Aaron est le personnage central des chapitres 16 à 18 : contesté dans son rôle par Coré (chapitre 16), puis clairement établi dans sa fonction sacerdotale unique par l’Éternel (chapitre 17), il est ici confirmé dans ses privilèges.
Pour la seule fois dans le livre des Nombres, l’Éternel s’adressa directement à Aaron. Reprenant ce qui avait déjà été exposé avant le départ du Sinaï (chapitres 3 et 8), Dieu récapitula les caractéristiques principales du service d’Aaron et de ses fils d’une part, et des Lévites d’autre part. Il répondait en cela à la question qui termine le chapitre 17 : l’Éternel établissait la sacrificature “afin qu’il n’y ait plus de colère contre les fils d’Israël” (verset 5) 1. Le peuple n’allait pas expirer dans le désert, car le dessein de Dieu était de l’amener jusqu’au pays promis avec la ressource de la sacrificature.
Dans ce chapitre, comme ailleurs, Aaron est une figure de Christ comme souverain sacrificateur et les fils d’Aaron représentent sa maison (“et nous sommes sa maison” Hébreux 3. 6). Les Lévites sont aussi une image des croyants qui sont donnés par Dieu à Jésus et par lesquels notre Seigneur est glorifiéJean 17. 9, 10.
Cependant, répétons-le, la grande différence entre les Israélites et nous est que nous sommes tous simultanément des sacrificateurs (des fils d’Aaron) et des serviteurs (des Lévites). L’accès de l’autel nous est ouvert (verset 3 b) Hébreux 10. 19-22 et la crainte de la mort n’existe plusHébreux 2. 14, 15 : nous pouvons librement nous approcher de Dieu et vivre !
Quelques détails sont pleins d’instruction pour nous :
En dépit de tous les événements attristants qui étaient intervenus depuis l’onction d’Aaron et de ses fils, l’Éternel considérait que la sacrificature conservait toute sa valeur (verset 8).
A cette fonction correspondaient des privilèges, dont celui d’avoir part de plein droit à ce qui appartenait à l’Éternel :
C’était une “alliance de sel, à perpétuité” (verset 19) 3.
Ces ordonnances, transposées à notre période, parlent de notre part commune avec Dieu dans son Fils bien-aimé (qui est vu en type dans les diverses offrandes) 1 Jean 1. 3. Dieu veut nous faire partager ce qu’il a de “meilleur”, les “prémices”, c’est-à-dire Christ1 Corinthiens 15. 23. Le christianisme, loin d’être une frustration, nous ouvre ce que Dieu peut offrir de plus excellent.
Cette communion n’est pas seulement personnelle (“dans ta maison”, verset 13) ; c’est ensemble que nous goûtons la valeur de sa personne et de son œuvre, en famille ou en assemblée.
Mais ces privilèges ne doivent pas nous faire oublier d’où Dieu nous a tirés. Le premier-né des hommes et celui des bêtes sont mis au même rang (verset 15) ; par nature, nous ne valons donc pas plus qu’une bête impure !
Une fois dans le pays, la tribu de Lévi n’aurait pas d’héritage comme les autres tribus car elle était préposée au service de l’Éternel. L’Éternel lui-même serait son héritage (verset 20). Plus tard, David, bien que n’étant pas un Lévite, s’écrierait : “L’Éternel est la portion de mon héritage” Psaume 16. 5. Nos vrais biens ne consistent pas en richesses matérielles, mais en des bénédictions spirituelles que Dieu nous a données et qui se concentrent dans une personne, son Fils Jésus Christ.
Pour subsister, la tribu de Lévi recevrait les dîmes offertes “à l’Éternel” (verset 24). Nous ne donnons pas à tel ou tel, mais au Seigneur. Nos dons – et notamment le produit de la collecte faite chaque dimanche1 Corinthiens 16. 1 – reviennent, au moins en partie, aux “Lévites”, c’est-à-dire aux frères et aux sœurs qui ont un service particulier pour le Seigneur.
Les Lévites n’étaient pas exclus de la dîme : ils avaient le privilège, comme les autres, de donner à l’Éternel la “dîme de la dîme” (verset 26). Celle-ci revenait aux sacrificateurs. Après l’exil, le peuple s’engagerait à observer la même ordonnanceNéhémie 10. 39, 40.
Une fois ces dîmes acquittées, les Lévites seraient dans une position juste et droite devant l’Éternel (verset 32) ; ils pourraient manger le restant en toute bonne conscience. Retenons-en un enseignement pratique : la priorité (“le meilleur”, versets 30, 32) doit être donnée en toutes choses aux droits du Seigneur et au bien de ceux qui ont des besoins4 ; pour le reste, ne soyons pas ingrats envers “le Dieu qui nous donne toutes choses richement pour en jouir” 1 Timothée 6. 17 et acceptons avec reconnaissance ce qu’il juge bon dans sa grâce de nous accorder.
Ce premier paragraphe est construit suivant une structure en « miroir », très fréquente dans l’A.T.