Ce chapitre met en contraste deux hommes :
David est à la fois aimé de Jonathan, de Mical et du peuple et haï par Saül. Ces deux aspects seront considérés successivement.
Au lendemain de sa victoire, il était naturel que David jouisse d’une période de faveur. Une grande délivrance avait été opérée. Quelle joie pour chacun ! David est honoré de tous, même de Saül, qui jusque là ne lui avait pas accordé beaucoup d’importance (verset 2).
Cette scène évoque la grande joie qui remplissait les cœurs de tous ceux qui, aux premiers temps de l’Église, s’étaient placés au bénéfice de la victoire du Sauveur, mort et ressuscité.
Jonathan avait entendu les propos de David répondant à Goliath avant le combat auquel il avait assisté. Et il fut attiré en l’entendant parler à son père (verset 1). Un amour total naît dans son cœur, en même temps qu’une grande admiration pour la personne de David. Ces sentiments sont scellés par un serment entre eux deux. Jonathan, loin de faire état de ses propres succès ou de ses droits princiers, s’abaisse et se dépouille au profit de DavidPhilippiens 3. 8, 12 :
David puisera plus tard consolation et réconfort dans cette profonde amitié, quand il sera en butte à toute la haine de Saül.
Prophétiquement, Jonathan est le type du résidu juif fidèle qui aime le Seigneur pendant son humiliation et avant son exaltation. Par contre, Saül apparaît comme le type des Juifs hostiles et incrédules, meurtriers de Christ.
Pour nous, Jonathan est une belle image du croyant qui, attiré par l’amour du Seigneur, met à son service tout ce qu’il possède. Christ attend que son racheté lui donne spontanément ce qu’il pourrait légitimement garder pour lui et que, à son exemple, il se renonce lui-mêmeLuc 9. 23.
Après une victoire, il était traditionnel d’accueillir triomphalement le vainqueur. Ici, dans un élan spontané, les femmes sont les premières à le faireJuges 11. 34 ; Exode 15. 20. La pureté et la droiture de leur cœur les amènent à une juste appréciation : elles mettent David au-dessus de Saül qui n’avait eu aucun mérite dans cette victoire.
Tout Israël et Juda, et pas seulement les femmes, aiment David qui se mêle à eux : il entre et sort devant eux (verset 16), ce qui le qualifie pour prendre soin du peupleNombres 27. 16, 17. Sa victoire ne l’a pas rendu hautain : si Dieu nous élève, sachons rester accessibles et humbles.
Comme David a donné des preuves de ses capacités, Saül estime dans son intérêt de lui donner des responsabilités croissantes (versets 5, 12). Toutefois, Abner reste commandant de l’armée. L’humilité du jeune fils d’Isaï fait que ses promotions ne suscitent aucune jalousie parmi les proches du roi. Au contraire, il leur est agréable et tous l’aiment (verset 22). Telle devrait être notre attitude lorsque le Seigneur bénit le service d’un frère proche de nous.
Mical présente un autre type d’amour : l’amour naturel d’une jeune fille pour un jeune homme. En revanche, Saül bafoue tous ces sentiments légitimes en disposant de ses filles selon ses visées personnelles (versets 17, 19, 21, 25 ; 25. 44) 2 Samuel 3. 13.
C’est un amour qui cherche son propre intérêt. Naguère, Saül aimait le joueur de harpe au point d’en faire son porteur d’armes (16. 21). Ici, il apprécie le jeune homme fort et vaillant, et le garde continuellement avec lui (verset 2 ; 17. 15). Mais Saül l’aime dans la mesure où il en tirera profit, sans avoir à faire aucun sacrifice en retour. En fait, cet “amour” se changera rapidement en haine quand ses intérêts personnels seront en jeu.
De même, l’homme naturel est toujours disposé à bénéficier des heureux résultats de la victoire du Seigneur : en retirer des avantages matériels ou être délivré de circonstances pénibles. Mais qu’on ne lui parle pas des droits du Sauveur sur ses rachetés !
La gloire de David commence à éclipser celle du roi (verset 7). Il craint que David prenne sa place ; se souvient-il de la sentence de Samuel (15. 28) ? Cette jalousie est le début d’un terrible enchaînement de maux en pensées, en paroles et en actes ; jusqu’à sa mort (31. 4), Saül montrera orgueil, égoïsme, ingratitude, jalousie, haine, colère, violence, ruse, machination, hypocrisie, peur, tristesse. Toutes ces ténèbres morales ne feront que mettre en relief le cœur simple et dévoué de David, l’élu de Dieu, souffrant pour lui et le louant.
Dans ces dispositions morales, Saül tombe facilement sous l’influence de Satan (verset 10). Insensible au ministère d’amour de David, il est envahi, au contraire, par une intention meurtrière qu’il met par deux fois à exécution. Il ne peut plus supporter la droiture de David1 Jean 3. 12. Une fois de plus, Saül nous montre ce qui habite le fond de notre cœur naturel.
La jalousie engendre la colère, et la colère engendre la violence. Mais Saül a conscience que l’Éternel est avec David (versets 12, 14, 28) et qu’il est très sage (verset 15). Il a peur (verset 12), puis très peur (verset 29). Il cherche donc par ruse à tuer David indirectement (verset 17). Tous ses plans vont être déjoués, car David est protégé par Dieu.
David remplit toutes les conditions pour avoir Mérab pour femme ; toutefois, sans explication, elle est donnée à un autre (verset 18). Sans rancœur devant cette injustice, David demeure un modèle d’humilité : “Qui suis-je et quelle est ma famille pour être gendre du roi ?” Ruth 2. 10
L’amour de Mical pour David fournit une nouvelle occasion à Saül de le mettre en danger. David y répond par de nouvelles prouesses, dépassant toutes les exigences du roi. Mais, quelle hypocrisie dans les paroles de Saül (verset 22) Psaume 55. 22, qui rappellent les propos des pharisiens au SeigneurMatthieu 22. 16 !
Saül, qui est à tort l’ennemi de David, restera dominé par la peur et l’esprit de vengeance. Au contraire, David, dépendant de l’Éternel, prospérera et réussira en tout temps et en tout lieuPsaume 57. 3.
Ce chapitre présente aussi une image de notre époque : les Philistins figurent le pouvoir séculier dans ce monde ; Saül, le pouvoir religieux en rapport avec Dieu, mais jaloux de son autorité et de ses prérogatives. Or celles-ci lui ont partiellement échappé aux périodes de réveil, lors de la mise en lumière de l’évangile de la pure grâce de Dieu (symbolisée par la harpe de David) ; le monde religieux infidèle y a répondu par des persécutions (la lance de Saül).
Contemplons surtout en David, le type du Fils de David, objet de jalousie et de complotsMatthieu 21. 46 ; 26. 4, mais qui a montré, en perfection, la douceur, l’humilité, la grâce et l’amour. Jésus n’est-il pas celui dont le nom est et sera “en grande estime” Philippiens 2. 10, 11 ?