Si le chef des échansons ne s’est pas souvenu de Joseph, Dieu, lui, ne l’a pas oublié : Joseph va passer sans transition de la fosse humiliante à la place suprême. Le Pharaon vient maintenant sur le devant de la scène ; il aura le privilège de connaître JosephExode 1. 8, et la révélation des pensées de Dieu par son intermédiaire.
Les songes du Pharaon le troublent ; il sent que Dieu lui parle, mais il est incapable de comprendre le sens de la vision. Ainsi en est-il pour le monde aujourd’hui ; les hommes sont tourmentés et anxieux, ils s’inquiètent à juste titre de l’avenir. Mais les sages de ce monde n’ont point de vraie réponse à donner, car ils ne possèdent pas la clef de la parole prophétique.
La sagesse de l’Égypte était renommée en ce temps-là, et elle le sera longtemps1 Rois 5. 10. Les devins de l’Égypte étaient puissants, mais leur sagesse et leur puissance sont annulées ici devant Joseph, comme elles le seront plus tard devant Moïse. Il faut que la sagesse du monde soit réduite à néant, car elle est folie devant Dieu1 Corinthiens 1. 19, 20 ; 3. 19, 20. Le domaine de la foi et des révélations divines lui sera toujours fermé.
Les visions du Pharaon, les vaches et les épis, étaient du domaine de la nature ; Dieu parlait clairement, mais lui seul pouvait donner l’interprétation. Il en avait été de même pour les officiers du roi au chapitre précédent. Aussi est-ce cet échanson gracié qui va prendre la parole : “Je rappelle aujourd’hui mes fautes” (verset 9). Il doit certainement lui en coûter : en présentant Joseph, il lui faut avouer ses fautes passées, et rappeler le lieu où il a rencontré le messager de Dieu.
Joseph est donc appelé hors de la tour, non point, comme il l’espérait, par la reconnaissance de son innocence et l’intervention d’un homme du monde, mais par la puissance de la grâce divine venant délivrer son serviteur. Une fois de plus la scène change ; le prisonnier disparaît (verset 14), mais Joseph reste le même, humble, dépendant (verset 16) et certain de pouvoir compter sur la lumière de Dieu. Il va délivrer un message de paix, capable de calmer le trouble de ce monarque (versets 8, 16). Dieu donnera la réponse, dit Joseph ; il est celui “qui révèle les secrets” Daniel 2. 28.
Le Pharaon a fait deux songes successifs, mais de même signification, dit Joseph, ce qui souligne l’importance et l’imminence d’une décision arrêtée par Dieu. Sept vaches belles et grasses sont dévorées par sept vaches laides et maigres, et sept épis gras et pleins sont absorbés par sept épis pauvres et brûlés. Joseph en donne la claire interprétation au Pharaon : sept années d’abondance seront suivies de sept années de famine intense qui feront oublier les précédentes. Par une sagesse enseignée de Dieu, Joseph va au-delà de l’interprétation demandée et donne des conseils éclairés pour ces années à venir.
Nous pouvons en tirer un enseignement prophétique. Dieu agit selon son propos souverain. Personne ne peut arrêter sa main et lui dire : “Que fais-tu” ? Daniel 4. 32. C’est lui qui a appelé la famine sur la terre du temps de Joseph, et “brisé le bâton du pain” Psaume 105. 16. En figure (verset 44), notre chapitre montre que le conseil de Dieu est de “réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, pour l’administration de la plénitude des temps” Éphésiens 1. 9, 10. Dieu se hâte d’arrêter les dispositions de ce décret déterminé (verset 32) Psaume 2. 7 en préparant “les choses qui doivent arriver bientôt”.
Le temps de “la surabondante grâce de Dieu” 2 Corinthiens 9. 14 (figuré par les sept années d’abondance) sera subitement suivi d’un temps d’épreuve “qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre” Apocalypse 3. 10. A la fin de ce temps de jugements, celui que Dieu a fait “Seigneur et Christ” apparaîtra dans son exaltation.
Le Pharaon est convaincu de la sagesse divine de Joseph, porteur de la parole de Dieu. Il ne conteste pas cette dernière, ni ne cherche à l’interpréter à sa manière ; il la croit, pour son propre salut, celui de son pays et de toute la terre.
A partir du verset 39, il va être une figure de l’autorité suprême établie au-dessus de celle de Joseph. Il lui donne le gouvernement de sa maison (verset 40) non pas comme serviteur, mais comme “seigneur sur sa maison” Psaume 105. 21.
Joseph, en quittant la tenue du prisonnier, avait endossé les vêtements du service. Le Pharaon le revêt maintenant d’une parure royale avec les prérogatives de cette dignité. Notre Seigneur a été “dépouillé de ses vêtements” par les hommes, mais tous ses vêtements sont maintenant myrrhe, aloès et casse, dans les palais d’ivoire où il est entré, et d’où il sortira bientôt dans sa magnificence en menant en avant son char (versets 42, 43) Psaume 45. 5, 9.
La Parole tout entière – les livres de Moïse, les prophètes, les Psaumes – nous entretient “des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient” 1 Pierre 1. 11 ; Luc 24. 26. Lui-même pourra sans doute commencer par le récit de Joseph pour expliquer aux disciples d’Emmaüs émerveillés “les choses qui le regardent”.
Au verset 43, Joseph connaît le jour de son triomphe. Dans le temps à venir, Abrec (qu’on s’agenouille !) sera le mot d’ordre universel. Au nom de Jésus, tout genou se ploieran. Le Père qui l’aime a déjà mis toutes choses entre ses mains, et bientôt tout lui sera soumis sur la terre entière (verset 44).
Au faîte de sa gloire, Joseph reçoit de la main du Pharaon une épouse hors de sa parenté, avant qu’il soit reconnu de ses frères. De même, le Seigneur se présentera bientôt son épouse, l’Église bien-aimée, avant la reprise de ses relations avec Israël.
Deux fils naissent de l’union de Joseph avec Asnath avant les années de famine, avant que ses frères ne viennent à lui. La famille actuelle que le Seigneur va bientôt présenter au PèreHébreux 2. 13, est composée de ceux qui étaient loin, mais qui ont été “approchés par le sang du Christ” Éphésiens 2. 13, dans le temps de la riche et abondante grâce de Dieu.
Les années d’abondance, au cours desquelles Joseph rassemble les vivres dans les “lieux de dépôts”, passent rapidement. Mais les Égyptiens n’ont pas eu, semble-t-il, cette même diligence pour mettre de côté le surplus de leur abondante récolte ; ils crient bientôt famine.
Jeunes croyants, c’est à votre âge que la mémoire retient le mieux la Parole, cette bonne nourriture que Dieu vous donne en abondance, pour faire vivre vos âmes et les édifier. Dans les moments de besoin, de solitude ou de découragement, vous ne serez pas démunis, si vous avez pris soin d’engranger dans un temps favorable. Au jour de l’épreuve, vous ne manquerez ni de force ni de joie.
Puis la famine sévit dans tous les pays (verset 54). Le Pharaon indique aux Égyptiens la voie du salut : “Allez à Joseph” ! De même aujourd’hui la voix du Sauveur se fait encore entendre pour tous ceux qui ont faim : “Venez à moi, vous tous” ! Matthieu 11. 28. Il est le pain qui donne la vie éternelleJean 6. 51.