Une fois encore, nous nous retrouvons durant la quatrième année du règne de Jehoïakim. Ce chapitre est le seul de toute les Écritures qui nous décrive comment une portion de la parole de Dieu a été écrite :
Dieu espérait que peut-être la maison de Juda écouterait et que chacun reviendrait de sa mauvaise voie. Alors il pourrait leur pardonner “leur iniquité et leur péché” (verset 3). Une fois encore, Dieu se montre miséricordieux et plein de grâce ! La mission de Jérémie durait alors depuis vingt-trois ans.
Jérémie était “enfermé”, ce qui ne veut pas dire qu’il était en prison. Seulement, il n’était pas libre de ses mouvements et n’avait pas, en particulier, la permission d’entrer dans le temple. Mais la parole de Dieu, qui est éternelle, ne peut pas être entravée par les circonstances du temps2 Timothée 2. 9. Il dit à Baruc : “Mais toi, tu y entreras, et tu liras, dans le rouleau que tu as écrit de ma bouche, les paroles de l’Éternel”. Comme les hommes du peuple étaient rassemblés pour s’humilier dans l’affliction par le jeûne, peut-être écouteraient-ils la parole de Dieu pour se détourner de leurs iniquités ?
Quand donc tout le peuple fut réuni, Baruc lut devant eux, dans le livre des paroles de l’Éternel, dans la maison de l’Éternel (verset 8). Ils étaient dans la chambre de Guemaria, fils de Shaphan, secrétaire de Josias, située “à l’entrée de la porte neuve” (verset 10).
Parmi tous ces auditeurs, Michée, le fils de Guemaria, écoute le message divin et il est profondément touché. Il descend dans la maison du roi, où les princes tenaient conseil, et leur rapporte ce qu’il a entendu (verset 13). Bel exemple d’un jeune croyant qui résume le message d’une réunion pour une personne qui était absente…
Baruc reçoit alors l’ordre de prendre le rouleau et de venir le lire devant les princes. C’est à leur tour d’être effrayés. Jérusalem avait déjà été prise une première fois par Nebucadnetsar (24. 1), ce qui rendait la lecture plus frappante encore. Ils se regardent l’un l’autre. Tout ceci semble si nouveau pour eux ! On pourrait d’ailleurs s’étonner de leur réaction, si on n’avait pas à l’esprit combien la Parole écrite, inspirée de Dieu2 Timothée 3. 16, porte en elle-même une puissance combien plus forte qu’un message oral – fût-il celui d’un évangéliste éloquent.
Ces prophéties étaient si opposées aux espérances du roi, que les princes décident de lui en parler. Mais connaissant la manière d’agir du monarque, ils recommandent avec sollicitude à Baruc : “Va, cache-toi, toi et Jérémie ; et que personne ne sache où vous êtes” (verset 19).
Le roi envoie chercher le rouleau. Le message devait concerner le jugement imminent, tel qu’il était décrit au chapitre 25 (comp. 25. 1 et 36. 1 ; 25. 9 et 36. 29). Mais Jehoïakim n’écoute que la lecture des trois ou quatre premières colonnes. A la différence de Josias, son père plein de piété2 Rois 22. 1, 2 ; 23. 25, Jehoïakim n’avait aucun intérêt pour un réveil spirituel. Poussé par le Destructeur, dans une scène qui ne manque pas de solennité, il prend le canif du scribe et coupe le rouleau. Pour s’assurer de sa destruction – du moins le croit-il – il le jette au feu, dans le brasier qui brûle devant lui (versets 22, 23). C’était sa manière – une manière insensée – de se débarrasser du jugement qui le menaçait, de refuser la “correction” que Dieu lui donnaitPsaume 50. 17.
Remarquons que trois de ses serviteurs – des princes – dont le nom est soigneusement conservé par le Saint Esprit, avaient vainement intercédé pour qu’il n’en fasse rien. Eux, au moins, avaient quelque révérence pour la parole de Dieu. Au sujet des autres personnes présentes, il est écrit qu’ils “ne craignirent pas, et ne déchirèrent pas leurs vêtements” (verset 24).
Jehoïakim, dans sa rage, donne l’ordre d’arrêter Baruc et Jérémie. Comme Achab, à l’égard de Michée, il aurait pu dire : “Je le hais, car il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal” 1 Rois 22. 8. “Mais l’Éternel les cacha” (verset 26 ; 1. 19) Psaume 31. 21.
D’autres ont maintes fois agi comme Jehoïakim, qui fut le premier, d’après la Parole, à chercher à la détruire. Aujourd’hui, on l’attaque de manière plus insidieuse, en cherchant à la tronquer ou à la mettre en doute. Le même pouvoir des ténèbres est toujours à l’œuvre pour mutiler la parole de Dieu et s’attaquer en particulier à “la doctrine du Christ” 2 Jean 9.
C’est en vain que les incrédules cherchent à résister à Dieu. Pas une de ses paroles ne tombera en terreMatthieu 5. 18, 19. Satan s’est trompé lui-même en poussant le roi à détruire le rouleau. Jérémie doit prendre un autre rouleau, et Dieu lui dicte les mêmes parolesExode 34. 1 et y ajoute “plusieurs paroles semblables” (verset 32).
A Jehoïakim, il envoie un message : “Tu as brûlé ce rouleau, en disant : Pourquoi y as-tu écrit, disant : Le roi de Babylone viendra certainement, et il détruira ce pays… C’est pourquoi… il n’aura personne qui s’asseye sur le trône de David” (versets 29, 30). La rébellion ouverte aggrave encore le jugement prononcé. Ce fait nous rappelle la “punition combien plus sévère” dont sera “jugé digne celui qui a… outragé l’Esprit de grâce” Hébreux 10. 29, ou encore cette parole : “Qui méprise la parole sera lié par elle” Proverbes 13. 13.
La fin misérable de ce méchant roi est annoncée (22. 18, 19). Ses serviteurs aussi seront jugés pour leur iniquité… parce qu’ils “n’ont point écouté” (verset 31).
Entre la fin du chapitre 36 et le suivant, il s’écoule dix-huit ans que l’Esprit de Dieu passe volontairement sous silence pour montrer que Jehoïakim disparaît de la scène après son crime orgueilleux et impie et que la parole de Dieu s’accomplit. Elle demeure éternellement1 Pierre 1. 24-25 ; Actes 12. 23.