Balaam n’était pas un faux prophète, mais son état moral était effrayant. Il n’appartenait pas à Israël, le peuple élu, mais il connaissait l’Éternel (“mon Dieu”, 22. 18), le consultait et l’Éternel lui répondait.
Cependant, sa conduite curieuse montre qu’il n’avait ni foi ni conscience. Avant de prononcer ses oracles, il faisait appel à un mélange de coutumes païennes (les “enchantements”, 24. 1) et de pratiques comparables aux instructions de la loi de Sinaï (les offrandes, au nombre de sept, symbole de la perfection divine). Il venait de la région de Paddan-Aram (verset 7) Deutéronome 23. 5 où le même mélange s’était rencontré autrefois dans la famille de Nakhor, puis de LabanGenèse 31. 18, 19, 30, 49, 53. Il semble que Dieu, dans ces “temps de l’ignorance” Actes 17. 30, condescendait parfois à communiquer avec un homme comme Balaam, même lorsque cet homme restait lié à l’idolâtrie.
Balaam impliqua Balak dans ses préparatifs (verset 1). Les apparences étaient belles, mais l’offrande était inconvenante : comment un prophète de l’Éternel pouvait-il s’associer à Balak, ennemi du peuple, image de l’ennemi de nos âmes, Satan2 Corinthiens 6. 14-16 ?
Balaam n’était pas tout à fait sûr du résultat de sa démarche (“peut-être”, verset 3). Sans doute sa conscience lui reprochait-elle cette mise en scène et il continua à travestir la vérité face à Dieu qui vint le rencontrer sur une hauteur découverte, en s’attribuant ce que Balak avait fait avec lui (verset 4).
A sept reprises, Balaam proféra un “discours sentencieux” 1, exprimant rigoureusement ce que l’Éternel lui avait enjoint de dire (23. 12, 26 ; 24. 13). Quelles que soient les réserves que l’on puisse faire sur la personne de Balaam, il est incontestable que ses propos étaient directement inspirés. « Ce prophète cupide allait prononcer des paroles sublimes. »
Ses oracles se divisent en deux groupes ; les quatre premiers, les plus longs, concernent Israël, les trois derniers parlent des nations. Chacun des quatre premiers discours comprend :
Contrairement à beaucoup d’autres prophéties bibliques, celles-ci ne sont pas un appel à la conscience du peuple accompagné de promesses, mais la déclaration des propres pensées que Dieu, dans sa grâce, formait pour Israël, à l’insu même de celui-ci.
Ces oracles concernent Israël, le peuple terrestre de Dieu. Ils peuvent aussi évoquer les pensées éternelles de Dieu envers nous, son peuple céleste. Il vaut la peine de s’élever au-dessus des misères et des divisions de l’Église pour la contempler “des hauteurs” (23. 9).
Non seulement le peuple était justifié, mais Dieu était au milieu de lui (verset 21 b). Dans la période de la grâce, Dieu habite dans les croyants par son Esprit1 Corinthiens 3. 16 ; 6. 19 et ils sont constitués “un royaume” pour le servir et le louer1 Pierre 2. 5 ; Apocalypse 1. 5, 6.
Mais cette expression (“Qu’est-ce que Dieu a fait ?”) va bien au-delà de l’action de l’Éternel en faveur d’Israël au désert. Elle recouvre toute l’œuvre de Dieu. Il ne s’est pas contenté d’avoir des pensées de grâce envers l’homme ; il les a traduites en actes. L’activité divine a culminé à la croix de Jésus Christ, et elle se poursuit encore : Dieu œuvre aujourd’hui pour sauver des âmesJean 5. 17, pour former les siensPhilippiens 1. 6 et pour les aider à traverser le monde. Seule cette œuvre subsistera dans l’éternitéEcclésiaste 3. 14.
Pendant toute l’histoire humaine, les hommes auront rappelé ce qu’ils ont fait – une histoire de péché et d’avilissement dont il ne restera rien ; puis viendra une période, le millénium, où l’on racontera ce que Dieu a fait – le récit de ses glorieux desseins et de leur accomplissementPsaume 22. 32.
Enfin, l’état éternel sera introduit par cette exclamation : “C’est fait !” Apocalypse 21. 6 Quant à nous, de tous nos actes, seuls resteront ceux que Dieu aura faits avec nous et par nous. Admirons dès aujourd’hui le travail de Dieu et ayons à cœur d’y collaborer1 Corinthiens 3. 9.
Pour nous, si nous sommes conscients de la fermeté de notre position (verset 21) et de l’action souveraine de Dieu (verset 23), la victoire nous est assuréeRomains 8. 37 ; 1 Jean 5. 4, 5.