Le voyage va bientôt s’achever. Les passagers sont embarqués sur un bateau portant l’emblème des “Dioscures”, deux demi-dieux des Grecs et des Romains (Castor et Pollux). On les considérait comme les protecteurs particuliers des marins en détresse. Protection bien illusoire ! Que d’objets sont encore portés aujourd’hui comme amulettes ou “porte-bonheur” !
Après une halte de trois jours à Syracuse en Sicile, le bateau atteint Rhegium à l’extrémité de la botte italienne, puis Pouzzoles dans la baie de Naples. Là, les frères prient Paul de demeurer avec eux une semaine. Un chrétien n’est jamais seul. Julius, qui a appris à connaître l’apôtre, lui accorde maintenant tout ce qu’il lui demande. De Pouzzoles, le convoi gagne Rome à pied.
Paul est encouragé quand il rencontre deux délégations de frères de Rome. Ils viennent au-devant de lui et de ses compagnons pour les accueillir. Paul en rend grâces. La reconnaissance est un sûr moyen pour prendre courage1 Corinthiens 15. 57.
Les frères n’ont pas honte des chaînes de l’apôtre. On peut comprendre la douleur de l’apôtre quand plus tard ils l’abandonneront2 Timothée 1. 16 ; 4. 16.
Malgré les circonstances exceptionnellement difficiles et tragiques, Dieu mène Paul en triomphe et permet qu’il répande partout, comme un parfum, la connaissance de Christ2 Corinthiens 2. 14. Le mot grec “venir au-devant” était utilisé pour une délégation allant à la rencontre d’un général, d’un roi ou d’un conquérant. Que de généraux sont entrés sur un char de triomphe dans la capitale de l’empire, acclamés du peuple ! Orgueilleux tyrans, ils n’ont laissé derrière eux que mort et souffrances. Paul, lui, entre à Rome à pied et comme prisonnier mais laisse partout les marques de la grandeur de Dieu.
Les voies de Dieu sont mystérieuses. En dépit de toutes les circonstances adverses, Paul atteint la capitale sain et sauf. Protégé par la main de Dieu, il a échappé à la meute de ses ennemis qui le poursuivaient sans relâche, à la tempête, aux menaces d’une exécution sommaire, à la morsure d’un serpent.
Paul arrive à Rome1 dans des circonstances imprévues, mais pourtant, comme il l’avait annoncé, “dans la plénitude de la bénédiction de Christ” Romains 15. 29.
Comme citoyen romain, le prisonnier Paul jouit d’un régime assez favorable. Il peut demeurer dans un logement personnel. Ce logement est un véritable champ de mission. Sans parler des nombreux visiteurs que Paul a reçus, les soldats qui se relayèrent dans ce logis pour le garder à vue (trois en vingt-quatre heures selon le régime de la prison préventive militaire) entendirent parler de Jésus ChristPhilippiens 1. 13.
Paul ne peut rester oisif. Où qu’il soit, il commence par prendre contact avec les Juifs. À peine trois jours se sont-ils écoulés qu’il convoque déjà les responsables des communautés juives. L’amour de Paul pour ses frères juifs qui l’a conduit en prison ne s’est pas refroidi depuis qu’il a écrit trois ans auparavant l’épître aux RomainsRomains 9. 3. Malgré les persécutions qui l’ont amené prisonnier à Rome, Paul a conservé un ardent désir de gagner les Juifs. Inlassablement, du matin au soir, il leur expose la vérité. Son message n’a pas changé. Il parle de l’espérance d’Israël comme il l’avait fait devant Agrippa, et du royaume de Dieu, à l’endroit même où se trouvait le siège du royaume des hommes de l’époque. Paul est lié par une chaîne à un soldat. Ce n’est pas parce qu’il a commis quelque méfait. Cette chaîne est la preuve qu’il proclame Jésus Christ, l’espérance d’Israël, dont il est le prisonnier. Certains Juifs acceptent, la plupart d’entre eux refusent. Le voile demeure sur les yeux de la nation juive. Dans ce rejet, Paul voit un accomplissement de la prophétie. Il prend alors définitivement congé de son peuple en citant les paroles du prophète Ésaïe qui contiennent un jugement d’IsraëlÉsaïe 6. 9, 10 ; Matthieu 13. 14 ; Jean 12. 40. Il leur montre que le prophète avait prévu leur incrédulité.
Dès lors, Dieu donne la priorité aux nations. La porte fermée par les Juifs est une porte ouverte aux païens. Paul, le prisonnier, tenait portes ouvertes pour tous ceux qui venaient vers lui. Contrairement aux Juifs, ils viendront à Jésus ChristÉsaïe 42. 6. 7.
L’apôtre reste deux ans entiers à Rome (60-61 ap. J.-C.), le délai légal après lequel une accusation non confirmée était annulée. En écrivant aux Philippiens, il reconnaît que les circonstances qu’il traverse sont arrivées pour l’avancement de l’évangilePhilippiens 1. 12. Le ministère de Paul continue jusqu’à ce jour par les épîtres qu’il a écrites pendant ce premier emprisonnement à Rome (Colossiens, Éphésiens, Philippiens, Philémon). Luc ne dit rien de la suite de la vie de Paul. Son but n’est pas d’écrire la biographie des apôtres mais de rapporter les actes de l’Esprit Saint dont l’œuvre se poursuit sur la terre jusqu’à ce jour.
Le livre des Actes n’a pas de conclusion et se termine d’une manière abrupte, mais sur une note de triomphe. Paul prêche le royaume de Dieu, enseigne tout ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ, avec une pleine assurance et sans aucun obstacle. Puisse le Seigneur nous employer dans cette activité à sa suite !