Tout l’amour de notre Sauveur s’exprime dans les paroles adressées à ses disciples. N’y voyons surtout pas un reproche teinté d’ironie. Le combat qu’il vient de soutenir dans la prière a pris fin par son acceptation sans faille, accompagnée d’une totale confiance en son Dieu, selon les expressions du prophète : “Je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière. J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient… c’est pourquoi j’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus” Ésaïe 50. 5-7. L’heure était venue, cette heure dont il a souvent parlé ; c’est l’heure de la croix, celle du jugement de Dieu contre le péché, mais aussi celle de notre salut.
Invitant ses disciples à se lever, le Seigneur ajoute : “Allons”. Il ira seul jusqu’au bout, mais les siens ne doivent pas rester là. Il sait bien qu’ils ne pourront pas le suivre, mais il sait aussi qu’il les rejoindra au soir de sa résurrection. N’en est-il pas ainsi pour nous ? Ne demeurons pas toujours dans le lieu où la souffrance est rappelée, passons plus loin, car Jésus est ressuscité. Si nous avons eu le privilège de suivre notre bien-aimé Sauveur et Seigneur dans son chemin de douleur en rappelant sa mort sur la croix, levons aussi les yeux pour le voir où il se trouve maintenant, assis à la droite de Dieu son Père. Notre christianisme sera plus vivant et plus heureux.
Les phases finales de l’histoire de Judas se précipitent dramatiquement. Jean dit qu’ayant été désigné par Jésus lors du repas de la Pâque, Judas sortit aussitôtJean 13. 30. Notre texte précise qu’aussitôt Judas se trouve là (verset 43). Le prophète avait déjà dit : “Leurs pieds courent au mal, et se hâtent pour verser le sang innocent” Ésaïe 59. 7. Ayant pris les précautions qui lui paraissaient utiles, Judas arrive avec une grande foule armée d’épées et de bâtons. Dans la nuit ténébreuse, moins sombre pourtant que leur nuit morale, ces hommes iniques vont mettre les mains sur leur Créateur, leur Messie rejeté. C’est vraiment l’heure de l’homme et le pouvoir des ténèbresLuc 22. 53.
Que dire du signe donné par Judas, et de ses paroles : Rabbi, Rabbi ? Ce cœur dont le diable avait pris possession ne recule devant aucune fausseté, aucune turpitude. Sinistre tableau de ce dont est capable l’homme entraîné par Satan, et cela même après avoir été trois ans dans la compagnie de Jésus ! Le psaume 55 fait mention de la traîtrise de Judas et de sa faussetéPsaume 55. 13, 14, 20, 21. Passé en proverbe populaire, son baiser est le comble de la perfidie.
Dès ce moment se réalise la prophétie d’Ésaïe : “Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche” Ésaïe 53. 7. S’il prononce une parole, ce n’est que pour souligner l’accomplissement des Écritures (verset 49), et dire à cette troupe qu’il n’aurait pas été nécessaire de prendre tant de précautions. L’évangile selon Jean, en soulignant la divinité de Christ, relève cette parole de Jésus : “Je vous ai dit que c’est moi ; si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci” Jean 18. 8.
L’épisode du coup d’épée qui emporte l’oreille de Malchus est relaté dans les quatre évangiles. Cela ne souligne-t-il pas notre incapacité totale à prendre la défense des droits du Sauveur en comptant sur notre propre sagesse ? Mais alors, par l’Esprit de Dieu, nous pourrons ressembler à Pierre qui, plus tard, a pu manier avec dextérité l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu.
Un autre épisode se trouve seulement sous la plume de Marc : celui du jeune homme enveloppé d’une toile de fin lin qui s’échappe tout nu. Qui était-il ? Peu importe. Il est l’image d’une profession de foi qui ne correspond pas à la réalité. La religion n’est qu’une couverture légère qui disparaît dès les premières difficultés.