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Le quatrième livre de Moïse dit les Nombres
Sondez les Écritures - 4e année

Nombres 23

L’histoire de Balaam

2. Les oracles de Balaam (1)

Balaam le prophète

Balaam n’était pas un faux prophète, mais son état moral était effrayant. Il n’appartenait pas à Israël, le peuple élu, mais il connaissait l’Éternel (“mon Dieu”, 22. 18), le consultait et l’Éternel lui répondait.

Cependant, sa conduite curieuse montre qu’il n’avait ni foi ni conscience. Avant de prononcer ses oracles, il faisait appel à un mélange de coutumes païennes (les “enchantements”, 24. 1) et de pratiques comparables aux instructions de la loi de Sinaï (les offrandes, au nombre de sept, symbole de la perfection divine). Il venait de la région de Paddan-Aram (verset 7) Deutéronome 23. 5 où le même mélange s’était rencontré autrefois dans la famille de Nakhor, puis de LabanGenèse 31. 18, 19, 30, 49, 53. Il semble que Dieu, dans ces “temps de l’ignorance” Actes 17. 30, condescendait parfois à communiquer avec un homme comme Balaam, même lorsque cet homme restait lié à l’idolâtrie.

Balaam impliqua Balak dans ses préparatifs (verset 1). Les apparences étaient belles, mais l’offrande était inconvenante : comment un prophète de l’Éternel pouvait-il s’associer à Balak, ennemi du peuple, image de l’ennemi de nos âmes, Satan2 Corinthiens 6. 14-16 ?

Balaam n’était pas tout à fait sûr du résultat de sa démarche (“peut-être”, verset 3). Sans doute sa conscience lui reprochait-elle cette mise en scène et il continua à travestir la vérité face à Dieu qui vint le rencontrer sur une hauteur découverte, en s’attribuant ce que Balak avait fait avec lui (verset 4).

Les oracles de Balaam

A sept reprises, Balaam proféra un “discours sentencieux” 1, exprimant rigoureusement ce que l’Éternel lui avait enjoint de dire (23. 12, 26 ; 24. 13). Quelles que soient les réserves que l’on puisse faire sur la personne de Balaam, il est incontestable que ses propos étaient directement inspirés. « Ce prophète cupide allait prononcer des paroles sublimes. »

Ses oracles se divisent en deux groupes ; les quatre premiers, les plus longs, concernent Israël, les trois derniers parlent des nations. Chacun des quatre premiers discours comprend :

  • des pensées de Dieu sur son peuple,
  • des paroles concernant Balaam lui-même (23. 10, 20 ; 24. 4, 16).

Contrairement à beaucoup d’autres prophéties bibliques, celles-ci ne sont pas un appel à la conscience du peuple accompagné de promesses, mais la déclaration des propres pensées que Dieu, dans sa grâce, formait pour Israël, à l’insu même de celui-ci.

Ces oracles concernent Israël, le peuple terrestre de Dieu. Ils peuvent aussi évoquer les pensées éternelles de Dieu envers nous, son peuple céleste. Il vaut la peine de s’élever au-dessus des misères et des divisions de l’Église pour la contempler “des hauteurs” (23. 9).

1er oracle de Balaam : la séparation du peuple de Dieu : versets 7-10

  • versets 7-8 : Dans ces quatre oracles principaux, le peuple de Dieu est appelé soit “Jacob” (ce qui rappelle les manquements et la responsabilité du croyant, au cours d’une vie de peines et d’épreuves), soit “Israël” (ce qui parle de la grâce puissante de Dieu qui a élu les siens) (23. 7, 10, 21, 23 ; 24. 5, 17-19). Sous quelque aspect qu’on le considère, la puissance de mal ne peut pas prévaloir sur le peuple bien-aimé de Dieu.
  • verset 9 : Dieu sépare toujours ce qui lui appartient2. La mise à part ne vient pas de celui qui se sépare (peut-être avec un esprit de supériorité et d’orgueil) Proverbes 18. 1 ; Galates 2. 12 mais elle procède de Dieu lui-mêmeGenèse 1. 4. C’est parce que Dieu nous a déjà retirés moralement du monde en nous sauvantGalates 1. 4 que nous devons nous en séparer3.
  • verset 10 : Ces paroles de Balaam étaient un souhait bien prétentieux. Comment cet homme, caractérisé par sa duplicité, pouvait-il souhaiter mourir de la mort des hommes droitsPsaume 37. 37 ? La mort est le résultat de toute une vie : la fin d’un homme droit implique d’abord une vie d’homme juste. Comme Balaam, de nombreuses personnes qui vivent sans Christ voudraient avoir la fin heureuse que connaissent bien des chrétiens fidèles, mais elles persistent pourtant à refuser Celui qui seul peut donner cette paix.

