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Le quatrième livre de Moïse dit les Nombres
Sondez les Écritures - 4e année

Nombres 12

Les premiers murmures

4. Marie et Aaron contre Moïse

Récit historique

Après les plaintes et les murmures du peuple au chapitre précédent, la jalousie et la médisance se développèrent chez deux personnes et non des moindres : Marie et Aaron, la sœur et le frère de Moïse. Il semble qu’ils aient eu un entretien secret dont le prétexte était la femme éthiopienne que Moïse avait prise1, mais dont le motif réel était la jalousie. Apparemment ils étaient fondés à faire des reproches à leur frère car ils étaient tous deux ses aînés ; mais sans doute, au fond, prenaient-ils ombrage du rôle croissant que Dieu confiait à Moïse.

“L’Éternel l’entendit » (verset 2) car toute parole a un Auditeur dans le ciel. L’Ecclésiaste donnera plus tard ce conseil : « Ne maudis pas le roi, même dans ta pensée… car l’oiseau des cieux en emporterait la voix, et ce qui a des ailes en divulguerait les paroles” Ecclésiaste 10. 20.

Dieu interrompit brusquement cet entretien. Si tout s’était passé jusque-là dans le secret, c’était publiquement que l’Éternel allait reprendre Aaron et Marie (verset 5). Il s’adressa à eux de façon solennelle (verset 6) et rendit témoignage à la fidélité de Moïse, que l’auteur de l’épître aux Hébreux rapprochera plus tard de celle de JésusHébreux 3. 1-6.

La Parole relève la douceur2 de ce serviteur (verset 3) : lorsqu’il s’agissait de ses propres intérêts, il se mettait volontiers en arrière, mais il était prompt à se mettre en colère lorsque ceux de Dieu étaient en jeu. Il est une belle figure du Seigneur Jésus, qui se définit aussi lui-même comme “doux et humble de cœur” Matthieu 11. 29 mais qui savait chasser les marchands hors de “la maison de son Père” Jean 2. 13-16 ; Matthieu 21. 12, 13.

Marie fut frappée de lèpre (verset 10) ; cette plaie manifestait publiquement son état intérieur et la gravité de la maladie indiquait celle du péché commis. Aaron eut l’honnêteté et la droiture de confesser sa faute à Moïse (verset 11). La main de Dieu qui s’était appesantie sur Marie épargna Aaron car la grâce avait travaillé dans son cœur pour produire cet esprit de confession et de repentance.

Quant à Moïse, bien qu’offensé par sa sœur, il reprit immédiatement son rôle d’intercesseur devant Dieu. Il était le seul moralement à pouvoir le faire, car Aaron, bien que sacrificateur, n’était pas dans l’état convenable.

Ce péché eut une lourde conséquence pour tout le peuple, puisque le camp stationna sept jours3. Marie ne fut pas abandonnée dans le désert, mais la grâce de Dieu permit que la prophétesse, qui avait chanté la délivrance au bord de la mer RougeExode 15. 20, 21, participe à la suite du voyage du peuple.

Quel exemple de miséricorde pour nous, qui aurions volontiers poussé pour que le peuple ne soit pas immobilisé si longtemps. Les fils d’Israël étaient solidaires et concernés par ce qui arrivait à l’une d’entre eux.

Plus tard, Moïse rappellera cet incident : “Prends garde à la plaie de la lèpre, afin de bien observer et de faire selon tout ce que les sacrificateurs, les Lévites, vous enseigneront ; vous prendrez garde à faire comme je leur ai commandé. Souviens-toi de ce que l’Éternel, ton Dieu, fit à Marie dans le chemin, quand vous sortiez d’Égypte” Deutéronome 24. 8, 9. Par là, Moïse montrait à chacun (“toi”) qu’il avait la même nature charnelle et qu’il devait veiller pour juger préventivement tout mouvement semblable.

Application morale

Ce récit nous montre combien il est dangereux de parler contre un frère ou une sœur, et plus encore contre un serviteur de Dieu ou un ancien1 Timothée 5. 19. Même si nos propos se nourrissent de faits réels et sont justifiés par les meilleurs prétextes, ils ne font souvent que révéler notre jalousie. La racine de ce mal est l’orgueil, le sentiment de notre propre importance (verset 2), alors que nous sommes invités à regarder non pas à ce qui est à nous mais à ce qui est aux autresPhilippiens 2. 4. L’apôtre Pierre nous exhorte à rejeter “l’envie et toutes médisances” 41 Pierre 2. 1.

En transposant dans le langage du N.T., on pourrait penser que la réaction de Marie est spirituellement juste : c’est celle d’une sœur âgée qui dénonce une alliance en dehors du peuple de Dieu. Mais Dieu regarde au cœur : il sait distinguer entre l’apparence et les motifs réels qui nous font agir. Quand nous jugeons les autres, il arrive souvent que Dieu nous amène à juger notre propre état…

L’attitude de Moïse nous indique comment réagir si l’on nous attaque injustement. Au lieu de nous rebiffer, de nous justifier – pire, de commencer nous-mêmes à attaquer – prions pour le relèvement de notre accusateurLuc 6. 27, 28.

