L’Éternel allait faire entrer son peuple dans un pays riche et prospère. Mais chaque Israélite devait alors user de diligence dans le travail de la terre et le soin des troupeaux pour en tirer le meilleur rapport. Conscient de l’abondance de ces revenus, il en manifestait sa reconnaissance à l’Éternel en lui présentant chaque année la dîme (le dixième) dans le lieu choisi par lui pour y faire habiter son nom. Il devait s’en nourrir devant lui dans un esprit de communion, avec actions de grâces et joie. L’éloignement ne constituait pas un empêchement. Si les animaux ou les récoltes ne pouvaient être transportés, l’Israélite pouvait les échanger contre de l’argent, et il avait la possibilité d’acheter, dans le lieu choisi par l’Éternel, tout ce qu’il désirait pour en jouir dans la présence de son Dieu (versets 24-26).
Nous avons aussi dans le temps actuel un lieu choisi par le Seigneur, où les siens sont assemblés en son nomMatthieu 18. 20. Chaque croyant est invité à s’y rendre régulièrement, au temps fixé, pour présenter l’adoration ou pour recevoir l’enseignement de la Parole. Là, tous les fidèles jouissent ensemble de l’excellence des richesses spirituelles que chacun a pu récolter dans sa communion personnelle avec le Seigneur. La meilleure part revient à Dieu, et tout est partagé par ceux qui sont réunis autour de Jésus.
Tous les trois ans, un autre dixième de la récolte devait être placé “dans tes portes” à la disposition des plus démunis (verset 28). L’Israélite partageait ainsi les produits de son héritage avec ceux que l’Éternel portait particulièrement sur son cœur :
Les orphelins et les veuves n’avaient pas de moyens de subsistance ; mais la loi de Moïse, outre l’amour pour Dieu, enseignait aussi l’amour pour le prochain ; c’était les deux grands commandementsMatthieu 22. 37-39. Il fallait donc pourvoir avec libéralité à leurs besoins ; Dieu accorderait de riches bénédictions en retour (verset 29).
Le Seigneur avait compassion des foules, brebis dispersées et sans berger. Le même sentiment doit nous animer, si nous nous souvenons qu’avant de connaître le Seigneur nous étions misérables et que seule la grâce de Dieu nous a arrachés des ténèbres et transportés dans sa merveilleuse lumière. “Ainsi donc, comme nous en avons l’occasion, faisons du bien à tous” Galates 6. 10. Tout ce que nous avons nous est donné par Dieu pour que nous en jouissions avec reconnaissance, mais aussi sans égoïsme.
La dîme n’est plus une ordonnance pour le chrétien, mais il lui reste le devoir moral de faire bénéficier autrui des biens que Dieu lui donne. La bienfaisance nous est enjointe, de même qu’une contribution financière aux besoins des serviteurs de DieuHébreux 13. 16 ; Galates 6. 6 ; mais aussi “de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction”, ce qui est estimé comme “le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père” Jacques 1. 27.
“Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce envers vous, afin que… vous abondiez pour toute bonne œuvre” 2 Corinthiens 9. 8.
L’ordonnance qui ouvre le chapitre 15 ne serait pas acceptée par tous aujourd’hui. Peut-être que même alors, elle ne plaisait guère, car l’être humain a toujours été égoïste, attaché à ses biens, habile à exploiter son prochain et prêt à profiter de chaque occasion pour s’enrichir. Mais Dieu, connaissant le cœur de son peuple, avait établi une loi qui engageait à l’altruisme, à la miséricorde, à la compassion pour les pauvres et les déshérités. Ce “relâche” consistait donc en la remise, tous les sept ans, des dettes contractées. Il était appelé “le relâche de l’Éternel” ou selon d’autres traductions “en honneur de l’Éternel”, parce qu’un tel acte était à la gloire de Dieu et devait être accompli dans ce but. Il symbolisait ce que la grâce de Dieu accomplirait par Jésus Christ. Le débiteur pouvait ne pas mériter l’annulation de sa dette ou être en mesure de restituer le prêt : peu importait ; il profitait de cette disposition de la loi. L’année de la relâche était en honneur de l’Éternel.
Nous avons connu l’amour de Dieu, “car Christ, alors que nous étions encore sans force… est mort pour des impies” Romains 5. 6. Et maintenant, par la foi, nous pouvons accomplir des œuvres dignes de celui qui nous a aimés, et non pas dire : “Allez en paix” … à un frère ou une sœur manquant de nourriture, sans donner les choses nécessaires à leur subsistanceJacques 2. 15, 16.
La grâce de Dieu est offerte à tous, sans limites et sans distinction de peuple ou de rang social. Elle doit donc se refléter dans notre comportement envers autrui : “Donne à qui te demande et ne te retire pas de qui veut emprunter de toi… en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux” Matthieu 5. 42, 45.
Mais alors, dira quelqu’un, devons-nous prêter à tous sans intérêt ? Devons-nous remettre les dettes de tous ? Quand il est parlé de prêter, il est toujours question des pauvres privés du nécessaire, de ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir ou se couvrir. Dans ces cas-là, il est certain que l’on doit donner d’un cœur généreux, sans aucune pensée d’en retirer un gain quelconque. Donner, ce n’est pas pour que d’autres soient à leur aise et soi-même dans le besoin, mais “sur un principe d’égalité”, c’est donner en raison de ce que l’on a2 Corinthiens 8. 12, 13. Le frère ou l’ami démunis seront aidés et non exploités. Dans les autres cas, le Seigneur nous accordera le discernement nécessaire pour agir avec amour et sagesse. Ayons le geste qui convient afin de ne pas humilier ceux à qui nous donnons. Une autre loi est valable pour tous : “Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres” Romains 13. 8.