Déjà, au chapitre 21, David n’était plus seul. Ici, le nombre de ceux qui l’entourent grandit. Les premiers à venir à lui sont les membres de sa propre famille. Quel baume de consolation pour lui ! Non seulement ses frères ne le jalousent ni ne le méprisent plus, mais ils sont disposés à partager son triste sort. Ils montrent ainsi qu’ils ont compris que :
De même, les premiers à croire à l’évangile furent les Juifs qui reconnurent dans le “méprisé du peuple” le Sauveur du monde.
Ensuite, se groupe autour de David toute une troupe de personnes qu’on appellerait aujourd’hui des “exclus”. Tous sont dans le besoin. Ils arrivent les mains vides, avec leurs nombreux problèmes : dettes, amertume, détresse. Ils n’ont rien à attendre de la société et sont attirés par celui qui est lui-même dans le dénuement. Que de secrets confessés, de fardeaux déposés, d’injustices et de souffrances racontées à cet homme attentif et plein de sympathie ! Il peut consoler ses compagnons de sa propre consolation. En effet, dans les deux psaumes écrits dans la caverne (Psaume 142 et 57), David crie à son Dieu et reçoit l’assurance de la délivrance de la part de l’Éternel. Même dans de telles circonstances, il peut louer son DieuPsaumes 57. 1, 2, 7-11 ; 142. 2, 6, 7.
Quelle joie et quel réconfort pour David de voir la confiance de ces hommes à son égard ! Ses qualités morales se reflètent sur ceux qui partagent son sort. Et, au jour de sa gloire, ils seront avec lui. Parmi les hommes forts mentionnés à la fin de la vie du roi David, trois chefs étaient venus vers lui à la caverne d’Adullam2 Samuel 23. 13.
Ils sont tous aussi de ces témoins de la foi qui furent “dans le besoin, affligés, maltraités (desquels le monde n’était pas digne), errant dans les déserts et les montagnes et les cavernes et les trous de la terre” Hébreux 11. 38. Quels sont leurs moyens d’existence pendant ces longs jours d’errance ? Ni le pillage, ni aucun acte illégal. Le récit de la visite à Nabal donne peut-être une réponse (25. 2-8) : les compagnons de David étaient tous des hommes armés veillant à la sécurité dans les campagnes et ayant ainsi droit à un salaire.
Cette scène présente aussi, en type, l’attraction que Jésus, généralement rejeté et méprisé, exerce aujourd’hui sur des hommes et des femmes désenchantés, désabusés, qui ont épuisé les ressources du monde. Dieu permet parfois dans la vie des circonstances qui conduisent l’âme dans la détresse, l’amertume ou les dettes (soit littéralement, soit dans un sens moral) ; c’est alors l’occasion de se tourner vers Christ, qui apporte la seule vraie réponse à tous les besoins. Lorsque nous rencontrons de telles personnes, saisissons donc l’occasion pour leur présenter le Sauveur qui seul peut remettre la dette du péché et donner le repos de l’âme par la douceur de la grâce. Vraie pour la conversion, cette expérience l’est aussi pour les circonstances de la vie chrétienne. Sentir ses besoins moraux profonds ramène le croyant vers son Seigneur, sa seule ressource.
Est-ce un manque de foi de la part de David de confier ses parents au roi de Moab1 ? Ceux-ci étaient peut-être trop âgés pour les épreuves auxquelles David serait exposé. Cet abri à Mitspé de Moab est censé être temporaire : le nuage de la séparation est éclairé par l’espérance de jours meilleurs (“jusqu’à ce que…”). David n’a pas honte de témoigner de sa foi devant ce roi païen. Le croyant sait que son avenir est dans la main de son Dieu.
Cet exil préfigure des événements encore futurs pour Israël : “Que mes exilés séjournent avec toi, Moab ! Sois-leur une retraite de devant le destructeur” Ésaïe 16. 3-5.
Sur la directive du prophète Gad, David quitte le lieu fort2. Il obéit sans discuter ni hésiter et ne se laisse pas retenir en Moab. Dieu ne voulait pas qu’une terre au-delà du Jourdain lui serve de refuge. Plus tard, dans sa vieillesse, David rappellera cet ordre : “Confie-toi en l’Éternel, habite le pays” Psaume 37. 3, 25.
Nous aussi, nous aurions tendance à chercher à échapper à l’épreuve. Nous sommes pourtant exhortés à l’estimer “comme une parfaite joie” Jacques 1. 2 quand elle est permise par le Seigneur. Mais Dieu nous promet sa présence : “Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi” Ésaïe 43. 2.