L’ordonnance concernant la remise des dettes, ainsi que toute libération des esclaves, va à l’encontre des sentiments naturels du cœur humain. De nombreux arguments risquaient d’être avancés pour passer outre à cette ordonnance. Il était donc nécessaire de préciser plusieurs points particuliers en réponse aux divers cas pouvant se présenter.
Le début du verset 4 peut être traduit : “en fait, il n’y aura pas de pauvre au milieu de toi”. Dieu prévoyait que si chacun avait soin de son propre héritage en accomplissant son devoir, écoutant attentivement la voix de l’Éternel (verset 5), il n’y aurait pas de pauvres dans l’obligation d’emprunter. Et d’autre part, aucun Israélite ne serait appauvri en remettant la dette l’année de relâche. Mais connaissant le cœur de l’homme et comment son peuple se comporterait, Dieu dit un peu plus loin : “Le pauvre ne manquera pas au milieu du pays” (verset 11).
Les bénédictions promises sous condition d’obéissance, étaient si abondantes qu’Israël aurait plutôt prêté aux autres nations et aurait dominé sur elles (verset 6). Son histoire, malheureusement, fut bien différente : Israël, devenu infidèle, fut opprimé et persécuté au cours des siècles comme aucun autre peuple. Mais il se relèvera, après s’être repenti, et Dieu en fera le centre du gouvernement du monde, une nation élue à laquelle les étrangers apporteront leurs dons et les rois de la terre leur gloireApocalypse 21. 24.
En face du besoin d’un frère qui demandait de l’aide, le cœur du créancier pouvait s’endurcir et sa main se fermer. La septième année (celle de la relâche) approchait ; le prêt devrait être abandonné définitivement au débiteur. Quelle perte pour le créancier (verset 9) ! Cette mauvaise pensée est appelée une “pensée de Bélial”, c’est-à-dire une pensée suggérée par Satan. Elle conduirait à être impitoyable envers le frère dans le besoin, à commettre un véritable péché1 Samuel 25. 11, 25. Le frère pauvre pourrait alors crier à l’Éternel qui le vengerait certainement en prenant sa défense, car il est écrit : “Celui qui ferme son oreille au cri du pauvre, criera lui aussi, et on ne lui répondra pas” Proverbes 21. 13. C’est pourquoi Dieu dit : “Tu lui donneras libéralement, et ton cœur ne sera pas triste quand tu lui donneras ; car à cause de cela l’Éternel, ton Dieu, te bénira dans toute ton œuvre” (verset 10).
Aujourd’hui aussi, Dieu aime un donateur joyeux, qui ne donne ni à regret, ni par contrainte. Dieu a des bénédictions en réserve pour lui, car il n’est jamais le débiteur de personne : “Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce envers vous… étant de toute manière enrichis” 2 Corinthiens 9. 7, 8, 11. Salomon écrivait aussi : “Qui donne au pauvre ne manquera de rien, mais qui détourne les yeux sera comblé de malédictions” Proverbes 28. 27. Nous devons faire face à nos obligations, non seulement pour n’être à charge à personne, mais au contraire, pour pouvoir venir en aide à d’autres1 Thessaloniciens 4. 11, 12 ; Galates 6. 10.
Chaque septième année il y avait aussi l’obligation de rendre la liberté aux Hébreux qui avaient été achetés comme esclaves. Ils ne devaient pas être renvoyés à vide (verset 13), mais plutôt avec du bétail et d’autres biens pour qu’ils puissent se refaire une situation en vivant librement de leur propre travail. Si cela pouvait paraître onéreux, le maître devait se souvenir de l’esclavage du peuple en Égypte (verset 15) et penser que six ans de travail gratuit lui avaient été doublement bénéfiques (verset 18).
Un serviteur pouvait s’être profondément attaché à son maître et à sa maison et refuser de s’en aller libre. Alors, en un tel cas, le maître devait percer l’oreille de ce serviteur avec un poinçon contre le poteau de la porte, et celui-ci devenait serviteur jusqu’à la fin de sa vie. Une servante aussi (verset 17) pouvait être dans ce même cas, aimant son maître et se trouvant bien chez lui (verset 16).
C’est une belle figure du Seigneur Jésus qui, par amour pour Dieu et pour les siens, a accepté d’être le “serviteur de l’Éternel” Ésaïe 42. 1 ; 49. 5. Il est venu parmi nous, non pas “pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs” Matthieu 20. 28. Il a servi jusqu’à la mort et a été “percé” par amour pour nous, étant cloué sur la croix. Maintenant encore, dans le ciel, le Seigneur s’occupe de nous, étant toujours vivant pour intercéder pour les siensHébreux 7. 25.
“Tu sanctifieras à l’Éternel, ton Dieu, tout premier-né mâle qui naîtra” (verset 19). Cette ordonnance se réfère au bétail seulement ; la même règle aurait dû s’appliquer également aux enfantsExode 13. 2, mais les Lévites les avaient remplacésNombres 8. 17, 18. Les premiers-nés de certains animaux devaient être sacrifiés et mangés par toute la famille, chaque année, dans la présence de l’Éternel, au lieu qu’il aurait choisi (verset 20). Pour être sacrifiés à l’Éternel, ces animaux ne devaient avoir aucun défaut corporel et ne pas avoir été utilisés pour un travail quelconque. Les agneaux ne devaient pas être tondus (verset 19).
Le Seigneur Jésus est appelé “Premier-né” 1 dans plusieurs passagesColossiens 1. 15, 18 ; Hébreux 1. 6 ; il a la prééminence sur toutes choses. Ces sacrifices des premiers-nés du bétail préfiguraient Christ, homme parfait, sans péché dans sa nature et dans sa vie, et non assujetti à ses conséquences : il n’a jamais porté le joug (verset 19). C’est ainsi qu’il a pu s’offrir “lui-même à Dieu sans tache” Hébreux 9. 14.