Ammon et Moab, de la même origine incestueuseGenèse 19. 30-38, ont toujours été des ennemis d’Israël. Ils habitaient de l’autre côté du Jourdain. Ils sont une image du monde ouvertement opposé au peuple de Dieu.
Le pays de Galaad, dont Jabès était la capitale, était toujours objet de convoitise pour les Ammonites. Ils n’avaient jamais accepté d’en avoir été dépossédés par MoïseNombres 21. 24. Ils étaient déjà passés à l’attaque au temps des JugesJuges 11. 4. Mais Jephté, homme de foiHébreux 11. 32, leur avait infligé une très grande défaite. Les tribus de Ruben, Gad et Manassé, installées par intérêt matériel sur cette rive orientale du JourdainNombres 32, étaient la première cible de ces attaques. Elles sont clairement l’image de chrétiens mondains, peu zélés, qui se tiennent en marge dans l’assemblée. Ils sont les plus exposés à notre ennemi, le diable. En effet, Nakhash signifie “serpent” ; il a bien les caractères du serpent ancien dans son orgueil, dans son ambition d’humilier le peuple de Dieu, dans sa ruse pour tendre des pièges, dans son mensonge, dans ses récidives après que son peuple a été humilié devant IsraëlJuges 11. 33.
Jabès, maintenant assiégée, signifie : « sec », « desséché », « sans fruit ». La ville est prête à faire alliance avec l’ennemi et à le servir. Quelle honte ! En réponse, l’adversaire lui fait des propositions inacceptables en voulant crever à tous l’œil droit1. L’application spirituelle est importante. Le diable veut obscurcir la vision de la foi chez ceux qui sont en déclin spirituel. Ne cessons donc pas de veiller et de lutter car une hérésie, une fois réfutée ici, resurgira ailleurs sous une autre formeÉphésiens 4. 14.
Les messagers de Jabès s’adressent à toutes les tribus et non à Saül en priorité, ce qui montre qu’il n’était pas encore perçu comme le roi. Il va faire preuve de sollicitude à l’égard du peuple qui, par ses pleurs, montre bien peu d’énergie. Une fois informé, Saül passe immédiatement de son activité privée à une action publique. C’est l’occasion qu’il attendait depuis la parole de Samuel : “Tu feras ce qui se présentera à toi ; car Dieu est avec toi” (10. 7). Il ne pleure pas, mais fait preuve d’énergie sous l’impulsion d’une colère justifiée.
Mais ne nous fions pas trop à ces indices extérieurs. D’une part, le fait que le Saint Esprit saisisse un homme n’est pas la preuve que celui-ci a la vie de l’Esprit (Balaam en est un solennel exemple). D’autre part, cette colère violente (couper en morceaux la paire de bœufs), faisant d’emblée usage des menaces, est-elle digne d’un roi, revêtu d’autorité et de sagesse ? Il ne compte pas sur une réponse spontanée d’Israël à son appel. Pour appuyer sa proclamation, il s’associe Samuel sans l’avoir, semble-t-il, consulté.
Les hommes de Jabès se réjouissent des bonnes nouvelles apportées par les messagers. Mais, pour faire croire aux ennemis qu’ils sont sans secours, ils annoncent leur sortie vers eux pour le lendemain dans le but de les surprendre (verset 10).
L’attaque a lieu avant le matin2. Agissant avec habileté et sagesse, Saül divise son armée en trois corps. Et il n’arrête le combat que lorsque tous les ennemis sont détruits ou complètement dispersés.
Cette victoire a bien sûr un impact immédiat sur la popularité et le prestige de Saül qui apparaît comme le sauveur. Hélas, cette victoire n’est pas significative de l’état du peuple et de la fidélité du roi qu’ils ont demandé. L’avenir le prouvera.
Pour l’heure, Saül s’est montré compétent et efficace ; aussi le peuple prend-il nettement position en sa faveur. Par esprit de vengeance, il veut tuer les vauriens qui avaient mis en doute l’autorité de Saül (10. 27). Curieusement, le peuple s’adresse non à Saül mais à Samuel qui reste, à ses yeux, la plus haute autorité morale.
Une fois encore, le beau rôle revient à Saül. Il a tout de même l’humilité de reconnaître publiquement que la victoire est due à l’Éternel et il ordonne la clémence.
Si l’on admet que l’attaque des Ammonites représente un effort du diable pour introduire le mal doctrinal dans l’assemblée, nous voyons que les vainqueurs, qui ont défendu la vérité et refusé l’erreur, sont ensuite pris en défaut par le mal moral, étant animés d’un tout autre esprit que celui de Dieu : vengeance, intransigeance, absence de modérationLuc 9. 54, 55 ; Jacques 3. 17, 18. Lorsque la saine doctrine est défendue dans un esprit charnel, avec un cœur froid et sans réelle piété, la chair produira inéluctablement de mauvais fruits.
En face de l’attitude du peuple, Samuel lui propose de se rassembler à Guilgal3. Ce lieu symbolise le jugement et la condamnation de la chairJosué 5. 2-9. Oh ! si Saül avait compris la portée spirituelle du lieu du renouvellement de sa royauté ! Le sacrifice de prospérité (ou de communion) aurait pris tout son sens, car ce n’est que lorsque la chair est tenue pour morte que l’on peut vraiment jouir de la communion avec Dieu.
Pour la première fois pendant le règne de Saül – et hélas aussi pour la dernière – le peuple se réjouit. Mais sa joie vient plus de la victoire qu’il vient de remporter, que de l’Éternel qui l’avait permise.
Samuel participe à cette joie, mais non sans tremblement, comme le montrent ses paroles au chapitre suivant.