Saül est maintenant définitivement réprouvé par Dieu. Pourtant, il continue de régner ; mais, sans l’aide de Samuel, il est laissé à lui-même. Le peuple ne s’apercevra pas de l’incompétence du roi qu’il s’était donné, ni de son rejet par Dieu, ni même de la distance prise par Samuel.
Samuel est l’objet d’un reproche de l’Éternel. Pourquoi cette douloureuse déception ? Espérait-il encore quelque chose de bon de Saül ? Dieu veut l’amener à espérer encore et à se réjouir ; il lui parle d’un roi selon son cœur. De même, n’espérons plus rien de bon de la nature humaine (représentée ici par Saül). Qu’attendre encore du premier homme, quand celui-ci est remplacé par le second homme, Jésus Christ1 Corinthiens 15. 47 ?
Contrairement à celui de Saül, le choix de David est une pure initiative de Dieu : “J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte” Psaume 78. 70 ; 89. 21. Dieu, dans sa grâce souveraine, prend un jeune homme de Juda pour en faire le roi de son peuple. Nous aussi, croyants, avons été les objets d’un libre choix de la part de Dieu qui nous a élus avant la fondation du monde pour faire de nous un royaumeÉphésiens 1. 3, 4 ; Apocalypse 1. 4, 5.
Ce chapitre 16 fait suite à la conclusion du livre de Ruth qui donnait la généalogie de Boaz. David appartient à cette lignée de la foi qui aboutit au Seigneur qui lui aussi naîtra à BethléemMichée 5. 1.
L’attitude de Samuel est un peu décevante. D’abord, son deuil prolongé de Saül était-il à propos ? Maintenant, il présente une objection et semble craindre ce dernier. Plus loin, il va se laisser émouvoir par la prestance d’Éliab et se tromper à nouveau. Comment pouvait-il avoir peur de Saül qu’il avait à plusieurs occasions sévèrement censuré ? Après avoir été un instrument utile et puissant pour Dieu, tout serviteur peut montrer sa propre faiblesse et son manque d’intelligence1 Rois 18, 19 ; Matthieu 16. 16, 22. Cependant, chaque fois que Dieu le reprend, Samuel se laisse redresser. Ici, il sera protégé par un sacrifice qui, comme toujours, nous parle de la croix et donc de l’amour divin suffisant pour affronter toutes les difficultés.
Ce sont maintenant les anciens de Bethléem qui ont peur ; mais Samuel les rassure tout de suite. Comme pour l’onction de Saül, il y aura une fête et les anciens, dont faisait partie Isaï (17. 12), y sont invités pour contempler la face du bien-aimé, l’oint de l’Éternel.
Samuel doit apprendre maintenant une importante leçon que nous avons tous besoin de retenir. La stature d’Éliab, premier-né d’Isaï, attire son regard. Au fond, il lui rappelle Saül. Ainsi, même un prophète, s’il est dirigé par ses propres pensées, peut se tromper complètement, en toute sincérité. Car “Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes… de sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu” 1 Corinthiens 1. 27-29.
Dieu rappelle ici à Samuel un principe général de la plus haute importance. L’échelle de valeurs des hommes n’est pas celle de Dieu. La première repose sur des considérations extérieures, comme l’apparence physique, les capacités intellectuelles, le rang social, etc., alors que Dieu mesure les hommes à l’état de leur “cœur”, c’est-à-dire du tréfonds de leur être intérieur. Il lit les motifs qui nous font agir, nos sentiments et nos pensées envers lui et c’est cela qu’il apprécie. Notre spiritualité est bien souvent trop faible pour que nous puissions nous abstraire de l’échelle humaine ; mais demandons à Dieu qu’il nous donne de voir selon son propre regard.
Les sept fils d’Isaï présents sont tous mis de côté. Isaï ne pense pas à présenter à Samuel son plus jeune fils, qu’il n’avait même pas invité au festin ! Peut-être quelqu’un se sent-il incompris et rejeté de ses proches ? L’exemple de David vient l’encourager. Dieu le sait et a un plan pour sa vie ; il lit dans son cœur, lui qui apprécie les humbles qu’il élève le moment venu, et qui abaisse les orgueilleux comme ÉliabProverbes 15. 33 ; 16. 18.
Comme on le verra tout au long de son histoire, David est un très beau type de Christ, l’Oint de Dieu. Déjà les premiers détails donnés ici à son sujet évoquent la personne du Seigneur :
David, comme celui qu’il préfigure, ne régnera pas tout de suite. Il devra traverser une longue période d’épreuves pour affermir sa foi et sa dépendance. Durant ces années, il montrera sa grâce pour ses ennemis et écrira la plupart de ses psaumes à la gloire de Dieu.
A l’exception de ses défaillances, chacun de ses pas annonce ceux du Seigneur qui, à part le péché, suivra le même chemin.
Cette onction de David est le dernier acte public de Samuel, le couronnement de sa mission de prophète2.
Avec une symétrie dramatique et solennelle, Dieu retire à Saül son Esprit au moment où il en remplit David. Plus grave encore, il envoie sur Saül un mauvais esprit comme jugement3. Quel triste tableau ! Saül, naguère acclamé et vainqueur, soutenu par Samuel et par Dieu, est maintenant l’objet de la pitié de ses serviteurs ! Leur proposition, bien intentionnée, ne fera que panser bien légèrement une plaie incurable.
L’un d’eux pense à David. Il discerne en lui un homme rempli de l’Esprit de puissance (“fort et vaillant”), d’amour (son cœur exprime la grâce en jouant) et de conseil (“il a l’intelligence des choses”) 2 Timothée 1. 7.
Isaï qui, malgré l’onction, avait renvoyé David à son humble tâche de berger, semble prendre conscience que son fils est appelé à plus d’honneur ; aussi, selon la coutume orientale, il ne l’envoie pas au roi les mains vides, mais lui confie un présent (verset 20).
La harpe de David agit sur Saül et chasse pour un temps l’influence satanique. La musique soulage, apaise mais ne guérit pas le cœur. Ainsi, on ne voit chez le roi aucun exercice de conscience. Sa seule réaction est égoïste : il fait de David son porteur d’armes.
La présence d’un cœur compatissant peut avoir un effet heureux et apaisant. Actuellement, beaucoup de personnes recherchent les consolations par des paroles chrétiennes. Elles sont charmées par la mélodie des psaumes, mais les paroles entendues ne pénètrent pas toujours dans le cœur, pour y apporter la guérison définitive de l’âme.