Comme David, Saül apparaît ici au centre d’un rassemblement, mais d’un caractère tout différent. Assis au milieu de ses serviteurs, il garde encore l’autorité officielle de roi (symbolisée par sa lance). Mais à quoi lui sert-elle, s’il a perdu son autorité morale ? Il s’adresse à des Benjaminites (ses frères selon la chair) et son discours le montre partial et injuste :
Veillons soigneusement contre ces deux tendances : favoriser nos prochesJacques 2. 1 et accuser les autres de nos propres fautesGenèse 3. 12, 13.
Pas un Benjaminite ne répond à Saül. Ses serviteurs avaient déjà montré ou montreront un silence réprobateur (14. 39 ; 19. 1) ou même une opposition positive (22. 17).
Mais Doëg, l’Édomite, est là. Il avait autorité sur tous les bergers de Saül. N’y avait-il pas assez de serviteurs en Israël pour que Saül engage un étranger ? Descendant d’Ésaü, qui avait toujours manifesté haine et violence à l’égard de Jacob et de sa descendance, Doëg est le type de tous les mauvais bergers d’Israël et, de nos jours, de tous les mauvais conducteurs spirituels qui n’épargnent pas le troupeauActes 20. 29. Voulant probablement s’acquérir des faveurs nouvelles, il révèle la scène dont il avait été témoin (chapitre 21). Au psaume 52, David décrit l’état d’esprit de Doëg : malveillant (verset 1), menteur (verset 2) et médisant (verset 3) ; mais il entrevoit son jugement (verset 5) car Dieu donnera le dernier mot aux justes.
A l’ouïe de ce témoignage, la haine de Saül ne connaît plus de bornes. Toute la famille sacerdotale est convoquée d’urgence. Saül transforme injustement l’attitude défensive de David en une conspiration active (versets 8, 13). Et comme Jonathan, Akhimélec est aussi accusé de complicité. Sa réponse est calme, noble ; elle montre sa bonne foi. Il est d’abord conduit à faire l’éloge de David, comme Jonathan précédemment (19. 4). Il a ensuite la délicatesse de taire le mensonge de David. Ce court plaidoyer ne peut atteindre la conscience de Saül qui ordonne le massacre. Le temps où le roi désirait être honoré devant le peuple (15. 30) est révolu. Dans un endurcissement irréversible, il met le comble à son inconduite en n’hésitant pas à couper le dernier lien (la sacrificature) qui rattachait le peuple à son Dieu.
L’attitude des serviteurs est courageuse : ils osent résister en face aux ordres du roi courroucé car ils sont conscients de la dignité des “sacrificateurs de l’Éternel” (verset 17). Ils illustrent à l’avance ce que Pierre dira aux chefs des Juifs : “Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” Actes 5. 29. Doëg, seul, accepte volontiers ce travail épouvantable, et met à mort toute la famille sacerdotale. Saül y ajoute la destruction de Nob, la ville des sacrificateurs, et de tous ses habitants. David, dans le psaume 52 déjà cité, annonce le jugement futur final d’ÉdomPsaume 52. 7, confirmé par le prophète AbdiasAbdias 15. Toutefois, les mains criminelles de Doëg et de Saül accomplissaient le jugement de Dieu sur la maison d’Éli, déjà annoncé par Samuel au début de son service (2. 31-36 ; 3. 12-14). Ainsi, Dieu exerce son juste gouvernement par les instruments qu’il choisit. Mais ceux-ci ne sont pas pour autant dégagés de leur responsabilité, et devront répondre de leurs crimes.
Le diable fait toujours une œuvre qui le trompe. Il avait incité Saül à tuer tous les sacrificateurs ; mais le premier effet de ce massacre est de conduire auprès de David le seul rescapé de la sacrificature, Abiathar. Quel encouragement pour ce jeune sacrificateur que ces belles paroles d’accueil (verset 23) ! Il s’identifie à David dans le danger ; il le sera aussi dans une même protection et une même délivrance.
De son côté, David est conscient qu’il est en partie à l’origine de ce drame (verset 22). S’il nous est souvent impossible de réparer toutes les conséquences de nos fautes, cherchons toutefois à le faire dans la mesure de nos possibilités.
Si nous considérons maintenant David comme un type du Seigneur, nous voyons l’indissoluble lien de vie qui existe entre lui et nous (verset 23). Et combien de fois avons-nous pu expérimenter que plus notre communion avec le Seigneur est profonde, plus nous sommes gardés !