Les Récabites étaient des Kéniens, de la famille de Jéthro, beau-père de Moïse, et ils étaient comptés parmi les enfants d’Israël1 Chroniques 2. 55 ; Juges 1. 16. Récab paraît être un descendant de Caleb, et Jonadab, son fils, avait montré sa droiture de cœur en 2 Rois 10. 15. Mais – faut-il le rappeler ? – la fidélité des parents n’est pas une sauvegarde pour les enfants. Ils doivent, à leur tour, être manifestés fidèles par l’épreuve.
Venus avec Israël en Canaan, ils restaient nomades au désert (comme les bédouins) pour garder leur indépendance et pour se préserver de la corruption qui avait tout envahi, particulièrement les villes. Mais, sous l’effet de la menace babylonienne, on les retrouve durant le règne de Jéhoïakim à Jérusalem (verset 11), habitant dans une seule maison, semble-t-il (verset 2), ce qui indique deux choses :
Jérémie obéit à la parole de l’Éternel ; il les invite à entrer dans la maison de l’Éternel et leur verse du vin (verset 2), les invitant à le boire (verset 5). Ils ont, semble-t-il, été contraints par les circonstances de ne pas suivre – pour un temps, n’en doutons pas – le commandement touchant leur habitation ; vont-ils volontairement délaisser celui-ci ? Mais ils refusent énergiquement, en disant : “Nous ne boirons point de vin ; car Jonadab, fils de Récab, notre père, nous a commandé, disant : Vous ne boirez point de vin, ni vous, ni vos fils, à toujours”. Ils font comme DanielDaniel 1. 8. Leur joie, comme la nôtre, n’est pas tirée de ce monde… Ils portent, partiellement il est vrai, le caractère du nazaréatNombres 6.
Ils ajoutent qu’ils ne devaient pas :
La lecture attentive de ce chapitre nous montre la leçon qui se dégage de leur fidélité au commandement de leur père. Ils ne se laissent pas impressionner par les circonstances suivantes :
Toutes ces excuses faciles ne nous sont-elles pas si tristement familières ?
Ces hommes veulent simplement rester fidèles au commandement de leur père Jonadab, qui leur “a commandé” (expression répétée plusieurs fois). Observons, d’ailleurs, que Jérémie ne leur a pas donné de commandement, mais qu’il les a simplement invités à boire.
Le contraste est établi entre les fils de Récab qui ont écouté leur père (versets 8, 10, 14, 18) et les fils d’Israël qui n’ont pas écouté leur Dieu. Ce reproche est répété ici aussi à quatre reprises (versets 14, 15, 16, 17) 1. Les fils de Récab avaient écouté la voix d’un homme, leur père ; et nous, écoutons-nous celle de notre Dieu et Père ?
Pourtant, le Seigneur avait donné des ordres à son peuple, les leur inculquant et les leur renouvelant de toutes manières, pour les engager à l’obéissance : “Je vous ai envoyé tous mes serviteurs les prophètes, me levant de bonne heure” (verset 15) 2 Pierre 1. 12, 13.
Dieu aime et récompense l’obéissance des siens. Aux fils de Récab, scrupuleusement respectueux du commandement de leur père, au milieu de la corruption générale, l’Éternel fait une précieuse promesse : “Jonadab, fils de Récab, ne manquera jamais d’un homme qui se tienne devant moi” (verset 19). Promesse de bénédiction durable qui va plus loin que celle qui sera donnée à un Ebed-Mélec ou un Baruc : recevoir leur “vie pour butin” (39. 18 ; 45. 5). Cette promesse nous rappelle celle d’Éphésiens 6. 1-3, qui est liée, elle aussi, à l’obéissance aux parents : “… afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre”.
Ce chapitre nous montre que, si la désobéissance conduit à la ruine, l’obéissance est le gage de la prospérité spirituelle.
Les chapitres 35 et 36 rapportent des faits qui ont eu lieu sous Jéhoïakim, douze à quinze ans avant les scènes décrites aux chapitres 34 et 37.
Certains critiques font des commentaires malveillants sur la structure du livre de Jérémie, qu’ils jugent sans ordre. Mais, dans le fait que le prophète passe facilement d’une période historique à une autre, nous admirons plutôt la marque du Saint Esprit dans l’ordre qu’il imprime au récit de ces événements. D’un point de vue moral, il est tout à fait convenable qu’une telle narration – qui s’est déroulée devant plusieurs témoins (versets 3, 4) – soit donnée à la suite du chapitre 34, qui relate comment le peuple d’Israël est revenu en arrière en rompant l’alliance qu’il avait faite devant Dieu.