Comme l’avait compris le serviteur de Nabal (verset 14), Abigaïl seule pouvait dénouer la situation dans laquelle s’était mis son mari en refusant d’aider David. Sentant la vengeance de David imminente, elle se hâte (versets 18, 23).
Elle ne doute pas de la grâce de David, mais craint d’arriver trop tard. De même, aujourd’hui, la grâce est assurée à qui la rechercheTite 2. 11, mais elle ne durera pas toujoursÉsaïe 55. 6.
Abigaïl vient avec une offrande de paix. En effet, “un présent calme une violente fureur” Proverbes 21. 14.
Abigaïl se présente devant David et fait un long plaidoyer. Par son attitude exemplaire, elle montre :
Pour elle, Saül n’était qu’un homme (verset 29) qui cherchait la vie de l’oint de l’Éternel. Aussi assimile-t-elle les ennemis de David à une simple pierre qui serait jetée au loin, comme avec une fronde – allusion probable au combat contre Goliath.
Enfin, sa dernière requête – “Souviens-toi de ta servante” (verset 31) – rappelle celle du brigand sur la croix : “Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume” Luc 23. 42. De même que la démarche d’Abigaïl a complètement annulé le comportement odieux de son mari, la confession du brigand a annulé les injures qu’il avait prononcées aux premières heures de la croix. La foi, chez Abigaïl comme chez le brigand, leur fait regarder vers l’avenir avec espérance. Mais, en fait, l’avenir dépassera leur espérance : l’une deviendra la femme du roi, l’autre sera le jour même en présence de son Sauveur dans le paradis.
David reçoit la leçon comme de la part de Dieu. Il abandonne ses projets de vengeanceÉsaïe 55. 7 et se replace entre les mains de l’Éternel. Il n’attendra pas longtemps pour comprendre à quel point il a eu raison.
Dans sa réponse à Abigaïl, David reconnaît qu’elle a agi à la gloire de l’Éternel, de qui elle tenait sa sagesse. Il bénit donc d’abord Dieu, puis loue la sagesse de cette femme et enfin la bénit. Il lui promet la paix (verset 35), cette paix même que Nabal avait refusée (verset 6) mais dont Abigaïl avait besoin pour accepter sa triste condition de compagne de Nabal. C’est aussi un encouragement pour un nouveau converti : le Seigneur, qui l’a reçu en paix, ne change pas ses circonstances immédiatement, mais l’aide désormais à les supporter dans la paix qu’il donne à chacun des siens.
Abigaïl a la sagesse d’attendre que l’ivresse de Nabal soit passée pour le mettre au courantOsée 4. 11. Le lendemain, le récit de sa femme lui cause une terrible frayeur (verset 37), comparable à celle de Belshatsar à la vue de l’écriture sur le murDaniel 5. 6.
Puis, Dieu frappe à nouveau Nabal, mais à mort cette fois. David n’avait donc ni besoin ni le droit d’agir à la place de l’Éternel (verset 39).
Lorsque son mari meurt, une femme est “déliée de la loi du mari” Romains 7. 2. Abigaïl est donc libre et David s’empresse de la demander pour femme. Pour la troisième fois dans ce récit, Abigaïl se hâte (verset 42) ; par un acte de foi résolu, elle est prête à échanger son opulence passée pour la vie précaire de David. Dans une profonde humilité, elle consent aussi à s’abaisser jusqu’à laver les pieds des serviteurs de son seigneur (verset 41). Elle attribue ainsi à celui-ci une gloire d’autant plus grande.
Comme Ruth, Abigaïl est devenue veuve après un jugement de Dieu et, comme elle, elle est ensuite unie à son bienfaiteur. David, lui, est doublement satisfait (verset 39) : il constate la justice immanente de Dieu et il prend pour épouse une femme dont il avait apprécié la sagesse et la beauté.
Ce récit peut aussi revêtir une signification symbolique. Nabal représente Israël qui a eu la folie de méconnaître le Seigneur de gloire1 Corinthiens 2. 8. Il évoque aussi l’apostasie chrétienne de la fin et, plus généralement, tout homme qui méprise Jésus, le Fils de Dieu. Abigaïl symbolise tous ceux qui ont reconnu en Jésus Christ le futur dominateur universel et qui ont reçu le témoignage de la grâce (les dix messagers de David à Nabal, verset 5). L’Église est libérée du péché et du monde, comme Abigaïl l’est de Nabal. La présence ici-bas de l’Assemblée retarde le jugement qui est suspendu sur le monde. Elle est unie en Esprit à Christ, qui est encore rejeté ; elle partage aujourd’hui son opprobre, avant de participer à sa gloire future. Mais, dès maintenant, le cœur du Seigneur se réjouit en son Église, comme David le fit en AbigaïlPsaume 45. 12.
Abigaïl est la troisième femme pieuse présentée dans ce livre, après Anne (femme de louange qui chante la gloire à venir) et la femme de Phinées (femme de deuil qui pleure la gloire perdue). Pour les maris chrétiens, elle peut aussi représenter la femme que le Seigneur leur a donnée et qui, par ses conseils pleins de sagesse, modère leur tempérament en les incitant à laisser Dieu agir.
Akhinoam, autre femme de David, fut la mère d’Amnon, le fils aîné de la famille2 Samuel 3. 2.
Mical, fille de Saül, était la femme que David avait gagnée par son zèle et son courage. Elle lui avait été enlevée, pour être donnée à un autre, probablement pour marquer plus nettement la rupture de Saül avec son gendre.