2e oracle de Balaam : la justification du peuple de Dieu : versets 18-24

  • versets 19, 20 : L’Éternel voulait que Balak soit bien conscient que Dieu ne peut pas se laisser influencer ou fléchir par des manœuvres humaines. Il est fidèle à ce qu’il est, le Même, et à sa Parole. Se repentir, pour un homme, signifie changer sa propre appréciation pour accepter celle de Dieu, notamment quant au mal. Pour l’Éternel, une telle attitude est inconcevable : “les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir” Romains 11. 29. Ses pensées et ses desseins éternels sont fermes et ils s’accompliront immanquablement4.
  • verset 21 : Quelles paroles surprenantes ! Dieu avait-il oublié toutes les infidélités du peuple, ses murmures, ses révoltes, son idolâtrie, etc. ? Certainement pas, mais Israël était justifié aux yeux de l’Éternel qui ne laisse pas l’ennemi accuser les siens. La justification est une nécessité qui répond à la responsabilité de l’homme pour le libérer de toute condamnation et qui répond aussi au propos de Dieu. Dieu voyait par avance l’œuvre de Jésus à la croixRomains 3. 255. Le bouc azazelLévitique 16 ou le serpent d’airain (21. 4-9) l’annonçaient. Dieu est juste – il l’était alors en reconnaissant Israël comme son peuple justifiéMichée 6. 5 ; Ésaïe 45. 24, 25. Il l’est aujourd’hui en déclarant justes ceux qui croient en JésusRomains 3. 24, 26, qu’il voit “saints et irréprochables” Éphésiens 1. 4 ; Christ est leur justice1 Corinthiens 1. 30 et ils sont eux-mêmes “justice de Dieu en Christ” 2 Corinthiens 5. 21. Comment accuser ceux qui sont dans une telle positionRomains 8. 1, 33, 34 ?

Non seulement le peuple était justifié, mais Dieu était au milieu de lui (verset 21 b). Dans la période de la grâce, Dieu habite dans les croyants par son Esprit1 Corinthiens 3. 16 ; 6. 19 et ils sont constitués “un royaume” pour le servir et le louer1 Pierre 2. 5 ; Apocalypse 1. 5, 6.

  • versets 22, 23 : Les fils d’Israël allaient être introduits dans le pays promis ; alors il serait évident à tous que Dieu avait fait pour eux de grandes chosesPsaume 126. 2, 3, depuis leur sortie d’Égypte et pendant toute la traversée du désertJosué 2. 9-11.

Mais cette expression (“Qu’est-ce que Dieu a fait ?”) va bien au-delà de l’action de l’Éternel en faveur d’Israël au désert. Elle recouvre toute l’œuvre de Dieu. Il ne s’est pas contenté d’avoir des pensées de grâce envers l’homme ; il les a traduites en actes. L’activité divine a culminé à la croix de Jésus Christ, et elle se poursuit encore : Dieu œuvre aujourd’hui pour sauver des âmesJean 5. 17, pour former les siensPhilippiens 1. 6 et pour les aider à traverser le monde. Seule cette œuvre subsistera dans l’éternitéEcclésiaste 3. 14.

Pendant toute l’histoire humaine, les hommes auront rappelé ce qu’ils ont fait – une histoire de péché et d’avilissement dont il ne restera rien ; puis viendra une période, le millénium, où l’on racontera ce que Dieu a fait – le récit de ses glorieux desseins et de leur accomplissementPsaume 22. 32.

Enfin, l’état éternel sera introduit par cette exclamation : “C’est fait !” Apocalypse 21. 6 Quant à nous, de tous nos actes, seuls resteront ceux que Dieu aura faits avec nous et par nous. Admirons dès aujourd’hui le travail de Dieu et ayons à cœur d’y collaborer1 Corinthiens 3. 9.

  • verset 24 : Balak n’avait certainement pas prévu la fin d’un tel oracle : non seulement le peuple était béni, mais encore l’Éternel annonçait ses victoires !

Pour nous, si nous sommes conscients de la fermeté de notre position (verset 21) et de l’action souveraine de Dieu (verset 23), la victoire nous est assuréeRomains 8. 37 ; 1 Jean 5. 4, 5.

Notes

123. 7, 18 ; 24. 3, 15, 20, 21, 23. La version J. N. Darby utilise l’expression “discours sentencieux” dans son sens étymologique de déclaration solennelle. D’autres traduisent cette expression par oracle. Le terme hébreu est “mashal”, qui signifie, entre autres, “discours moral sous une forme poétique”. Voir le complément sur la poésie hébraïque, SLE vol. 5, pp. 481-483.
2Le caractère singulier d’Israël a souvent été remarqué, y compris par des historiens athées. Contrairement à d’autres peuples antiques, Israël n’a rien produit de marquant dans le domaine des sciences ou des arts. Par ailleurs, il a conservé jusqu’à aujourd’hui une identité propre là où d’autres peuples se sont dissous dans un mélange qui ne permet plus de les distinguer.
3Ce qui était vrai du peuple terrestre de Dieu l’est aussi de l’Église. Le terme grec “ekklesia”, traduit en français par “église” ou “assemblée”, l’indique puisqu’il signifie littéralement “appelé hors de”.
4Voir SLE vol. 9, p. 146, note B.
5Voir SLE vol. 3, p. 290.

