La vie de David a d’abord été celle d’un berger fidèle et dévoué ; puis elle s’est déroulée à la cour du roi, où, attirés par sa grâce, tous les cœurs se sont tournés vers lui. Désormais, elle va être celle d’un fugitif, voire d’un hors-la-loi. Pourtant, cette période sera pour lui la plus riche en expériences spirituelles ; David éprouvera la bonté et la fidélité de Dieu dans ses délivrances et il écrira ses plus beaux psaumes.
Jusqu’à présent, Saül avait usé de voies détournées pour obtenir la perte de David. Mais son animosité a mûri et, devant l’échec de sa stratégie, il n’hésite plus à agir à visage découvert. Il organise une conspiration où il enrôle non seulement tous ses serviteurs, mais Jonathan lui-même, son propre fils. Seul l’amour de ce dernier résiste à l’épreuve. Les serviteurs qui étaient sensés aimer David (18. 22) semblent rester dans une neutralité prudente. Avec noblesse et courage, Jonathan plaide la cause de celui auquel son cœur est fermement attaché. Aimer David quand il est adulé par tous est facile, mais “l’ami aime en tout temps et un frère est né pour la détresse” Proverbes 17. 17.
Jonathan intercède avec douceur et sagesse. Il met en avant :
Ainsi, il atteint son butProverbes 15. 1. Saül entend la voix de son fils, mais pas celle de Dieu. Il fait un serment, un de plus, qu’il oubliera bien vite, ne connaissant pas son propre cœurRomains 8. 7.
La grâce présentée au cœur naturel de l’homme peut produire un arrêt momentané du mal, même s’il n’y a pas de vraie conversion. Soyons gardés d’être conduits par nos impulsions naturelles, souvent aussi versatiles que celles de Saül, mais montrons un engagement de cœur total et définitif pour le Seigneur, comme Jonathan pour David.
David est constant dans son attitude de grâce (sa harpe, verset 9), de confiance (son retour à la cour, verset 7) et d’énergie (ses victoires, verset 8). Mais ces nouveaux succès réveillent le fond de haine et de jalousie de Saül. Et voici la réédition exacte d’une scène précédente (18. 11). Saül rend à David le mal pour le bien, comme les Juifs le rendront au Seigneur plus tard : aux paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, ils ont répondu par la colère et la violenceLuc 4. 22, 28, 29. Le Seigneur s’échappa, comme ici David. Désormais, ce dernier sera comme “le fils de l’homme qui n’a pas où reposer sa tête” Luc 9. 58.
Saül, dès la nuit de la fuite de David, organise froidement le siège de sa demeure. Il ne veut pas qu’il soit tué chez lui, devant les siens, mais le matin, quand il sortira. Ainsi, la maison de David est devenue une prison, mais il en fait un sanctuaire où il bénit l’Éternel. Il compose alors un psaume de supplication qui exprime ses sentiments cette nuit-làPsaume 59. Puis, par un procédé un peu humiliant, David s’échappe par une fenêtrePsaume 124. 7, comme les espions chez RahabJosué 2. 15 et Paul à DamasActes 9. 25.
Mical remplace David par un théraphim1. Triste échange ! On est surpris d’en trouver un chez David. Comme Jacob, ignorait-il son existence ? Ou avait-il manqué d’énergie pour l’éliminer ? Même si aucun culte ne lui était rendu – la vie de David est exempte de toute idolâtrie – sa présence était une occasion de chute.
Malgré son amour, Mical manque de détermination, contrairement à RuthRuth 1. 17. Tout en montrant qu’elle préfère David à son père, elle ne prend pas loyalement position comme l’avait fait son frère Jonathan. Pour apaiser la colère de Saül, elle discrédite même David en lui prêtant des pensées de violence (verset 17).
David, rejeté et persécuté, va trouver à Naïoth2 celui qui l’avait oint. Jonathan était resté avec Saül, Mical avec l’idole ; Samuel est son dernier recours. Il lui rapporte tout, comme le feront plus tard au Seigneur les disciples de Jean-BaptisteMatthieu 14. 12. Quels heureux échanges entre le vieux prophète et le futur roi ! Quel bel exemple, pour un jeune croyant en difficulté, de venir trouver conseil, aide, encouragement et enseignement auprès d’un chrétien expérimenté ! Cultivons de telles relations entre les générations.
Saül a l’audace d’envoyer chercher David chez Samuel. Les expériences des trois groupes de messagers qui prophétisent ne réveillent pas en lui la moindre crainte. Il vient donc en personne (verset 22) ; mais, avant même qu’il ne soit arrivé, il est saisi de force par l’Esprit de Dieu. Voilà le roi d’Israël, si orgueilleux, nu et prosterné pendant un jour et une nuit devant Samuel ! Cette puissante influence divine sur Saül3 n’aurait-elle pas dû lui rappeler les jours où l’Esprit de l’Éternel ne s’était pas encore retiré de lui (16. 14) et où la perspective d’un règne heureux lui était offerte ? Hélas, Saül est tour à tour le porte-parole de Dieu (10. 10 ; 19. 23) et du diable (18. 10).
Mais ce récit annonce aussi prophétiquement la PentecôteActes 2. 16-21. Dès lors, au peuple céleste de Dieu qui se rassemble, il est dit : “Vous pouvez tous prophétiser” 1 Corinthiens 14. 31. Un incrédule, en présence d’une telle puissance, sera convaincu de péché et tombera sur sa face1 Corinthiens 14. 24, 25.
Enfin, la scène évoque aussi les temps heureux où Israël, purifié par une vraie repentance et une profonde humiliation, pourra jouir avec son Dieu d’une alliance nouvelle : “ils me connaîtront tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand” Jérémie 31. 34 car “mon Esprit sera répandu sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront” Joël 3. 1-5.