Les messagers célestes parviennent à Sodome le soir du même jour. Ils ont quitté un lieu hospitalier sur la montagne près de la tente de l’homme de foi ; ils vont passer une nuit effrayante dans cette ville méchante et corrompue. Ils trouvent Lot assis à la porte, où se tiennent les hommes influents. En réalité, aux yeux de Dieu, il s’est assis au siège des moqueurs et participe au conseil des méchantsPsaume 1. 1.
Le monde offre souvent aux croyants déchus de leur position de séparation, des places d’honneur et de responsabilité. Il reconnaît qu’ils peuvent avoir une heureuse influence par leur honnêteté et leur moralité. Mais il ne saurait accepter que, par son attitude, le croyant rende témoignage contre lui et condamne sa façon d’agir. Un tel homme mêlé au monde n’est plus le sel de la terre ; il a perdu sa saveur, donc sa raison d’être dans ce mondeMatthieu 5. 13.
Nous avons suivi Lot dans sa descente irrésistible ; il a choisi la plaine (13. 11), pour y prospérer à l’aise, mais il s’est “égaré de la foi” 1 Timothée 6. 10. En dressant ses tentes jusqu’à Sodome, il n’a pas le désir positif d’y habiter, mais il se trouve insidieusement lié à ces méchants hommes.
Puis il habite dans Sodome (14. 12), et reçoit un sévère avertissement dont il n’a pas la force de tenir compte : “Dieu parle une fois et deux fois – et l’on n’y prend pas garde –” Job 33. 14. L’ennemi serre bien sa proie, et Lot va vivre dans les tourments de son âme sans répit2 Pierre 2. 8 : c’est le terrible prix du naufrage de sa foi.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Si quelqu’un, connaissant le Seigneur, “s’écarte de la foi” et s’installe dans un monde qui va au-devant du jugement comme aux jours de LotLuc 17. 28-30, il ne peut qu’être tourmenté. On ne trouve le repos de l’âme que près de JésusMatthieu 11. 29.
Les anges de Dieu trouvent donc Lot au siège des juges (versets 1, 9) mais sans efficacité possible. Il a cependant assez de vision spirituelle pour reconnaître dans ces visiteurs du soir des messagers de l’Éternel devant lesquels il convient de se prosterner. Il sait ouvrir son cœur et sa maison pour exercer une hospitalité sans réserve. Il les presse d’entrer, afin qu’ils ne passent pas la nuit sur la place. Il sait aussi les rafraîchir, leur offrir un menu de choix, et des pains sans levain, ce qui convient de la part d’un homme juste pour ces envoyés célestes. Cependant il doit être repris dans sa conscience quand ces hommes marquent une nette réserve à entrer chez un croyant mondain, avec lequel ils n’ont pas de communion. De fait ils n’entreront que pour le protéger et le délivrer.
Lot paraît bien seul dans le service de l’hospitalité ; sa femme n’apparaît en aucune manière, à la différence de Sara précédemment ; ses filles non plus. Quelle pauvre maison ! On ne peut que penser à tel foyer chrétien où le chef de famille n’a pas su maintenir la flamme, et se retrouve bien seul pour maintenir une lumière qui va s’éteignant par sa propre faute !
Le verset 5 nous dévoile pleinement “la conduite débauchée de ces hommes pervers” 2 Pierre 2. 7-10. Il n’en manque pas un à l’appel du mal : “Ils annoncent leur péché ; ils ne le cachent pas” Ésaïe 3. 9. Nous comprenons que le cri de leur iniquité soit monté jusqu’aux cieux (18. 21 ; 19. 13) ; et Dieu se doit de réserver un jugement spécial à ces dépravés, comme à ceux qui “suivent la chair dans la convoitise de l’impureté”.
Le peuple de Dieu est appelé à sortir du milieu de l’impureté du monde2 Corinthiens 7. 1, non pas dans l’esprit d’un pharisaïsme hautain, mais dans la puissance morale de la grâce. Israël ne voudra pas le faire, et sera contaminé à l’image de SodomeJuges 19. 22-24. De même le monde païen, puis le monde christianisé, s’embraseront dans des “passions infâmes” Romains 1. 26-28 ; Jude 7, dans l’homosexualité et autres pratiques perverses.
Cependant d’autres motifs ont encore appelé le jugement sur Sodome. Le prophète Ézéchiel (16. 49) nous parle de son orgueil, de “l’abondance de pain” (“je n’ai besoin de rien” Apocalypse 3. 17), de “l’insouciant reposÉzéchiel 16. 49”. Le Seigneur Jésus lui-mêmeLuc 17. 28-30, sans mettre en avant la débauche de cette ville, insistera sur ce dernier caractère pour justifier sa destruction. Ces gens des villes de la plaine, comme au temps de Noé, sont parfaitement indifférents aux avertissements divins (verset 14). Ils ont d’autres préoccupations et d’autres intérêts. Tout est pour la terre ; mais cette terre sera brûlée entièrement.