Nombres 23

1Et Balaam dit à Balak : Bâtis-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers. 2Et Balak fit comme Balaam avait dit ; et Balak et Balaam offrirent un taureau et un bélier sur [chaque] autel. 3Et Balaam dit à Balak : Tiens-toi auprès de ton offrandea, et je m’en irai ; peut-être que l’Éternel viendra à ma rencontre, et ce qu’il m’aura fait voir je te le rapporterai. Et il s’en alla sur une hauteur découverte. 4Et Dieu rencontra Balaam, et [Balaam] lui dit : J’ai préparé sept autels, et j’ai offert un taureau et un bélier sur [chaque] autel. 5Et l’Éternel mit une parole dans la bouche de Balaam, et dit : Retourne vers Balak, et tu parleras ainsi. 6Et il s’en retourna vers lui ; et voici, il se tenait auprès de son offrande, lui et tous les seigneurs de Moab. 7Et [Balaam] proféra son discours sentencieux, et dit :

Balak, roi de Moab, m’a amené d’Aramb, des montagnes d’orient :

Viens, maudis-moi Jacob ! viens, appelle l’exécration sur Israël !

8Comment maudirai-je ce que ✷Dieu n’a pas maudit ? Et comment appellerai-je l’exécration sur celui que l’Éternel n’a pas en exécration ?

9Car du sommet des rochers je le vois, et des hauteurs je le contemple.

Voici, c’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations.

10Qui est-ce qui comptera la poussière de Jacob, et le nombre de la quatrième partie d’Israël ?

Que mon âme meure de la mort des hommes droits, et que ma fin soit comme la leur.

11Et Balak dit à Balaam : Que m’as-tu fait ? Je t’avais pris pour maudire mes ennemis, et voici, tu les as bénis expressément. 12Et il répondit et dit : Ne prendrai-je pas garde de dire ce que l’Éternel aura mis dans ma bouche ?

13Et Balak lui dit : Viens, je te prie, avec moi, dans un autre lieu d’où tu puisses le voir ; tu n’en verras que l’extrémité, et tu ne le verras pas tout entier ; et maudis-le-moi de là. 14Et il le conduisit au champ de Tsophimc, au sommet du Pisga, et il bâtit sept autels, et offrit un taureau et un bélier sur [chaque] autel. 15Et [Balaam] dit à Balak : Tiens-toi ici auprès de ton offrande, et moi, j’irai à la rencontre, là…

16Et l’Éternel vint à la rencontre de Balaam, et mit une parole dans sa bouche, et dit : Retourne vers Balak, et tu parleras ainsi. 17Et il vint à lui, et voici, il se tenait auprès de son offrande, et les seigneurs de Moab avec lui. Et Balak lui dit : Qu’a dit l’Éternel ? 18Et il proféra son discours sentencieux, et dit :

Lève-toi, Balak, et écoute ! Prête-moi l’oreille, fils de Tsippor !

19✷Dieu n’est pas un homme, pour mentir, ni un fils d’homme, pour se repentir : aura-t-il dit, et ne fera-t-il pas ? aura-t-il parlé, et ne l’accomplira-t-il pas ?

20Voici, j’ai reçu [mission] de bénir ; il a béni et je ne le révoquerai pas.

21Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël ; l’Éternel, son Dieu, est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu de lui.

22✷Dieu les a fait sortir d’Égypte ; il a commed la forcee des buffles.

23Car il n’y a pas d’enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël. Selon ce tempsf il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que ✷Dieu a fait ?

24Voici, le peuple se lèvera comme une lionne, et se dressera comme un lion ; il ne se couchera pas qu’il n’ait mangé la proie, et bu le sang des tués.

25Et Balak dit à Balaam : Ne le maudis donc pas ; mais du moins ne le bénis pas. 26Et Balaam répondit et dit à Balak : Ne t’ai-je pas parlé, disant : Tout ce que l’Éternel dira, je le ferai ?

27Et Balak dit à Balaam : Viens donc, je te conduirai à un autre lieu : peut-être sera-t-il bong aux yeux de Dieu que tu me le maudisses de là. 28Et Balak conduisit Balaam au sommet du Péor, qui se montre au-dessus de la surface du désert. 29Et Balaam dit à Balak : Bâtis-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers. 30Et Balak fit comme Balaam avait dit ; et il offrit un taureau et un bélier sur [chaque] autel.

Notes

aoffrande, ici et v. 6, 15, 17 ; ailleurs : holocauste.
bla Syrie.
cou : des sentinelles.
dou : Il est pour lui comme, en rapportant « il » à Dieu ; ici et 24. 8.
eselon qqs. : rapidité, ici et 24. 8.
fle temps présent, à la fin de la traversée du désert. Selon, en fait un principe général.
gici, litt. : juste, droit.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)