Les habitants de Kehila1 sont occupés à moissonner et à battre le blé dans les aires, une occupation qui se faisait habituellement dans la joie. Mais ici, elle était précaire, car les ennemis, les pilleurs, étaient toujours là, à l’affût (verset 1 b).
Après l’attaque des Philistins, il est surprenant que ce soit David et non Saül qui soit mis au courant. Il semblerait que David joue déjà en partie le rôle de roi (versets 8, 20b), puisque Saül avait manqué à sa responsabilité. David, avec une compassion de berger pour son peuple, est prêt à voler au secours de ses frères. S’abstenir serait pour lui un péchéJacques 4. 17. Toutefois, sans précipitation, il a le souci de connaître la volonté de Dieu. A une telle dépendance et un tel dévouement, l’Éternel répond très clairement (verset 2).
Mais les compagnons de David n’ont pas avec Dieu des relations aussi intimes. Voyant la force de l’ennemi (en “troupes rangées”, verset 3), et sentant par contraste leur propre faiblesse, ils ont peurMarc 10. 32 ; Jean 11. 8. Dans sa miséricorde, sans faire de reproche, Dieu confirme sa première parole. Malgré ces craintes, David, à la tête de ses hommes, remporte une victoire complète à l’insu même de Saül (verset 5). N’avons-nous pas tendance à trop regarder à notre faiblesse en oubliant que celui qui nous conduit au combat est le vainqueur de Satan ?
De nos jours, l’ennemi aussi voudrait piller notre “blé” (notre nourriture spirituelle, c’est-à-dire le Seigneur des Écritures). Comme David, tout croyant peut être victorieux par sa foi et sa piété, dans la dépendance de Dieu. Il n’a pas besoin de s’appuyer sur les moyens des organisations religieuses (représentées par Saül et son attirail de guerre). Mais il est invité à sortir “hors du camp” vers celui dont David est le type. Le Seigneur fut notre libérateur ; il est et restera toujours notre pain du ciel, notre divine nourriture.
Non seulement Saül est étranger à cette victoire, mais elle le laisse totalement indifférent. Au contraire, il serait prêt à détruire Kehila délivrée si cela pouvait faciliter le seul objectif qui l’obsède : éliminer David. Il le hait plus que les Philistins, les ennemis du peuple.
N’y a-t-il pas là un avertissement pour nos cœurs naturels ? Ne sommes-nous pas souvent plus ou moins passifs quant à l’évangélisation ou à l’édification fraternelle et en revanche pleins d’énergie pour militer avec véhémence dans des conflits individuels concernant nos proches ou nous-mêmes ?
Quelle folie dans la prétention de Saül à croire que Dieu avait livré David en sa main (verset 7), alors qu’il savait au contraire que l’Éternel l’avait lui-même rejeté et avait choisi le fils d’Isaï !
En contraste, David, soumis et craignant Dieu, connaît les secrets de l’Éternel dont il se nomme lui-même le serviteur (versets 10, 11). Il veut éviter à Kehila un carnage comme celui de Guibha (22. 6, 22).
Mais il doit se rendre douloureusement à l’évidence. Victime de la haine de Saül, il l’est maintenant de l’ingratitude et de la lâcheté des hommes de Kehila qui préfèrent livrer leur bienfaiteur plutôt que de risquer les représailles du roi. David illustre cette parabole de l’Ecclésiaste : “Un homme pauvre et sage délivra la ville par sa sagesse ; mais personne ne se souvint de cet homme pauvre” Ecclésiaste 9. 14, 15. Là encore, David est un type de notre Seigneur pour qui on n’a eu “aucune estime” Ésaïe 53. 3 et à qui on a rendu le mal pour le bienPsaume 109. 5.
Prenons garde à éliminer de nos cœurs cette ingratitude qui y est en germe, pour toujours rendre grâces à notre divin libérateur.
David ne perd pas confiance en son Dieu ; peut-être est-ce à ce moment qu’il écrit le psaume 31 où il dit : “Tu ne m’as pas livré en la main de l’ennemi”. En effet, Dieu conserve la haute main sur tout : David et ses hommes quittent la ville et Saül renonce à son projet.
La petite troupe de David se trouve maintenant dans le désert de Ziph2. Bien qu’augmentée de deux cents hommes (verset 13 ; 22. 2), elle reste beaucoup plus légère et mobile que le peuple de guerre conduit par Saül ; aussi, échappe-t-elle sans cesse aux recherches du roi. En revanche, Jonathan retrouve aisément son ami. Quel rafraîchissement pour eux deux ! C’est leur dernière entrevue, mais ils ne le savent pas. Jonathan ajoute une clause à leur serment : que lui règne en second sur Israël après David. Il espère survivre à son père.
David est fortifié par les paroles de foi et d’espérance de Jonathan (verset 16). Il en a bien besoin, entre la trahison de Kehila et les complots des Ziphiens. Cette scène dirige nos pensées vers Christ, l’homme de douleurs ici-bas. Au moment où il allait connaître haine, violence, trahison et reniement, il a connu la douceur du souper de Béthanie et du parfum répandu par l’amour d’une femme dont le geste intelligent répondait au désir de son cœurJean 12. 1-8.
Combien plus nous-mêmes avons besoin d’être encouragés. Voyons le but d’amour que Dieu poursuit en nous éprouvant et fixons les yeux sur celui qui, avant nous et plus que nous, a enduré l’épreuveHébreux 1. 6 ; 12. 12.
Cette rencontre dans le bois aurait pu être décisive pour Jonathan. Il avait prouvé son amour pour David à plusieurs reprises (19. 2, 4 ; 20. 12-17, 34). Il restera pourtant dans la maison de son père Saül, sans toutefois rejoindre son armée. Là encore, Jonathan est l’image des croyants qui n’ont pas la force de rompre avec un système religieux condamné de Dieu, où le Seigneur n’a pas la place qui lui est due. Ils savent bien comment trouver le Seigneur (verset 16a) mais ils refusent de s’associer à son humiliation (verset 18b). Il est impossible pour les chrétiens d’avoir une part maintenant avec les autorités de ce monde-ci et une autre dans le monde à venir. Comme Jonathan, la gloire leur sera refusée, car le principe divin demeure : “Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui” 2 Timothée 2. 12.