L’absence de David à la fête semble importer peu à Saül. Il pense immédiatement à une impureté de David1. Quelle inconscience morale ! Lui, Saül, était-il pur dans son cœur et ses pensées ? Telle sera l’hypocrisie des Juifs, qui prenaient sur eux le sang de Jésus mais ne voulaient pas entrer dans le prétoire pour ne pas se souillerJean 18. 28.
Pourtant, le lendemain, devant la nouvelle absence de David, Saül interroge son fils. Jonathan s’associe au mensonge de David et prend sur lui la responsabilité de son absence. De tels mensonges n’apaisent aucunement Saül, dont la colère ne connaît pas de borne. Elle s’abat sur son fils qui porte l’opprobre de son attachement pour David et qui est traité en ennemi. Sa mère même est rendue coupable de son attitude. N’arrive-t-il pas que des parents se rendent mutuellement responsables de la mauvaise conduite de leurs enfants ? Il ne devrait pas en être ainsi.
Blessé par l’injustice de Saül, Jonathan lui répond : “Qu’a-t-il fait ?” Pour toute réponse, il reçoit le javelot de son père. Il traverse la même épreuve que celui qu’il aime et qu’il défend (18. 11 ; 19. 10).
Tout espoir pour David est perdu. Plein de colère et de tristesse, Jonathan sort de table. Son cœur n’est plus à participer à la fête avec Saül, mais l’appelle dans les champs avec David.
Cette scène rappelle une autre fête des Juifs, celle des tabernacles, qui, elle aussi, devait signifier une ère nouvelle. Mais il y eut aussi un absent : le Fils de David. Lui aussi était menacé de mortJean 7. 1-13.
Sachons fuir tous les “festins” dont Dieu est exclu, car ces divertissements mondains, organisés au fond par Satan, recèlent de graves dangers. A partir d’un certain moment, il faut savoir trancher entre les prétendues exigences de la vie sociale et les vrais impératifs de la vie spirituelle. Le prix à payer peut parfois être lourd : opprobre, voire persécution, mais c’est le chemin de la fidélité.
Jonathan avertit David par le signe dont ils étaient convenus. L’un et l’autre sont convaincus que la fuite de David est inévitable. Tous les deux, seuls, ils échangent un dernier et touchant adieu.
Pourquoi Jonathan n’a-t-il pas saisi là l’occasion de quitter la cour d’un roi infidèle, même si c’était son père ? Ce pas, difficile à franchir, dépassait la mesure de sa foi. Il voit le but final, son cœur est avec David, mais ses pieds ne suivent pas. David ne lui demande rien, il ne l’entraîne pas. La séparation finale est acceptée avec une abondance de pleurs. Jonathan s’en va tout triste à la ville, comme, plus tard, un homme riche quittera le SeigneurMarc 10. 22.
Les dernières paroles de Jonathan sont profondes (verset 42) ; elles évoquent la paix et la présence de l’Éternel : “Tu garderas dans une paix parfaite l’esprit qui s’appuie sur toi, car il se confie en toi” Ésaïe 26. 3.
Samuel, dernier lien entre Dieu et son peuple, a été en quelque sorte mis de côté par ce dernier. Le roi Saül était rejeté de Dieu. Enfin, l’oint de l’Éternel, David, était à son tour rejeté par Saül. C’était pourtant par ce fils d’Isaï que l’Éternel devait conclure avec son peuple une alliance éternelle, “les grâces assurées de David” Ésaïe 55. 3.
L’enseignement moral de ce chapitre est très important. Jonathan est dévoué et droit de cœur. La clairvoyance de sa foi le pousse à rattacher son espérance à la gloire future de David (23. 16, 17), comme Abigaïl plus tard (25. 28, 30). Son erreur a été d’avoir voulu concilier l’inconciliable : l’ancien système charnel de son père et le nouvel ordre selon Dieu en David. Il est le type de ceux qui, par faiblesse, se soumettent au monde (représenté ici par Saül), en particulier dans ses formes religieuses en désaccord avec la parole de Dieu. Sortons plutôt, de cœur et de fait, vers Jésus hors du camp, en acceptant de porter son opprobreHébreux 13. 13 ; 2 Timothée 3. 12.