la scène change donc complètement. L’apôtre voit un autel dans le ciel. La pensée du ciel présenté comme le temple de Dieu est fréquente dans l’ÉcritureHabakuk 2. 20 ; elle est aussi reprise plus loin dans ce livre (11. 19 ; 15. 5 ; 16. 17). Il n’est pas précisé ici s’il s’agit de l’autel d’or ou de l’autel d’airain. Mais la mention du sang versé rappelle que l’âme (c’est-à-dire la vie) de la chair (c’est-à-dire l’homme) est dans le sangLévitique 17. 11. Jean voit sous cet autel les âmes de ceux qui ont été égorgés et qui crient : “Jusques à quand, ô Souverain ?” Elles ne s’adressent pas au Père. Ces âmes sont celles des martyrs de la période qui a suivi l’enlèvement de l’Église. Ils ont donné leur vie pour le témoignage de Jésus, et leurs âmes ne sont pas captives.
Cette compagnie de rachetés doit être formellement distinguée des vingt-quatre anciens, déjà ressuscités et glorifiés et qui ont atteint la perfectionHébreux 11. 40. Les âmes de ceux dont il est question ici sont encore séparées de leur corps. Leur résurrection est donc à venir, mais elle est certaine (20. 4).
Le fait que ces “âmes” soient vues sous l’autel (verset 9) est sans doute une allusion à leur fidélité jusqu’à la mortPhilippiens 2. 17 ; 2 Timothée 4. 6. C’est une première compagnie de martyrs, avant la grande tribulation ; d’autres les suivront pendant celle-ci (13. 7, 15). Elles doivent se reposer encore un peu de temps dans cette attente. Tous auront une grande robe blanche, comme justes et vainqueurs (7. 9, 13) Daniel 11. 35. D’où vient cette blancheur ? de l’efficacité du sang de l’Agneau (7. 14 ; 22. 14).
Les paroles du Seigneur sur le mont des Oliviers donnent la clef de cette scène. Parlant à ses disciples d’origine juive, il leur dit : “Alors ils vous livreront pour être affligés, et ils vous feront mourir, et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom” Matthieu 24. 9. Le Seigneur parlait de cette autre compagnie de disciples d’origine juive, pendant la période finale, après l’enlèvement de l’Église, juste avant l’établissement du millénium.
Christ ne se laissera pas sans témoins. Il appellera un reste de fidèles, tiré de son peuple Israël, pour annoncer la venue future du Messie, celui qui les délivrera et qui sera leur Roi. Beaucoup d’entre eux souffriront le martyre. Leur cri : “Jusques à quand ?” n’est autre que la prière bien connue des Juifs pieux, et leur requête, pour demander que leur sang soit vengé, présente aussi un caractère juif. De tels appels à la vengeance rappellent les Psaumes écrits par avance par le Saint Esprit, en anticipation de la persécution finale des croyants juifs (11. 5, 6) Psaume 94. 1-7. Par contraste, les chrétiens ne peuvent jamais demander d’être vengés de leurs ennemis.
“Leurs compagnons d’esclavage et leurs frères” (verset 11 ; 19. 10 ; 22. 9) qui doivent être mis à mort sont les martyrs de ce résidu durant les derniers trois ans et demi, c’est-à-dire durant la seconde partie de la grande tribulation.
Faut-il comprendre les choses mentionnées dans le sixième sceau dans un sens littéral ou figuré ? Sans doute une grande partie est-elle symbolique. Toutefois, en même temps, de grands bouleversements physiques se produiront : il est possible que le tremblement de terre soit bien matériel, comme ceux qui sont mentionnés plus loin (6. 12 ; 11. 13 ; 16. 18). Le Seigneur avait bien annoncé des tremblements de terre en divers lieux. N’est-il pas frappant de constater que plus on approche de la fin, plus leur fréquence et leur intensité augmentent ?
Mais le langage employé ici a aussi une portée symbolique : dans ce triste monde, plus rien n’est stable, tout doit être secouéPsaume 46. 3, 4 ; Ésaïe 40. 4 ; Michée 6. 1, 2. Les pouvoirs civils et gouvernementaux seront réduits en pièces. Toutes les classes de la population, depuis les grands de ce monde jusqu’aux exclus de la société, seront touchées et terrorisées. Les trônes seront renversés et l’anarchie régnera. L’écroulement de la civilisation et de la société s’accompagnera de signes sur la terre et dans le ciel.
Le ciel s’enroule (verset 14), comme un livre qui ne peut plus être lu2 ; il n’y a plus de sagesse d’en hautÉsaïe 34. 4 ; Amos 8. 11. Alors “ceux qui habitent sur la terre” verront par anticipation le jour de la colère approcher. Pour la première fois, les hommes reconnaissent une intervention divine et sont prêts à dire, comme autrefois les
Sur la terre, la terreur a envahi tous les hommes. Ceux qui ont rejeté Christ et méprisé la prière, se cachent dans les ténèbres des cavernesJosué 10. 16 et s’adressent aux montagnes et aux rochers : “Tombez sur nous et tenez-nous cachés de devant la face de celui qui est assis sur le trône et de devant la colère de l’Agneau” (verset 16) Osée 10. 8 ; Luc 23. 30. L’Agneau, titre de Christ venu dans l’humilité et la douceur pour s’offrir en sacrifice, est maintenant celui sous lequel il doit juger.
“Qui peut subsister ?” (verset 17) Nahum 1. 6. En réalité, le temps de la colère de Dieu (11. 18) est encore à venir ; ce n’est encore qu’un “commencement de douleurs” Matthieu 24. 8. Il faut attendre le septième sceau pour que se produise une intervention divine directe.