Marie avait été fidèle dans la garde de son frèreExode 2. 4 et avait guidé les chœurs des femmes à la mer Rouge, mais elle restait une femme avec “les mêmes passions que nous” Jacques 5. 17. Quelle que soit notre piété passée elle ne nous met pas à l’abri d’une chute.

Portée prophétique

A la suite d’autres couples du Pentateuque (Joseph et Asnath entre autres), l’union de Moïse et de la femme éthiopienne peut être vue comme une image de l’union de Christ et de l’Église, tirée des nations. L’extension de la grâce aux nations a excité la jalousie des Juifs (représentés par Aaron et Marie). La colère de Dieu est alors venue sur eux mais sa miséricorde les rétablira lorsqu’ils auront confessé leur péché.

Notes

1Il est difficile d’affirmer si la “femme éthiopienne” était Séphora ou une autre femme. La portée du récit et son application sont les mêmes dans les deux cas.
2Ce terme est aussi traduit par “humble” ou “patient”. Cette expression a été utilisée par ceux qui prétendent que Moïse n’est pas l’auteur du Pentateuque : « comment oserait-il se complimenter ainsi ? » disent-ils. Mais le prophète avait une relation si intime avec Dieu qu’il pouvait parler de lui en toute objectivité, comme il aurait parlé de quelqu’un d’autre. Il n’hésitait pas plus à rappeler par écrit plusieurs de ses fautes qu’à reconnaître ses qualités. Il se vantait ici sans orgueil comme il se blamaît ailleurs avec humilité. Dans le N.T., Paul n’hésite pas, lui aussi, à mettre en exergue ses propres qualités (2 Corinthiens 11 ; 12). L’un comme l’ autre écrivait sous la direction du Saint Esprit (2 Pierre 1. 21).
3Par comparaison, il ne fallait que onze jours de chemin pour parcourir directement la distance entre Horeb (le point de départ) et Kadès-Barnéa (là où le peuple resterait trente-huit ans) (Deutéronome 1. 2).
4Le contexte de ce verset de 1 Pierre montre que les calomnies et les médisances sont des entraves pour comprendre la Parole (verset 2), pour goûter la bonté du Seigneur (verset 3) et pour rendre culte (verset 5).

Nombres 12

1Et Mariea et Aaron parlèrent contre Moïse à l’occasion de la femme éthiopienneb qu’il avait prise, car il avait pris une femme éthiopienne. 2Et ils dirent : L’Éternel n’a-t-il parlé que parc Moïse seulement ? n’a-t-il pas parlé aussi parc nous ? Et l’Éternel l’entendit. 3Et cet homme, Moïse, était très douxd, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre. 4Et soudain l’Éternel dit à Moïse, et à Aaron et à Marie : Sortez, vous trois, vers la tente d’assignation. Et ils sortirent eux trois. 5Et l’Éternel descendit dans la colonne de nuée, et se tint à l’entrée de la tente ; et il appela Aaron et Marie, et ils sortirent eux deux. 6Et il dit : Écoutez mes paroles : S’il y a un prophète parmi vous, moi l’Éternel, je me ferai connaître à lui en vision, je lui parlerai en songe. 7Il n’en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, quie est fidèle dans toute ma maison ; 8je parle avec lui bouche à bouche, et [en me révélant] clairement, et non en énigmes ; et il voit la ressemblance de l’Éternel. Et pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ? 9Et la colère de l’Éternel s’embrasa contre eux, et il s’en alla ; 10et la nuée se retira de dessus la tente : et voici, Marie était lépreuse, comme la neige ; et Aaron se tourna vers Marie, et voici, elle était lépreuse. 11– Et Aaron dit à Moïse : Ah, mon seigneur ! ne mets pas, je te prie, sur nous, ce péché par lequel nous avons agi follement et par lequel nous avons péché. 12Je te prie, qu’elle ne soit pas comme un [enfant] mort, dont la chair est à demi consumée quand il sort du ventre de sa mère. 13Et Moïse cria à l’Éternel, disant : Ô ✷Dieu ! je te prie, guéris-la, je te prie. 14Et l’Éternel dit à Moïse : Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas pendant sept jours dans la honte ? Qu’elle soit excluef, sept jours, hors du camp, et après, qu’elle y soit recueillie. 15Et Marie demeura exclue hors du camp sept jours ; et le peuple ne partit pas jusqu’à ce que Marie ait été recueillie.

16Et après, le peuple partit de Hatséroth, et il campa au désert de Paran.

Notes

ahéb. : Miriam.
bou : cushite.
cou : à.
dou : humble.
eou : lui.
fou : enfermée.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)