Le sous-titre du chapitre 10 (“Proverbes de Salomon”) introduit la partie principale du livre des Proverbes, que nous avons appelée “Salomon I” 1.
La partie introductive des chapitres 1 à 9 est rédigée comme un texte suivi. A partir du chapitre 10, le style du livre change : dans un texte peu serré, Salomon expose une maxime après l’autre. Les liaisons entre ces proverbes ne sont souvent pas évidentes à première vue (même si elles existent néanmoins).
Cette manière de présenter la sagesse divine illustre bien l’expérience de notre vie : il n’est pas rare que nous ayons de la peine à discerner le plan qui englobe les moindres événements et toutes les situations par lesquelles nous passons. Il nous est souvent difficile de comprendre la signification et la liaison entre les différents incidents de notre vie quotidienne – même si notre vie suit assurément un plan divin. Le livre des Proverbes nous offre des conseils pour les situations les plus diverses de l’existence humaine. Le Seigneur a la réponse pour chaque situation, aussi inattendue et peu commune qu’elle soit.
Les chapitres 10 à 24 traitent de beaucoup de sujets différents, comme l’honnêteté, les richesses, le foyer, la diligence, le savoir-vivre, les paroles, etc. Mais les versets ne sont pas regroupés par sujet. Les différents thèmes sont mélangés et reviennent plusieurs fois au cours des chapitres. Il en est ainsi de l’école de la vie : Dieu ne nous donne pas un enseignement “en bloc” sur un même sujet. A chaque moment, nous sommes confrontés simultanément à plusieurs situations. De plus, certains sujets reviennent périodiquement au cours de la vie, de manière plus ou moins importante pour nous.
Comme nous l’avons déjà mentionné, les versets ne se suivent pas de façon arbitraire. Salomon dit lui-même qu’il “a pesé et sondé, et mis en ordre beaucoup de proverbes” (Eccl. 12. 9). La difficulté que nous éprouvons parfois à comprendre cet “ordre” doit nous remplir d’humilité devant l’insondable Parole de Dieu dont nous ne pouvons saisir qu’une petite partie.
Ces versets peuvent être reliés :
Ces différents moyens pour relier les versets sont utilisés simultanément. Par conséquent, on peut dire que les versets de la partie principale de “Salomon I” sont tellement imbriqués qu’on n’arrive pas à découper ce texte en plusieurs sections nettement distinctes, contrairement aux chapitres 1 à 9. Le lecteur est invité à faire un effort pour trouver aussi lui-même des liens entre les versets, car le but de ce commentaire n’est pas de les présenter systématiquement.
D’un point de vue littéraire, cette partie se divise en deux : de 10. 1 à 22. 16, les 375 versets sont sous la forme de deux vers7. La majorité est composée de proverbes antithétiques où le second vers exprime l’opposé du premier8. Le juste et l’injuste sont souvent mis en contraste pour nous donner envie d’imiter le comportement de celui qui est agréable aux yeux de l’Éternel. La seconde section, de 22. 17 à 24. 34 offre parfois des développements plus fournis qui s’étalent sur plus de deux vers.
Il nous sera généralement impossible de donner un plan pour chaque chapitre avec des sous-titres systématiques. Nous nous contenterons donc, lorsque cela est possible, de regrouper les proverbes consécutifs traitant d’un même sujet sous un intitulé commun. Pour le reste, le commentaire considérera chaque verset indépendamment.
L’entretien de notre vie est un aspect important de l’existence humaine. Comme disciple du Seigneur, nous savons que Dieu y pourvoit (verset 3) Matthieu 6. 24-34. Mais cela ne diminue pas l’importance du soin et de la diligence dans le travail. Faisons attention à la priorité donnée en Matthieu 6. 33 : cherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice ! Celui qui accumule des biens en étant injuste doit craindre le jugement divin. Tant l’avidité que la paresse sont condamnées et la portée de ces versets s’étend bien au-delà du seul domaine matériel ; mais lorsque Dieu agit par notre moyen, nous ne devons pas négliger le service qu’il nous confie.
La capacité de savoir parler vient de Dieu10. Le seul vrai Dieu est un Dieu qui a communiqué avec nous par le langage. Le Fils de Dieu porte le nom de “la Parole” Jean 1. 1-3. Mais par le péché, la capacité de l’homme à communiquer a été pervertie. “De la même bouche procède la bénédiction et la malédiction”, dit Jacques 3. 10. Dans ces versets, la bénédiction de la langue consiste en “vie” (verset 11), “amour” et pardon (verset 12), “sagesse” (verset 13), “connaissance” (verset 14), “instruction” et “répréhension” (verset 17), communications précieuses (verset 20) et nourriture (verset 21). La malédiction englobe le “chagrin” (verset 10), des idées insensées (verset 10), la “violence” (verset 11), la “haine” et les “querelles” (verset 12), la “ruine” (verset 14), le mensonge et les “calomnies” (verset 18), la “transgression” (verset 19) et les communications de peu de valeur (verset 20). Posons-nous la question : nos paroles amènent-elles du bien ou du malÉphésiens 4. 29 ; 5. 3, 4 ? Les applications concrètes de ces versets sont nombreuses : par exemple, le verset 19 nous invite à être sobres dans toutes nos conversations (il peut même s’appliquer à des prières publiques ou à des discours trop longs). Le verset 11 est à rapprocher de Jean 7. 38, 39. Enfin le verset 12 rappelle la manière dont Christ a agi envers nous ; il nous invite à l’imiterJacques 5. 20 ; 1 Pierre 4. 8.
Ces versets comparent le juste avec l’injuste. La manière de vivre maintenant a des conséquences pour l’avenir (même si des expressions comme celles du verset 27 seront littéralement vraies surtout dans le millénium). En 1 Jean 2. 17 il est écrit : “… le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement”. Il vaut bien la peine de “ne plus vivre pour les convoitises des hommes mais pour la volonté de Dieu” 1 Pierre 4. 2, non pas seulement pour le temps présent mais aussi pour l’éternité à venir.