Le Seigneur donne ainsi un tableau exact du monde d’aujourd’hui, et prédit qu’il mûrit de cette manière pour le jour du jugement, quand le fils de l’homme sera manifesté. Séparons-nous donc du monde “de maintenant” et vivons dans l’esprit “du monde habité à venir” Hébreux 2. 5 dont nous entretient l’Esprit Saint.
Lot (verset 6) s’adresse à ces impies en les appelant “mes frères” ; s’il avait cru pouvoir améliorer la conduite de ces hommes pervers par son influence et ses conseils, et par des rapports de familiarité, il peut constater maintenant la vanité de ses efforts et le gaspillage de sa vie. On sent que ces gens méprisables avaient supporté cet homme juste, aussi longtemps qu’il pouvait leur être utile et qu’il ne se mêlait pas de leurs iniquités. Lot avait soigneusement évité l’opprobre ; mais sa conscience le jugeait continuellement. De plus, l’odieuse proposition qu’il leur fait quant à ses filles montre qu’il est prêt à tous les renoncements dans cette situation dramatique ; que ceci est misérable !
Il semble avoir reconnu la seigneurie des visiteurs du soir, mais n’a en rien soupçonné la puissance qui leur était confiée. Cependant la miséricorde divine s’exerce pour sa protection et sa délivrance. Elle veut même s’étendre à toute sa famille pour, si faire se peut, les sauver tous, mais cela ne sera pas possible.
Lot a des gendres incrédules, vrais enfants de Sodome, et des filles indissolublement unies à ce monde-là. Il les presse de sortir de ce lieu qui va être détruit ; mais comment peuvent-ils croire à une parole qui leur paraît aussi insensée ? Ils sont parfaitement à l’aise dans cette ville ; ils y ont leurs intérêts et y trouvent leurs plaisirs ; la corruption ne les gêne pas ; et selon les apparences, rien ne laisse augurer d’un changement quelconque. De plus, comment recevoir de la bouche de Lot une parole qui est en contradiction si évidente avec sa position de notable dans ce lieu ? Enfin il leur semble que Lot se moque, qu’il plaisante. Avait-il pour habitude de parler légèrement dans le particulier ? Il n’est guère possible de participer à la vie du monde sans prendre quelque peu ses habitudes de pensée et de langage, et sans perdre dans une certaine mesure le sérieux et la gravité qui conviennent à des saints. Et nous-mêmes, comment nous exprimons-nous devant nos enfants ? Quelle atmosphère respirent-ils dans nos maisons ? Désirons-nous arracher hors du feu ceux qui nous sont chers ? Alors vivons près du Seigneur et parlons un langage bienséant.
Lot tarde à obéir à l’injonction des anges. La pensée de laisser irrémédiablement une partie de sa famille sous le
Hélas, le cœur de sa femme reste attaché à Sodome, et à ses enfants qui s’y trouvent encore ; elle ne peut pas croire que Dieu va détruire la ville. Elle regarde en arrière et transgresse le commandement divin ; elle devient une statue de sel. Le Seigneur la donne comme exemple solennelLuc 17. 32 à tous ceux dont le cœur ne peut s’arracher d’un monde placé sous la sentence de jugement.
La pensée de trouver son salut sur la montagne effraie Lot maintenant. Un lieu béni pour Abraham est pour Lot un lieu qui le remplit de peur, comme si le mal pouvait l’atteindre dans le refuge que l’Éternel lui désigne. Une petite ville, un petit lambeau du monde, lui paraît plus accessible et plus sûr. Il lui faudra plus tard se réfugier dans la montagne après avoir reconnu que le monde est le même partout. Mais la montagne de Lot, ce seront les monts de Moab, séparés de la montagne d’Abraham et du pays de la promesse par l’irrémédiable désolation de Sodome et de la plaine jugée.
La fin du chapitre nous fait frissonner : dans quel désordre la maison de Lot avait-elle vécu, pour que des filles pourtant conservées vierges en arrivent à pareille extrémité ? Elles perpétuent la corruption de Sodome, malgré le châtiment tombé sur leur mère et sur leurs sœurs. Elles enivrent leur père ; elles savaient sans doute pouvoir y parvenir ; y avait-il eu un précédent ? En vérité, quand la mondanité entre de plain-pied dans la maison d’un croyant, personne ne peut prévoir jusqu’à quel point s’en manifesteront les effets.
Deux peuplades, Moab et Ammon, naîtront de ces comportements incestueux ; elles en sont marquées à toujours. Leur territoire devra être respecté par IsraëlDeutéronome 2. 9, 19, 37, peut-être à cause de leur lointaine parenté, mais le peuple de Dieu devra reconnaître leur origine, accepter leur inimitié, et redouter la séduction de ces nations condamnéesNombres 24. 17 ; 25. 1.