La trahison des Ziphiens a dû être pour David plus douloureuse que celle de Doëg, car ici il ne s’agit pas d’Édomites, mais de gens de son propre peuple et même de sa propre tribu. Quand les Ziphiens parlent à Saül, celui-ci se réjouit, comme se réjouiront plus tard les sacrificateurs aux paroles de Judas le traîtreLuc 22. 5. Aveuglé par sa haine, sans pudeur morale ni dignité, le roi ose accompagner son complot d’un semblant de piété en prenant le nom de l’Éternel en vain (verset 21). Puis il calomnie son gendre, dont le caractère n’avait pourtant rien de rusé ou de ténébreux.
Le psaume 54 exprime l’intensité des besoins de David à ce moment ; mais il contient malgré tout une louange. Même si nous sommes pressés de toute part, nous pouvons continuer à adorer.
Au moment où David et sa troupe vont être pris par Saül, Dieu intervient et les délivre du “piège des oiseleurs” Psaume 124. 7. Combien nombreux et variés sont les moyens que Dieu emploie ! Car tout est dans sa main.
David met à profit cette diversion pour s’enfuir dans la région d’
Le résultat de cette dernière rencontre des Philistins avec Saül n’est pas révélé. Quoi qu’il en soit, sa première préoccupation reste de faire mourir David (24. 3). Il passe donc, sans transition, du combat contre les vrais ennemis d’Israël à celui contre le sauveur d’Israël. Ainsi une activité de piété apparente peut rapidement faire place à une attaque contre les intérêts de Christ.
Dieu intervient providentiellement une fois de plus : il permet que parmi la multitude des cavernes de la région, Saül choisisse précisément pour s’y reposer celle où se trouvait David (verset 4). Il ne sait pas qu’il se met ainsi à la merci de celui qu’il poursuit.
David aurait pu interpréter cette occasion comme permise par Dieu pour se venger de Saül, ainsi que ses compagnons le lui suggèrent (verset 5). Au contraire, il n’est pas surpris par cette coïncidence imprévue. Son attitude montre sa miséricorde et sa dépendance de son Dieu. De ces six cents hommes, il est le seul à connaître la pensée de Dieu, qui était et qui demeure encore grâce et miséricorde.
Quel beau type du Seigneur et quel exemple pour nous ! A Jacques et Jean qui voulaient faire descendre le feu du ciel sur des Samaritains, le Seigneur répondra : “Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés” Luc 9. 54, 55. Dans sa douceur parfaite, il dira plus tard à Pierre : “Remets l’épée dans le fourreau” Jean 18. 11. Le Seigneur est venu ici-bas pour sauver et non pour juger, même s’il doit le faire plus tardPsaume 2. 9-11 ; Jean 5. 22. A l’image de notre Sauveur, ne nous faisons donc pas justice nous-mêmes. Nous ne devons pas, par des moyens humains, chercher à aider Dieu à accomplir son propos. Pendant le temps de la grâce, soyons miséricordieux et possédons nos âmes par notre patienceLuc 21. 19.
David s’approche tout près de Saül pour couper avec son épée le pan de son manteau. Mais, même pour cet acte anodin, il est repris dans son cœur. Sa conscience ne lui reprochait rien, mais son geste ne manquait-il pas de respect ? N’avait-il pas porté atteinte à la dignité de l’oint de l’Éternel ? L’onction de Saül était plus importante pour lui que l’état de son cœur. Quel exemple pour ses hommes qui, reconnaissant l’autorité morale de leur chef, lui obéissent sans hésiter (verset 8) !
Sortant après Saül de la caverne, David s’adresse à lui. Avec déférence et délicatesse, il accuse d’abord les mauvais conseillers du roi, puis il se justifie clairement et simplement (versets 10-12). Il fait appel à l’arbitrage divin. Comme Christ plus tard, il s’en remet “à celui qui juge justement” 1 Pierre 2. 23. Dans le proverbe cité (verset 14), Saül est bien obligé de se compter parmi les méchants. David affirme qu’il ne changera pas de conduite à son égard (verset 14). Enfin, il s’abaisse en se comparant à un chien mort, à une puce (verset 15) 2 Samuel 9. 8 ; Matthieu 15. 27. Il conclut sur une note de foi et d’espérance (verset 16). Si Dieu est pour lui, qui sera contre lui ? Romains 8. 31
La réaction de Saül présente toute l’apparence d’une vraie conversion : pleurs, confession, jugement de soi, reconnaissance de la justice de David, et même prophétie sur sa royauté future. Saül va jusqu’à appeler la bénédiction de Dieu sur David et à lui demander une faveur. Sa clairvoyance (verset 21) le rend d’autant plus responsable. Mais la chair peut-elle changer ? Saül restera tel qu’il est et se montrera même par la suite pire qu’avant. David a la sagesse de ne pas se fier à ces belles paroles et il remonte dans le lieu fort. Peut-être est-ce à ce moment qu’il écrit les psaumes 7 et 57 où, comme toujours, il exprime sa confiance et sa louangePsaume 7. 5 ; 57. 4. Alors, Saül s’en retourne, sa violence apaisée pour un temps.
Quant à nous, nous pouvons être reconnaissants si dans nos pays la persécution brutale nous est épargnée. Mais ne prenons pas nos aises dans un monde qui, malgré les apparences, reste ennemi de Jésus Christ. Moralement, la seule place de sécurité pour le chrétien est “le lieu fort”. Restons donc sur nos gardes, en attendant le jour où les armes de la foi ne seront plus nécessaires, le jour de la victoire finale sur le mal, celui du repos éternel.